Saint-Etienne, Nice… Et pour notre troisième On Tour de la saison en Ligue 1, nous partons encore plus au Sud pour une destination au moins aussi chaude. Armand-Cesari, stade mythique et bouillant, hôte samedi soir de la rencontre entre le Sporting Club de Bastia et le FC Girondins de Bordeaux comptant pour la 21 ème journée de championnat. Zoom sur un match et une ambiance à la hauteur de leurs promesses.
18 h 30 : On se gare tant bien que mal aux alentours de Furiani. Il faut dire que ce stade qui borde la route nationale n’est pas facile d’accès. Peu importe, il en faut beaucoup plus pour démotiver les supporters corses. Les alentours du stade sont déjà bien remplis, écharpes et drapeaux aux couleurs du Sporting sont de sortie accompagnés de quelques bières, le tout dans une atmosphère conviviale. Après quelques minutes de marche, le stade Armand Cesari se dresse et nous nous dirigeons vers la billetterie pour acheter nos précieux sésames. Dans la file d’attente, un premier fan de Bastia nous fait part de son inquiétude pour le match : « Il faut enrayer cette spirale négative, le matelas sur lequel on s’était assis après un bon début de saison diminue petit à petit ».
Il est vrai que l’opposition est importante pour les deux équipes. Bordeaux peut continuer de rêver d’Europe en cas de victoire après une remontée fantastique et Bastia voit quant à lui ses poursuivants directs pour le maintien grignoter des points suite à une série de cinq matchs sans victoire en championnat. Tous ces éléments nous permettent de croire à une rencontre assez ouverte et une belle ambiance. Billets en main, la tribune Sud s’avère être un placement idéal permettant d’obtenir une vue optimale sur le terrain, le parcage bordelais et le virage est bastiais. Le coup d’envoi se rapproche petit à petit, il est temps de rentrer dans l’arène.
Ba fait tomber Bordeaux de haut
Après une fouille très légère, on file donc rejoindre nos sièges. Furiani est clairsemé mais l’affluence nous parait très correcte. Les joueurs des deux formations terminent leurs échauffements respectifs et rejoignent une dernière fois le vestiaire avant le coup d’envoi. C’est à ce moment-là qu’un capo du groupe de supporters Bastia 1905 entre sur la pelouse pour chauffer tout ce petit monde, c’est presque devenu une tradition à Furiani. « Malgré la nonchalance de certains joueurs ces derniers temps, on a une mission qu’il ne faut pas oublier. Les pousser à la victoire et mettre la pression sur nos adversaires ! », lâche t-il avant de lancer le chant propre au Sporting « Tutti Inseme ». « Tous ensemble », en VF. Un chant bien suivi par le public qui saute comme un seul homme, mais pas assez au goût du leader bastiais qui en remet une couche. « Tutti inseme, ça veut dire quoi ? ». Et rebelotte, cette fois-ci le chant est détonnant ! « C’est mieux. Il ne faut pas oublier dans quelle galère on était il y a 36 mois. Certes aujourd’hui on se fait un peu chier, mais on y est en Ligue 1 et certains ont tendance à oublier que ce soir c’est Bordeaux en face ! ».
Le stade est très réceptif au message lancé par « les 1905 », comme ils sont communément appelés ici, et reprend de fort belle manière l’habituel « Uniti vinceremu » (unis, nous vaincrons) avant que les 22 acteurs ne fassent leur apparition sur la pelouse. L’animation à base de grands drapeaux de la tribune Est est assez simple mais efficace alors que de son côté, le parcage bordelais est encore vide. Le coup d’envoi fictif est donné par un tout jeune retraité, Jérôme Rothen, sous une standing ovation. Les Bastiais n’ont pas oublié les services rendus par l’ex-international français qui a tout de même été élu meilleur joueur de Ligue 2 lors de la remontée du SCB. Cette fois-ci, le match peut débuter. Les dix premières minutes sur le terrain sont assez soporifiques, heureusement le côté Est turchinu continue de faire le spectacle dans les tribunes.
Dixième minute de jeu. Enfin un peu d’animation mais toujours en tribune, les Ultramarines Bordeaux débarquent sous quelques sifflets. Ces derniers bâchent et se regroupent au milieu du parcage pour former un groupe compact d’une vingtaine de personnes et lancer les premiers chants. Ils ont le mérite de se faire entendre dans un stade pourtant pas acquis à leur cause. Sur le terrain, oui car il y a tout de même une partie de football, c’est toujours pas la panacée. Bordeaux semble dominer légérement en remportant la bataille du milieu de terrain mais sans pour autant se créer d’occasion franche. Pas grave. On se console en écoutant le répertoire des Bastia 1905 et des Ultramarines qui, eux, assurent une animation continue… Et puis vient la 43 ème minute. Alors que le FCGB nous donne l’impression de gérer la rencontre, la défense girondine voit Raspentino, lancé par Yatabaré, partir à la limite du hors jeu, centrer pour Ba qui ne se prive pas pour propulser le cuir en pleine lucarne d’un plat du pied droit. Furiani explose, 1-0 pour le Sporting. L’atmosphère s’embrase jusqu’à la pause, Bordeaux peut s’en vouloir.
De l’angoisse à la libération
Le deuxième acte reprend, alors que les ultras bordelais nous gratifient d’une « animation calicots » bien sympa, la tribune Est repart sur les mêmes bases qu’à la fin de la première période. Malheureusement, le match aussi… Malgré de bonnes intentions, il y a beaucoup d’imprécisions dans les transmissions des deux côtés et le match ne parvient pas a s’emballer en ce début de seconde mi-temps. On rentre dans la dernière demi-heure et le stress commence déjà a envahir les supporters du Sporting. « Ça va être long, j’ai déjà les yeux fixé sur le chrono », se désole un habitué de la Sud.
La rencontre prend alors une tournure inespérée et devient folle, l’ancien Parisien Guillaume Hoarau, entré à la pause, voit sa volée repoussée par Leca (64 ème) alors que Bastia manque par deux fois de faire le break par l’intermédiaire de Raspentino (62 ème et 67 ème). Ouf ! Ça s’anime un peu. Dans les dernières minutes l’atmosphère devient insoutenable pour les supporters bastiais et l’ambiance en pâtit quelque peu. Malgré cela, les membres de Bastia 1905 ne lâchent rien et poursuivent leurs efforts pour pousser les Bleus vers la victoire. Le coup de sifflet final retentit comme une vraie libération. Bastia s’impose 1-0 dans la douleur et les joueurs peuvent partager leur joie en communion avec le public de Furiani. Une victoire avec la grinta.
Par Bastien Poupat à Bastia