Chaque semaine les tifos animent les tribunes, et ce n’est pas une mince affaire. Pour une grosse prĂ©paration, ils sont dĂ©ployĂ©s quelques minutes, et passent au mieux quelques secondes Ă la tĂ©lĂ©. Heureusement que le Top 10 est lĂ pour pĂ©renniser ces Å“uvres trop Ă©phĂ©mères. Top 10 La Grinta des tifos originaux, crĂ©atifs, complexes, et de qualitĂ©. Et cette semaine, c’est du sacrĂ©ment lourd.
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10. Toulouse FC 0-0 Olympique de Marseille
On commence en Occitanie PyrĂ©nĂ©es MĂ©diterranĂ©e (bon, en France quoi), avec des supporters heureux pour le 80ème anniversaire du TFC, qui recevait Marseille pour l’occasion. Une belle fĂªte en tribune qui arbore les couleurs du club avec des papiers arrondis imprimĂ©s de l’Ă©cusson. Une rĂ©alisation propre et harmonieuse, qui fait son effet. En haut, une banderole soft adaptĂ©e Ă la situation cĂ©lèbre de la ville : « Toulouse, ville de football depuis 1937 ». La fĂªte, mais aussi la mĂ©moire. Si d’anciens joueurs Ă©taient prĂ©sents sur le terrain, les Indians n’oublient pas l’un des leurs et dĂ©ploient une banderole pour Brice Taton, tué en 2009 Ă Belgrade (Serbie).
9. FK Sarajevo 0-0 Zrinjski Mostar
En Bosnie, le FK Sarajevo accueille le Zrinjski Mostar en cĂ©lĂ©brant leur ville. Sarajevo prend des allures de faucheuse, le symbole du groupe Horde zla. Sauf que la faux est un drapeau ornĂ© de l’Ă©cusson de la ville, et le squelette une vieille dame avec un bob « J’aime Sarajevo ». Sur la banderole, des paroles de la chanson « Sarajevo ljubavi moja » (Sarajevo mon amour) du chanteur bosniaque Kemal Monteno. Les supporters sont masquĂ©s par le craquage massif de fumigène aux couleurs du club. La faucheuse n’aura pas eu la peau du Zrinjski Mostar qui dĂ©croche le nul.
8. Millonarios 0-1 Atlético Nacional
Classico colombien avec les deux clubs populaires du Millonarios de Bogota et de l’AtlĂ©tico Nacional de Medellin. Les barras du Comandos Azules rappellent leur couleur mais c’est surtout la ville de Bogota qui est mise Ă l’honneur avec des drapeaux en jaune et rouge. C’est le carnaval en tribune… Craquage de fumigènes, voiles dĂ©ployĂ©s un peu partout, couleurs mĂ©langĂ©es, c’est pas super crĂ©atif mais le stade se mĂ©tamorphose et respire la ferveur. Bienvenue en AmĂ©rique latine.
7. Universidad de Chile 0-0 Colo Colo
Le Superclasico du Chili : le match oppose deux clubs Ă la rivalitĂ© Ă©norme. Universidad de Chile est le deuxième club le plus populaire du Chili après Colo Colo, qui tient son nom d’un chef mapuche ayant combattu les Espagnols au XVI siècle. L’occasion de dĂ©ployer des voiles bien symĂ©triques avec leur icĂ´ne et leurs couleurs. Dessus, un hibou stylisĂ© avec les yeux en rouge, portant un maillot universitaire. Au milieu, la barra brava Los de Abajo (« ceux d’en bas ») rappelle Ă la Garra Blanca, la plus grande barra du Chili, chez qui on est.
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6. Velez Sarsfield 1-3 Boca Juniors
Ă€ Buenos Aires, il y a aussi VĂ©lez Sarsfield, club créé en 1910 qui doit son nom Ă une station de chemin de fer. L’Ă©quipe atteint le top niveau dès 1992, entraĂ®nĂ©e par Carlos Bianchi. Bielsa a aussi entraĂ®nĂ© l’Ă©quipe en 97-98. Si les maillots sont d’abord bleus, dès 1914 on y ajoute les couleurs du drapeau italien pour reprĂ©senter les immigrĂ©s qui rejoignent le club. En tribune face Ă Boca Juniors, un drapeau italien inversĂ© en hommage Ă l’histoire et Ă la diversitĂ© du club.
