Une fois de plus, ce week-end l’Amérique latine va vibrer au rythme du football. En effet plusieurs « superclásico » vont avoir lieu sur tout le continent, en Uruguay avec le match opposant le Nacional face au Penarol, en Equateur entre la LDU Quito et le Deportivo Quito ou encore en Argentine avec le fameux Boca Juniors – River Plate. Mais dans tout cela, il a bien fallu trancher. Dans ce nouveau numéro de « Ils se détestent », nous avons choisi une autre option : le « superclásico » chilien entre l’Universidad de Chile et Colo-Colo. Et si vous doutez encore de notre choix, nous allons vous expliquer pourquoi dimanche à 18h00 c’est bel et bien l’affiche à ne pas manquer…
Au Chili, c’est le match le plus attendu de l’année. A chaque fois que Colo-Colo et de l’Universidad de Chile se croisent (Tout deux basés à Santiago de Chile, capitale du pays), quelle que soit le cadre de la rencontre, la ferveur, la passion et la rivalité sont au rendez-vous. Pour la première rencontre officielle, il faut remonter le 7 août 1938 pour voir « Caciques » et « Chunchos », Blancs et Bleus si vous préférez, s’affronter dans l’indifférence la plus totale. Beaucoup plus mature, Colo-Colo est favori, et justifie son rang en remportant 6-0 la rencontre face à une équipe de l’Universidad de Chile qui en est encore au staut d’apprentie. Il faut attendre 1939 pour assister au premier succès « universitario » sur le score de 2-1. Les Bleus devront ensuite patienter jusqu’en 1945 pour battre à nouveau les « Colocolinos », sur le même score. Toutefois, la légende chilienne raconte que la source de cette rivalité remonte au 12 mai 1940. Ce jour-là, dans un match comptant pour le Tournoi métropolitain, Colo-Colo l’emporte sur le plus petit des écarts, 1-0. Pendant la rencontre, Alfonso Domínguez subit une énorme faute de la part d’un joueur de la Universidad de Chile, José Balbuena. Alfonso ne se fait pas prier pour répondre lui-même en infligeant une baffe à son adversaire… Il n’en fallait pas moins pour embraser une rivalité déjà bien ancrée au sein de la capitale chilienne…
La « U », puissance de ces dernières années
Créé deux ans plus tard que son ennemi, le 24 mai 1927 précisément, le Club Deportivo Universitario, né de la fusion entre le Náutico Universitario, l’Internado F.C., l’Universitario de Atletismo et la Federación Universitaria. L’emblème choisi est le fameux « chuncho », hibou représentant la sagesse, l’harmonie et la connaissance mutuelle entre le corps et l’esprit. En 1937, le club prend son nom définitif de Club Deportivo Universidad de Chile, suite au départ des étudiants de l’Université catholique (auparavant inscrits au Club Universitario), qui forment leur propre club : l’Universidad Católica, actuellement troisième plus grand club du pays. Parlons maintenant des supporteurs car si il y a toujours des confrontations avec de la volonté et de l’engagement sur le terrain, il y aura aussi un match en parallèle dans les tribunes ! Avec parfois certes quelques excès dus à une ferveur et un dévouement pour son propre club hors du commun. Le principal groupe de la « U » se nomme « Los de Abajo » et a vu le jour en 1988. Au Chili les « hinchas » (Supporteurs) n’ont quasiment rien à envier aux Argentins qui restent bien sûr la référence mondiale à ce niveau. Enfin, du moins, pour les trois clubs que nous avons déjà cités. Les virages sont chaleureux, énormément colorés et les chants d’une puissance phénoménale. Et cela s’est accentué ces derniers temps du côté de l’ Estadio Nacional de Chile, stade hôte de l’Universidad.