L’équipe d’Alavès est pleine de surprises. Beaucoup de joueurs de qualité et sous-cotés composent cet effectif. Parmi eux, un jeune joueur espagnol crève l’écran. C’est Victor Camarasa. Malgré sa marge de progression encore très importante, tout, dans l’expression de ce joueur sur le terrain est partagé entre élégance et efficacité. Avis aux recruteurs de Ligue 1 avant qu’il ne soit trop tard !
LA BIOGRAPHIE
La quête de Victor Camarasa pour devenir footballeur professionnel fut longue et éreintante. Rien ne fut facile. Né à Méliana, il s’initie au football dans ce petit club avant d’être vite repéré par les scouts du centre de formation de Valence, la plus grande ville de la région. Pendant 10 ans, il va écumer les catégories de jeunes du club, perfectionnant ses gammes et son sens tactique jusqu’à ses 17 ans. C’est avant sa majorité que la première grande difficulté de sa carrière s’impose à lui : Valence ne lui accorde plus sa confiance et ne lui offre pas de contrat professionnel.
Victor Camarasa aurait pu abandonner à ce moment-là, comme de très nombreux joueurs de talent. Mais il s’acharne et réussit à signer dans le club plus modeste de la région : Levante. C’est un combat de tous les instants pour s’imposer. Tant et si bien qu’il joue ses premiers matchs pour les Granotes en 2012-2013 en quatrième division. Il n’est toujours pas officiellement joueur professionnel jusqu’au 9 décembre 2013, deux jours après son entrée en jeu en Coupe du Roi contre le Recreativo Huelva. Un déclic. Il ne sortira plus de l’équipe première. Diego Simeone, lui-même, ne tarit pas d’éloges après une prestation de qualité face à son Atlético : « C’est un garçon qui joue très bien. (…) Il a vraiment émergé cette saison quand on lui a donné la chance de jouer. C’est un joueur de qualité. »
Ainsi lorsque Levante descend en deuxième division, impossible pour les clubs qui l’ont vu joué de le laisser évoluer à l’échelon inférieur. Alavès, tout juste promu en Liga, réussit à le convaincre de quitter sa région de Valence natale, pour découvrir le Pays basque. Le combat, l’acharnement, la discrétion, toutes ces valeurs qu’il a connues durant ses débuts apparaissent totalement compatibles avec l’état d’esprit basque qu’il s’apprête à découvrir. Sur le terrain, il fait très vite ses preuves et devient le véritable chef d’orchestre de l’équipe de Mauricio Pellegrino, bien partie pour se maintenir très vite en Liga.
POURQUOI PEUT-IL S’IMPOSER EN LIGUE 1 ?
La Ligue 1 est un championnat très engagé, où les techniciens apprécient encore en majorité les gabarits assez costauds. Même si ce raisonnement change peu à peu, il est vrai. Mais cela tombe bien, Victor Camarasa est un joueur d’envergure du haut de ses 1m83 et 76 kilos. En Espagne, il n’est pas très fréquent de voir des joueurs de cette taille évoluer aussi haut sur le terrain. Car Victor Camarasa est milieu offensif (axial le plus souvent) et joue majoritairement juste derrière l’attaquant d’Alavès, Deyverson.
Une autre idée répandue en France consiste à dire que les joueurs de grande taille sont souvent peu techniques. Zlatan Ibrahimovic a récemment montré sur les pelouses de L1 toute l’absurdité de cette idée. Il suffit simplement d’avoir fréquenté la bonne école de foot, et le centre de formation de Valence est plutôt réputé dans ce registre. Ainsi, Victor Camarasa fait partie de ces joueurs de grande taille, à la technique soyeuse et raffinée. L’Espagnol est très fort sur son premier contrôle et peut changer de direction très facilement. Pour exemple, il maîtrise extrêmement bien le contrôle orienté derrière la jambe d’appui. Dans les petits espaces, son gabarit n’est pas un problème. Camarasa démontre sur le pré beaucoup de facilités dans les dribbles courts, sur un mètre, et sa palette de feintes est assez large. Il réalise en général entre cinq et dix dribbles par match et en réussit la moitié. Par conséquent, il subit une quantité non négligeable de fautes (19 depuis le début de la saison), d’autant plus que le milieu de terrain sait très bien utiliser son envergure pour protéger son ballon.
Autre préjugé affectant souvent les joueurs de grande taille, le soi-disant manque de mobilité. C’est tout le contraire de Victor Camarasa. Diego Simeone, l’entraîneur qui aime l’effort par excellence, reconnaît la qualité de son volume de jeu : « C’est un joueur qui couvre beaucoup de terrain ». Dans le match contre l’Atlético de Madrid le 28 janvier en championnat, il parcourt 4 kilomètres en vingt minutes (plus de 8 à la fin du match) ! D’autre part, il s’agit d’un joueur qui va plutôt véloce avec le ballon. Sur 3-4 mètres, l’international espoir est capable de faire beaucoup de différences sur son coup de reins. Sur le terrain, il ne se cache pas, toujours en demande du ballon. Il aime ainsi dézoner de l’axe pour se démarquer sur le côté droit.
