À Rosario, troisième ville d’Argentine et ses quelques 1,5 million d’habitants, l’équation est simple : il n’existe que quatre couleurs (du moins deux combinaisons) le bleu-jaune et rouge-noir. Quant à l’alphabet il ne comporte que 5 lettres, NOBRC. N’importe où dans la ville, vous verrez ces combinaisons sur tous les murs et le plus souvent à la peinture ou en bombe graffiti. Le jaune et bleu est associé à Rosario Central tandis que le rouge et noir sont celle des Newell’s Old Boys. Et les choses sont plutôt bien établies puisque dans chaque pâté de maisons, les angles de rue et poteaux sont soit d’une couleur, soit d’une autre !
Ce vendredi 26 février, après 48 heures de bus en provenance de Rio de Janeiro (Brésil), nous allons assister à la 5ème journée du championnat argentin entre la Lepra (surnom du club de Newell’s) et l’Union Santa Fe. Sur place, deux supporters olympiens nous y attendent, en effet depuis le passage de Marcelo Bielsa, des liens ont été créés entre quelques hinchas olympiens et leprosos (surnom des fans de Newell’s). D’ailleurs, l’accueil qui leur a été réservé la veille du match fut très festif, et c’est donc avec notre hôte du jour, un populaire graffeur local, que l’on se rend à l’Estadio Marcelo Bielsa. Oui, cet homme de 61 ans, quelque peu critiqué en France pour sa personnalité « non conventionnelle » par de « grands » spécialistes, a donc donné son nom de son vivant, à l’un des plus grands clubs du pays, double champion et double finaliste mondial. Du simple fleuriste au supporter lambda, ici tous considèrent comme un modèle l’ancien entraîneur de l’Olympique de Marseille.
Il faut le voir pour le croire, et hormis mis à part avoir fait gagner leur club chéri, ce sont également les qualités humaines et morales de l’homme qui sont louées. À ce sujet chose incroyable, ce dernier a appelé par téléphone un de mes deux accompagnateurs olympiens, le sachant à Rosario et souhaitant le rencontrer, pour s’excuser de son absence et le remercier de tout l’intérêt porté envers lui… Voir donc le portrait de cet homme de partout, dans une ville qui aura vu naître le drapeau national, ou bien encore le Che Guevara et l’un des plus grands joueurs de tous les temps Lionel Messi, est tout sauf une surprise.
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Revenons donc à ce Newell’s Old Boys-Union Santa Fe et notre arrivée dans la popular de ce stade situé en plein cœur de la ville. Le mot « chaud » n’est peut être pas assez fort pour qualifier l’atmosphère et les têtes de certains supporters qui composent cette tribune. Pour notre part, nous sommes accompagnés d’un personnage connu de la barra, ce qui facilite notre accès notamment aux coins réservés qu’à peu de personnes. Malgré ça, il était plutôt difficile de filmer ou de prendre des photos de l’atmosphère ambiante car passer le match le smartphone à la main ne fait pas partie des mœurs locales. Comme dans beaucoup de stades argentins, l’avant-match est rythmé dans les coursives par les tambours puis à quelques minutes du coup d’envoi, une sorte de haie d’honneur est destinée aux membres les plus actifs de la popular.
Mais pour ne rien vous cacher nous n’avons pas vu grand-chose de cette rencontre, où les visiteurs ont ouvert le score des la 5ème minute avant que Scocco – la vedette locale avec Maxi Rodriguez -, n’égalise à quelques minutes de la mi-temps. Comme un peu de partout en Argentine, le spectacle est peut-être plus attrayant en tribune que sur le pré. Cette saison Newell’s aura du mal à bien figurer dans ce championnat où l’on retrouvera sûrement en haut de l’affiche le rival local, Rosario Central, qui brille depuis un an, et qui ne connaît plus la défaite dans un derby depuis 5 ans ! Cependant comme nous assurait notre accompagnateur avant le match lorsque l’on lui disait qu’il fallait gagner ce soir : « Que l’on gagne ou que l’on perde, l’essentiel n’est pas là ». L’essentiel c’est d’alentar (littéralement encourager, donner de la voix) du début à la fin…