« El Chuncho » a le vent en poupe ces dernières années avec pas moins de quatre titres de champion national depuis 2009 et une Copa Sudamericana (Équivalent de l’Europa League en Europe) en 2011. Un homme a notamment contribué à ce renouveau, il s’agit de l’entraîneur argentin Jorge Sampaoli. « Sampa » a su révolutionner le jeu de l’équipe de Santiago de Chile et en faire l’une des équipes les plus attrayantes à voir manier le cuir en Amérique du Sud. L’aboutissement fut la finale de la Copa Sudamericana en 2011 contre LDU Quito, victoire 4-0 sur l’ensemble des deux matchs. Cela marquera aussi la fin d’une histoire, Jorge Sampaoli sort par la grande porte et s’en va entraîner l’équipe nationale du Chili où il est toujours en poste actuellement. Mais avec ou sans lui, la vie continue et l’ Universidad de Chile n’a pas perdu son appétit…
Le Club Social y Deportivo Colo Colo voit le jour le 19 avril 1925, lorsque David Arellano, international chilien dans les années 20, décide avec pas mal de partenaires de quitter le Club Magallanes (Ancien grand club de la capitale du pays aujourd’hui en deuxième division) à cause d’un différend idéologique avec les plus anciens « socios ». D’ailleurs, l’enceinte du club porte le nom de ce joueur mythique qui a marqué son ‘histoire (Estadio Monumental David Arellano). Le nom de la nouvelle entité est emprunté à un cacique (chef de tribu) réputé pour son intelligence du peuple andin. Le blanc du maillot lui symbolise la pureté, tandis que le noir du short est un signe de sérieux. Colo-Colo est le club de tous les records au Chili. En effet, il est le seul club chilien a avoir remporté la Copa Libertadores (Équivalent de la Ligue des Champions en Europe) en 1991, une fierté énorme pour « El Eterno Campeón » (Surnom donné au club après ce titre). Aussi avec 29 championnats nationaux remportés, il est bien entendu le club le plus couronné du pays. Seul souci, « Los Albos » n’ont plus connu cette joie depuis 2009, date où ils ont vu le voisin ennemi monter en puissance au plus grand regret des supporteurs. Venons-en à ces derniers, le groupe principal de supporteurs du club se nomme la « Garra Blanca » fondé en 1986, c’est le groupe le plus ancien du Chili. Celui-ci est très réputé au niveau national dû à l’énorme engouement pour le club qui est d’ailleurs le plus populaire dans le pays. C’est ce que différentes enquêtes ont pu prouver ces dernières années en indiquant que la proportion de supporteurs de Colo-Colo parmi les amateurs de football au Chili est évaluée à 45 %. Cette « hinchada » est aussi très reconnue sur le continent Sud-Américain et s’est nouée d’amitié avec celle du Deportivo Tachira (Venezuela) par exemple mais avec aussi des rivalités très fortes hors de ses frontières avec entre autres celle du mythique club de Buenos Aires, Boca Juniors (Argentine).
Bref, la confrontation de dimanche opposera une équipe qui plane actuellement sur le football chilien et une autre à la recherche de son glorieux passé. A la 13 ème journée de ce tournoi de clôture, la « U » pointe à la 5ème place du classement à seulement 3 points du leader O’Higgins. Colo-Colo quant à lui est 9 ème et n’a pour l’instant pas l’assurance de terminer dans les huit premiers ce qui lui ouvrirait une place en play-off pour disputer les quarts de finale du championnat. Autant vous dire que ce match est primordial pour Colo, mais l’Universidad n’est pas du genre à compatir pour l’ennemi surtout dans son stade devant 47.000 supporteurs qui ne demandent que la victoire.
Et si après tout cela vous n’êtes pas encore convaincus que dimanche c’est la rencontre à ne louper sous aucun prétexte, voilà ce que déclarait l’une des icônes du football national, le grand Iván Zamorano : « J’ai participé à des Real Madrid – Barcelone, au derby milanais entre l’Inter et le Milan AC et au choc mexicain entre l’América et les Chivas. Honnêtement, je dois dire qu’aucun de ces matchs ne vaut un Colo Colo – Universidad de Chile« .