En outre, sa qualité de passe au-dessus de la moyenne est étayée par les chiffres. Camarasa réalise en moyenne 30 passes par match et réussit 84% d’entre elles. Celles-ci sont très souvent dans le bon tempo (répétons qu’il apprécie particulièrement jouer en 1 touche de balle quand c’est possible), et majoritairement vers l’avant : 27% vers l’avant, 26,3% vers la droite, 20.4% vers la gauche et le reste vers l’arrière. Même si l’équipe de Mauricio Pellegrino préfère le jeu court au jeu long, il est plutôt performant dans ce dernier domaine avec 16 passes longues réussies sur 24 tentées.
Tactiquement, Victor Camarasa est aussi très intéressant. C’est un joueur qui sait se placer entre les lignes. C’est un point extrêmement important pour les joueurs évoluant au milieu, car comme l’affirme Jean-Marc Furlan : « Les mots sont à l’écriture, ce que le jeu entre les lignes est au football ». Camarasa sait alterner entre un positionnement proche de son attaquant, prêt à recevoir un ballon dévié par la tête de Deyverson, ou un décrochage plus bas pour créer des supériorités numériques. Son envergure et sa technique en font un joueur très fort dos au but, pour distiller des remises.
Défensivement, il constitue la première ligne de harcèlement dans l’animation en 4-4-2 d’Alavès en phase de repli. Constamment en train de courir, il est rigoureux dans son repositionnement et le public basque apprécie son goût pour le travail défensif et le dépassement de fonction. Avec 18 tacles effectués, 23 fautes commises et 4 cartons jaunes accumulés depuis le début de la saison, il montre sur le terrain qu’il n’a pas peur de défendre. Disposant d’une très bonne lecture de jeu, il n’hésite pas à donner des consignes tactiques à ses coéquipiers, malgré son jeune âge. Par ailleurs, sa jeunesse doit justement lui laisser le temps d’accentuer ses points forts et de travailler sur ses points faibles.
QUELLE MARGE DE PROGRESSION?
Sur le plan défensif, que nous avons exposé juste au-dessus, Victor Camarasa peut progresser en mettant plus d’intensité et de changements de rythme dans ses courses de harcèlement. Le joueur d’Alavès est trop souvent sur le même rythme, ce qui rend ses mouvements pour la récupération du ballon trop prévisibles avec le temps.
Un milieu offensif est régulièrement jugé à l’orée de sa feuille de statistiques. Avec deux buts marqués, deux passes décisives, entre août 2016 et février 2017, il est très en-dessous des standards requis pour son poste. Son coéquipier L’arrière latéral Théo Hernandez est au même nombre de passes décisives réussies. Victor Camarasa doit être plus tranchant dans la zone de finition et mieux sentir les coups, en présentant plus de spontanéité et d’efficacité notamment dans ses frappes. Son ratio tirs et buts marqués est famélique : 13.3%, soit 775 minutes jouées avant de marquer un but… Ceci constitue axe de progression fondamental pour l’accès au plus haut niveau. Le fait qu’il ne tire pas les coups de pied arrêtés est aussi révélateur du travail qu’il doit réaliser sur sa frappe de balle.
Enfin, son jeu de tête est très faible, malgré un gabarit qui pourrait laisser croire certaines facilités. Sur 38 duels aériens; il en a remporté 11, dont un très important contre le Celta Vigo en demi-finale retour de Coupe du Roi qui permet le but de son coéquipier juste après. C’est essentiellement un travail mental que Camarasa doit réaliser dans ce secteur, tout comme celui des pertes de balle futiles liées à un manque de concentration visible à certains moments du match.
CONCLUSION
Les dirigeants des de Ligue 1 affirment à volonté qu’ils n’ont pas le budget pour s’aligner face à la concurrence sur des joueurs talentueux. Peut-être surtout qu’ils ne détectent pas assez les joueurs créatifs pouvant apporter une valeur ajoutée à temps. Victor Camarasa, qui a porté la tunique de la sélection étant jeune, est de ceux-là. À travers la description de son profil technico-tactique, il est de penser qu’il pourrait bonifier beaucoup d’équipes françaises comme Bordeaux, Saint-Etienne, Marseille et d’autres. Certains recruteurs seraient bien avisés de regarder quelques matchs du Deportivo Alavès. Pour enfin donner une chance à Victor Camarasa de s’approcher du haut niveau européen avant que d’autres clubs n s’en chargent.
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