Depuis le début de saison, Cagliari n’a rien à envier aux déboires du SC Bastia en Ligue 1. Les Sardes, à l’instar des Corses, jouent leur rencontre « à domicile » sur terrain neutre ou à huis-clos. Une situation qui ne va pas changer contre la Sampdoria ce dimanche, sans que personne ne comprenne grand-chose dans cette histoire.
Cela se passe à Quartu Sant’Elena, non loin de Cagliari en Sardaigne. Le président du club rossoblù Massimo Cellino décide d’y jouer dans le Is Arena, stade d’environ 16 000 places, pour les 3 prochaines saisons. La raison ? La saison dernière, on avait déjà eu le droit à une belle pagaille sur l’aptitude de l’habituel stadio Sant’Elia à accueillir des matchs de Serie A. Pour la faire courte, malgré la fermeture de la Curva Sud et Distanti (pour des éléments de sécurité publique), le Sant’Elia de Cagliari est déclaré apte à recevoir l’équipe de la ville (même si du coup, il ne respecte pas le seuil exigé de 20000 places). Pourtant, Cellino décide quand même d’exiler son équipe en fin de saison sur le continent, à Trieste (à l’autre bout de l’Italie, dans le Frioul) refusant – en plus de querelles municipales – d’accueillir des supporters dans un stade en ruine (Cagliari ne pouvait même pas jouer de nuit, la luminosité aux alentours étant insuffisante suite à des vols de câbles).
Is Arenas, l’enceinte que les tifosi ne voient qu’à la télé
Pour sa première à Quartu Sant’Elena, Cagliari joue à huis-clos contre l’Atalanta. Un drôle de façon de commencer son histoire avec ce stade. Les travaux, menés à un rythme d’enfer, permettent en effet « d’accueillir » une rencontre dès septembre (au lieu de fin octobre-novembre prévu initialement). Il n’y avait quasiment rien à ce moment-là à part le rectangle vert. Pas de tribunes, pas de vestiaires (les joueurs sont allés dans un Palais des Sports à proximité). Vraiment rien. Contre la Roma, le président Cellino invite les tifosi à venir au stade en dépit d’un arrêté de la Commissione Provinciale di Vigilanza (sous l’égide de la préfecture de Cagliari). Résultat, match perdu sur tapis vert 0-3. On se dit que ces tristes épisodes de stade vide ne seront plus qu’un lointain souvenir lorsqu’une tribune est ouverte au public le 30 septembre contre Pescara, puis les curve (virages) début novembre. Place à une nouvelle polémique en décembre, la municipalité de Quartu Sant’Elena bloque l’autorisation de jouer dans le Is Arenas. La Lega impose alors Parme en terrain neutre, avant que le syndicat municipal ne change d’avis. Il sera trop tard pour y jouer la rencontre qui déroulera finalement à Parme. Le club a suivi les recommandations de l’Osservatorio Nazionale Sulle Manifestazioni Sportive et obtenu son feu vert mais c’est une autre instance, la Commissione Provinciale di Vigilanza qui n’entend pas autoriser la tenue des matchs. C’est le Tribunal Arbitral Régional qui tranche et parfois casse l’interdiction (comme contre Milan) ou la maintient (contre le Torino).
Reportage bidon et prison
Il faut bien avouer qu’en plus des frasques de leur président, les insulaires sont victimes d’un traitement médiatique assez particulier. Pour preuve, la chaîne Mediaset montre des images d’un circuit de karting en piteux état lors d’un reportage censé dénoncer les infrastructures inadaptées de l’Is Arenas. Peu après cet épisode, Massimo Cellino est envoyé en taule sur accusations de détournements de fonds et de déclarations frauduleuses concernant les travaux du stade. Les messages de soutien au président se multiplient, à commencer par ceux des joueurs et tifosi. Certes, Cellino n’est sans doute pas tout blanc. Sans pour autant le dédouaner, est-ce le seul en Italie à avoir fait 2-3 magouilles pour accélérer des travaux ? Toujours est-il que sa culpabilité reste à démontrer. D’ailleurs, Il mangiallenatori (le mangeur d’entraîneurs) refuse de sortir de prison tant qu’il n’a pas totalement été blanchi ! Pareillement, Cagliari n’a sans doute pas grand-chose à envier au stadio Artemio Franchi de Sienne à qui l’on pourrait également chercher des poux.
La Lega a nommé un « super préfet », Achille Serra, en charge des infrastructures sportives et à la sécurité. Sa première tâche consistera à trouver rapidement une solution à cette impasse qui ridiculise le football italien. Une de plus.