En cette période de vœux et de bonnes résolutions, il en faudrait des tonnes pour le football italien. Contentons-nous de dix points à revoir, ce sera déjà bien.
Commencer le championnat en même temps que les autres
« Les équipes italiennes ne sont pas au top physiquement au mois d’août ». Jusqu’en février et les huitièmes de C1 rétorqueront les mauvaises langues. Tous les ans, le cliché est de mise pour expliquer les performances catastrophiques lors des tours préliminaires européens. Certes, la préparation physique des équipes italiennes se veut plus lourde qu’ailleurs. Mais en reprenant la Serie A plus tôt, cela ne ferait qu’augmenter les chances des équipes engagées en réduisant ce manque de rythme. Histoire d’éviter de se faire sortir par le Slovan Liberec, par exemple.
Abandonner le projet de passer à 18 équipes en Serie A
Le serpent de mer. Pour alléger un « calendrier surchargé », les décideurs du foot italien planchent sur un championnat à 18 équipes « peut-être pour 2016 ». Si les partisans sont nombreux, le modèle a déjà fait des ravages au Portugal. C’est surtout 4 matchs de moins à retransmettre, des droits TV en baisse (à l’heure où l’on cherche à augmenter les recettes), et la disparition de clubs historiques accélérée. La solution est ailleurs pour ce «problème » de dates.
Supprimer ou métamorphoser la Coppa Italia
En France, ces plaintes répétées concernant le calendrier transalpin peuvent prêter à sourire. Heureusement que la Coupe de la Ligue n’existe pas et que la Coppa Italia est un simulacre de compétition nationale. La Coupe de France demeure l’une des rares choses à envier au foot français. En Italie, c’est plutôt une Coupe des réserves de cadors à l’exception près des deux dernières éditions (Naples en conquête d’un titre, puis le derby romain en finale). Dans le format assez élitiste actuel, autant la supprimer. Et tant pis pour les polémiques sur les Supercoppa en Chine.
Abolir la tessera del tifoso
OK, cela relève de l’utopie. Dommage parce qu’elle est en grande partie responsable de la désertion des stades italiens. Niveau sécurité, les résultats ne sont pas là. Pire : les détenteurs ont fourni des informations privées aux banques sans en avoir conscience après avoir rempli le formulaire d’acquisition. Allez, du balais !
Arrêter de programmer les matchs n’importe quand !
Une autre mesure pour ramener du monde au stade. La recette des droits TV ne doit pas se faire au détriment des spectateurs. Ainsi, depuis plusieurs années maintenant, il y a un match à la sortie de la messe le dimanche. Cette saison, même le derby de Turin n’y a pas échappé ! Ah, et les affiches du lundi soir se multiplient. Outre la concurrence avec la Premier League, c’est aussi éradiquer la présence du père et de son enfant dans les travées. Quelle crédibilité accorde-t-on dans ce cas à ces mêmes décideurs qui chassent les ultras pour « permettre à tous de se rendre au stade » ?
Favoriser l’émergence d’écrins modernes
Toujours dans l’optique de remplir les tribunes, il est impératif de faciliter administrativement la tâche des dirigeants (cf Cagliari). Que ce soit pour construire une nouvelle enceinte ou la rénover. Le Juventus Stadium a démontré qu’un projet solide profite à toutes les parties. A la Roma et à l’Inter de suivre l’exemple pour leurs chantiers futurs.
Revenir à un banc de sept joueurs
Août 2012, la Lega invente une mauvaise blague. Les équipes ont le droit à douze remplaçants sur le banc depuis lors. Ou comment détruire l’essence même du sport et du métier d’entraîneur : la concurrence, la gestion d’un groupe, des egos etc. Certains évitent depuis les tribunes régulièrement. A méditer la phrase de l’ex-coach de Lecce, Serse Cosmi : « Le banc à 12 joueurs, c’est pour ceux qui n’ont pas de couilles ».
Arrêter la spéculation malsaine
Au pays de la commedia dell’arte, là encore cela relève du rêve. A chaque journée de football sa polémique, souvent arbitrale. La pression sur les arbitres est immense avec la fameuse moviola. Si les différents acteurs du foot ne se privent pas de les alimenter, les médias en sont les premiers responsables. Le traitement douteux de Calciopoli ou encore du « derby de la honte » exacerbent des tensions qui n’apportent rien de positif.
Intégrer les réserves à un championnat pro
L’écart entre la A et le championnat Primavera est trop grand. Prêter des jeunes en Serie B ou Lega Pro, c’est bien. Mais leur donner la possibilité de se confronter au monde pro tout en étant disponible pour l’équipe première en cas d’indisponibilités, c’est mieux.
Confier les clés du Calcio à Andrea Abodi
Qui dit football italien et réformes, dit Andrea Abodi. C’est à lui qu’on doit le « Boxing Day » de la Serie B hier. Si de son propre aveu il ne pourra pas appliquer toutes ses idées révolutionnaires à l’élite, son apport serait précieux au sein de la Serie A. Il est le seul à concilier football moderne et respect du supporter. Le seul également à prendre le temps de répondre aux demandes sur les réseaux sociaux. Et pendant ce temps-là, dans les bureaux, qu’est-ce qu’ils font les autres ?