Une avenue les sépare mais tout un monde les oppose… Voilà comment en une phrase on pourrait résumer ce match pour ce nouveau numéro de « Ils se détestent« . En effet, ce week-end aura lieu le derby lisboète à l’Estadio da Luz, entre le Benfica et le Sporting. Présentation d’une rencontre pas comme les autres entre deux voisins ennemis pour qui les objectifs de fin de saison sont complètements différents…
Dans le football plus qu’ailleurs, quand on est voisin on se déteste. Et ce ne sont pas Águias et Leões qui nous affirmeront le contraire… Cela fait maintenant plus d’un siècle que les deux couleurs du drapeau portugais, le vert et le rouge, s’opposent durant un match de footballdéchaînant les passions dans les rues de la capitale et dans le monde entier où résident les communautés portugaises dont en France. Les origines de ce derby, surnommé le derby eterno ou encore clasico da segunda circular, date de 1907 où déjà la première polémique, une des nombreuses qui viendront ensuite marquer l’histoire, apparaît. Sous un déluge, les joueurs du Sporting décident de déserter la pelouse. Le score est alors de un partout. Il faudra de longues minutes de discussion avec l’arbitre de ce match pour reprendre la rencontre. Au final les Vert et Blanc s’imposeront 2-1 grâce à Cosme Damião qui n’est autre que le fondateur du Benfica ! La rivalité commence a s’installer… S’en suit a partir des années 1940 jusqu’à la fin des années 1950 une domination totale du Sporting Lisbonne qui rafle championnat sur championnat. Le Benfica est dans l’ombre de son grand rival jusqu’à un tournant del’histoire qui sera le catalyseur de ce clasico lisboète…
Eusebio… Ce nom vous dit bien entendu quelque chose. Meilleur buteur de la Coupe du monde 1966, ce qui permettra au Portugal de réaliser sa meilleure performance de son histoire mondialiste avec une troisième place. C’est bel et bien lui qui sera l’élément déclencheur de la montée en puissance de la rivalité entre les deux clubs. En effet, les deux géants de la capitale se disputent la signature de l’attaquant né au Mozambique et formé au Sporting. Promis à ces derniers, Eusebio choisit le Benfica avec qui il sera sacré double champion d’Europe dans les années 1960. Laissant un goût amer du côté des Leões et affiliant désormais son nom a l’histoire du club des Águias éternellement…
Du point de vue des titres, les Encarnados sont de loin devant leur voisin avec 32 championnats remportés, le même nombre de coupes nationales et surtout deux Ligues des champions. Ils évoluent aussi dans le plus grand stade du pays, l’Estadio da Luz. Tout celas les supporteurs aiment beaucoup se le remémorer. Tiens, les supporteurs, parlons-en d’ailleurs. Le Portugal est un pays qui possède aussi de très bons groupes où les ambiances sont très intéressantes. Le SLB comptent deux groupes principaux au sein de leur magnifique enceinte. Commençons par le groupe ultra le plus ancien du club, les Diabos Vermelhos. Fondé en 1982, il connait son apogée jusqu’au début des années 90 où un énorme coup dur bouleversa l’histoire de ce groupe. Beaucoup d’embrouilles en interne mèneront à une scission au sein de celui-ci. C’est à ce moment-là qu’apparaîtra le deuxième groupe situé dans le virage Topo Sul, les No name boys. Il a été crée en 1992 et se fera remarquer dès son premier match par près de 200 torches allumées. C’est désormais le groupe le plus actif du club tant en puissance vocale qu’en nombre de membres. Les Diabos Vermelhos ont tout de même survécu à ce mauvais passage malgré de nombreuses frictions avec les « NN » tout au long de leur histoire. On peut aussi citer le Grupo Manks fondé en 1996, beaucoup plus discret mais présent à chaque match. Au l’heure actuelle, Benfica possède 4 points d’avance sur son autre grand rival Porto dans la lutte pour le titre et pourra compter sur son public pour les pousser à la victoire dans un stade qui affichera complet pour l’occasion…
Sporting Lisbonne, le souvenir du passé
Les Sportinguistas aiment se rappeler leurs années dorées en parlant de ce derby. Après avoir tout rafler jusqu’à la fin des années 1950, leurs supporteurs ont surtout vu monter en puissance l’ennemi. Alors avec 18 titres de champion et une Coupe des coupes au niveau européen, on préfère bien évidemment se remémorer un passé glorieux. On aime aussi rappeler du côté du stade José Alvalade que l’on possède le meilleur centre de formation du pays où l’on a fait éclore « le traitre » Eusebio ou encore la star actuelle Cristiano Ronaldo. Bref on préfère le passé au présent chez les supporteurs, d’ailleurs présentons-les à leur tour. Il y a trois grands groupes qui garnissent les tribunes du stade des Verde e Brancos. Et comment ne pas commencer par le Juventude Leonina, groupe ultra le plus ancien du Portugal ! Il a été fondé en 1976 par les frères João et Gonçalo Rocha, fils du président du Sporting de l’époque. Il se situe dans la Curva Sul du stade et est considéré au Portugal comme le groupe ayant le plus de membres environ 7000. C’est aussi un groupe très réputé dans le milieu ultra en se distinguant par de nombreux drapeaux, tifos et torches. La « JL76 » possède énormément de núcleos (noyaux) dans le pays mais aussi à l’étranger. Dans la Curva Nord loge le « Directivo Ultras XXI » créé en 2002 et qui compte aussi un très grand nombre de membres. Pour terminer cette présentation, continuons avec la Torcida Verde l’origine de ce groupe de supporteurs est brésilienne tous issus du quartier du Bairro do Rego à Lisbonne. Sympathisants du Sporting, ils se caractérisaient par leur moyens de déplacement toujours peints aux couleurs du club : le vert et blanc (avion, voiture, train) et crée donc l’association officiellement 1984 pour appuyer le club de leur cœur. Nul doute que tous ce petit monde a dans la tête l’avant-dernière journée du championnat 1999/2000. Le Sporting a besoin de s’imposer à domicile pour décrocher son premier titre national après 18 ans de disette et se voit proposer la visite de Benfica. Mais les Águias ne vont pas à Alvalade pour faire la haie d’honneur, loin de là, et c’est avec un but à deux minutes du terme qu’ils s’imposent 1-0. Les Sportinguistas doivent patienter jusqu’au week-end suivant pour confirmer enfin leur titre lors de la dernière journée et laisser exploser une joie contenue pendant près de deux décennies…
Le Sporting se déplace ce week-end en tant que 7 ème du championnat et n’a donc plus grand chose à espérer de cette fin de saison. A part mettre des bâtons dans les roues au voisin pour le titre et laver cet affront. Et puis, quelle que soit la compétition ou l’enjeu, ce derby aura toujours une saveur particulière car le rival n’est jamais très loin. Juste au bout de l’avenue…