5. ASSE 1-1 FC Nantes
Les Magic Fans dĂ©chirent avec un voile raccrochĂ© Ă des cordes lancĂ©es depuis la partie supĂ©rieure, dressĂ© avant le levage des feuilles. Le nom du groupe s’inscrit autour d’une icĂ´ne, la reprĂ©sentation de leur capo lĂ©gendaire, Olive. Son nom en lettre cursive est parfaitement rĂ©alisĂ© sur la partie infĂ©rieure de la tribune. DĂ©cĂ©dĂ© d’une leucĂ©mie, les MF 91 sensibilisĂ©s Ă cette maladie rĂ©coltent de l’argent en vendant des cartes postales en faveur de la Ligue contre le cancer. Pour la solidaritĂ©, première place du classement.
4. SV Austria Salzbourg 1-2 SAK 1914
Un triptyque majestueux pour le SV Austria, club de la ferveur supporter nĂ© en 2005. Les supporters refondent le SV Austria Salzbourg devenu Red Bull Salzbourg après son rachat par Red Bull. Concrètement ? Un fabuleux passage de la division 7 Ă la division 2 en quelques annĂ©es, un stade de 1600 places animĂ© par des tifos de folie et une place dans le top 5. Une Ă¢me prĂ©servĂ©e. La fraternitĂ© prime, dans toute sa diversitĂ© : en français dans le nom du groupe « FraternitĂ© violette », et en allemand, « 10 ans de fraternité ».
3. FC BĂ¢le 1-1 Young Boys Berne
Superbe compo Ă BĂ¢le. Les deux personnages regardent vers les tribunes. On peut voir un clin d’oeil aux supporters qui tournent le dos au terrain pour animer le match. L’un des personnages porte le maillot et l’Ă©charpe de l’Ă©quipe, un vrai fumigène Ă la main. L’autre, ballon sous le bras, est un joueur qui semble avoir traversĂ© les annĂ©es. Le flocage forme le 12, numĂ©ro dĂ©diĂ© aux supporters. La banderole « Tu es unique – Nous ensemble, ça n’arrivera pas deux fois » rĂ©unit joueurs et supporters. Rappelons que le prĂ©sident, Bernhard Heusler, a annoncĂ© 2 jours avant qu’il quittait le club.
2. Trabzonspor 3-4 BeÅŸiktaÅŸ
Direction la Turquie pour un tifo gĂ©antissime en latĂ©rale. Et pas n’importe oĂ¹. Le Trabzonspor est le seul club du « big four » Ă Ăªtre en dehors d’Istanbul. Les atouts locaux sont prĂ©sentĂ©s de la meilleure des manières. Deux tifos Ă Â feuilles sur toute la longueur, avec au milieu des hommages. Le joueur Cemil Usta dit « Dozer », le bulldozer, porte l’enfant. Joueur historique du club, il est mort en 2003 d’une crise cardiaque, Ă 52 ans. Avec la guitare, c’est le chanteur et activiste turc d’origine laze KĂ¢zim Koyuncu, supporter absolu du Trabzonspor, dĂ©cĂ©dĂ© Ă 33 ans d’un cancer du poumon. La banderole cĂ©lèbre le jeu du bulldozer, et l’amour de Kazim. Le Trabzonspor s’incline mais le tifo reste.
1. VFB Stuttgart 1893 2-0 Karlsruher SC
Stuttgart fait fort cette semaine pour le derby de Bade-Wurtemberg. DĂ©ploiement majestueux sur un ton d’opĂ©ra et message ridiculisant sur fond de lutte des classes : « L’Ă©ventail pour le peuple, le sceptre pour nous ». Sur le voile, un roi couronnĂ©, le VFB Stuttgart donc, et le misĂ©rable peuple, le Karlsruher SC. Un peu manichĂ©en et un stade qui se la pète lĂ©gèrement, mais c’est le jeu, non? La belle surprise : la rĂ©action adversaire. En parcage, des craquages de fumis voire mĂªme de pots, des chants limite punk, un beau bordel qui pĂ©tille et dynamise la solennitĂ© voulue par Stuttgart. Parce que le foot oppose deux adversaires et qu’on a pas fini de se rĂ©galer.
https://youtu.be/_qNAm01wQ4I
 Avec Thomas Boraca et les partenaires traduction
Ă€ retrouver dès jeudi la Tribune Supporters sur But Football Club.Â
Pour l’envoi d’Ă©lĂ©ments, merci de privilĂ©gier : top10destifos@lagrinta.frÂ