Comme vous le savez, tous les jeudis, nous vous présentons une affiche du week-end opposant deux clubs dont la rivalité est intense. Cette semaine direction l’Asie, plus précisément la Chine pour ce match qui oppose samedi à 13 h 35 heure française, le club de la capitale le Beijing Guoan et le Shangai Shenhua. Rencontre méconnue et exotique certes, mais en l’occurrence la plus chaude de l’année dans ce pays.
Quand les deux plus grandes villes d’un pays s’affrontent, cela fait souvent des étincelles. De nombreux exemples existent dans le monde entier : Paris-Marseille, Madrid-Barcelone, Londres-Manchester etc. La Chine ne fait pas exception à la règle. Shanghai et Pékin, qui sont les deux plus grandes métropoles chinoises, ont souvent croisé chemin, que ce soit dans le cadre sportif ou dans le domaine culturel. Cette rivalité s’est propagée sur le rectangle vert en 1994 avec le lancement du championnat professionnel de football, la C-league. Même si la première saison les deux clubs ne font pas une campagne étincelante puisque Shenhua fini au pied du podium quatrième et Guoan se contente seulement de la huitième place. Lors de l’exercice suivant ce sera autre chose. Les deux clubs disposent des meilleurs joueurs du championnat et Shenhua s’adjuge le titre devant… Guoan terminant sur la deuxième marche. L’équipe de la capitale décrochera son tout premier titre la saison suivante en triomphant en Coupe de Chine. Mais c’est en 1997 que cette rivalité va passer un cap. 9-1, un score qui s’apparente à tout sauf à un score d’un match de football. Ce lourd résultat eu lieu lors d’un match du championnat de Chine, le 20 juillet 1997, où les Pékinois avaient eu le sens de l’hospitalité… L’entraîneur de l’époque, Jin Zhiyang, avait déclaré après la rencontre sur un ton chambreur « Il faudra voir si ce triomphe sensationnel pourra être réédité à l’avenir, mais je suis très fier que nous ayons établi ce record ». Avant ce match historique l’antagonisme entre les deux clubs n’avait cessé de croître, cette déculotté a fait office de véritable déclancheur. Les deux ogres jouant régulièrement les premiers rôles dans l’élite chinoise, leurs confrontations vont commencer à occuper une place de choix dans l’actualité nationale.
Du gouvernement à Guoan en passant par Hyundai
Le club de Pekin a été créé en 1951 lorsque le gouvernement décide de prendre part à la première équipe de football entièrement nationalisée avec les meilleurs joueurs de Pékin. 41 ans plus tard, suite à la réforme du football chinois, le Beijing Guoan voit le jour le 31 décembre 1992. En 2003, le club a signé un contrat de sponsoring avec Hyundai et a changé son nom pour Beijing Hyundai. Le contrat ayant pris fin au début de l’année 2006, le nom original de l’équipe a été restauré. Depuis, le club de la capitale compte dans sa galerie des trophées (sous l’ère professionnelle) un championnat et trois coupes nationales. C’est à dire deux trophées de plus que son meilleur ennemi Shanghai Shenhua qui possède quant à lui un titre de champion et une Coupe de Chine. Un chiffre qu’aime se remémorer les fans du club jaune et vert. Les supporteurs, parlons-en. Une majorité ignore comment sont organisés les groupes de supporteurs chinois et surtout que ce sont des groupes de qualités. Ceux du Beijing Guoan sont considérés comme les meilleurs du pays avec… ceux de Shangai Shenhua ! Autant vous dire que ce « clasico » chinois est explosif sur le terrain mais aussi dans les tribunes. L’organisation des fans chinois peut sembler similaire au style européen, tambours, mégaphones et chants inspirés du Vieux continent, pas de grand dépaysement sur ce point. Le changement par rapport aux enceintes européennes, c’est la démonstration partisane impressionnante, voire fanatique, que les supporteurs chinois peuvent transmettre dans tous le pays que ce soit à domicile ou à l’extérieur. Oui, car la culture du déplacement existe aussi chez les fans chinois (en dépit d’un pays immense), capables de voyager par milliers pour soutenir leurs équipes respectives. Nul doute qu’il en sera de même ce samedi au Workers Stadium (stade des ouvriers) de Pékin qui devrait afficher complet pour l’occasion et où 65.000 personnes sont attendues. Une chose est sûre, l’ambiance sera au rendez-vous.
Shanghai Shenhua, le nouveau riche
Au commencement, « Shenhua » était le nom du premier sponsor du club. L’appellation est toujours d’actualité au jour d’aujourd’hui « Shenhua » signifie « la fleur de Shanghai » (« Shen » est synonyme de Shanghai et « Hua » signifie fleur en chinois). L’équipe de « Shanghai Shenhua » a été fondée le 10 décembre 1993. C’est l’un des tout premiers clubs de football professionnels de Chine. Son appellation « Shenhua » vient du fait que le tout premier investisseur du club était une entreprise locale qui portait le même nom. A l’époque d’une Chine très communiste, ce fut vécu comme une véritable révolution de rompre avec les fonds du gouvernements pour aller chercher des fonds privés. Xu Genbao, premier président du club, voulait appliquer des techniques beaucoup plus pros et ainsi développer un projet d’un club capable de survoler le championnat. Cela arrivera en 1995, premier succès du club. Une série de 10 victoires consécutives plus tard, Shanghai est sacré champion de Chine, son premier et dernier titre de champion national. Dernier officiellement, mais pas dans le cœur des supporteurs pour qui le titre de 2003 (retiré suite au scandale des matchs truqués en Chine) leur a été volé. Contrairement à leurs ennemis, les fans de Shanghai composent deux tribunes purement ultras dans le stade de Hongkou qui accueille donc l’une des meilleures ambiances du pays, titre honorifique à partager, comme mentionné plus haut, avec leurs ennemis de Beijing Guoan. Les deux groupes principaux se nomment Blue Boys et Ultras Shanghai Shenhua. Depuis 2012, ces derniers ont pu suivre la nouvelle dimension prise par le club. Après une saison qui ne répondait pas aux attentes du président Zhu Jun, ce dernier décide de changer de politique en investissant massivement dans l’achat de joueurs et d’entraîneurs reconnus sur la scène internationale… 12 décembre 2011, Chelsea annonce le transfert de Nicolas Anelka en janvier 2012. Six jours plus tard, le 18 décembre 2011, c’est à l’entraîneur français Jean Tigana de venir découvrir le championnat chinois. Début avril de la même année, frustré par les très mauvais résultats de son club (11 ème sur 16 après cinq journées) Zhu Jun prend la responsabilité de virer trois membres du staff technique, tout en annonçant, la prise de fonction de Nicolas Anelka en tant qu’entraîneur-adjoint. Fin juin, c’est au tour de Didier Drogba de tenter l’aventure exotique. Les deux superstars quittent rapidement le navire en janvier dernier sentant peut-être le vent tourner. En effet seulement un mois après, la Fédération chinoise décide de retirer le titre de champion 2003, inflige une amende de 160 000 dollars et un handicap de 6 points pour la saison 2013-2014 après le scandale des matchs truqués.
Beijing Guoan est quatrième du championnat chinois à seulement une longueur de Guizhou Renhe, troisième. Cette troisième place est significative de qualification en Ligue des Champions asiatique et devrait se jouer entre ces deux derniers. De son côté, Shanghai Shenhua végète en milieu de tableau. Un succès chez l’ennemi de toujours pour l’empêcher d’accéder à la plus prestigieuse compétition continentale redonnerait du baume au cœur aux supporteurs. Mais en sont-ils capables ? Réponse ce samedi à 13 h 35 !