Après avoir ouvert le score, comme souvent sur coup de pied arrêté, le PSG a finalement concédé le nul à Louis II. Dans un match assez décousu tactiquement, les Parisiens ont défendu plus bas que d’habitude et ont cédé, ratant ainsi l’occasion de tuer définitivement le championnat.
Ranieri ressort son 4/4/2
Habitué à produire un football porté vers l’avant dans son habituel 4/3/1/2, Claudio Ranieri, à la surprise générale, modifie ses plans et opte pour un 4/4/2 à plat, soucieux de bloquer les côtés parisiens. Chose qu’il aurait eu du mal à faire avec son habituelle ligne de trois au milieu. Ocampos et James prennent place sur les flancs autour du duo Moutinho – Toulalan pour laisser Germain et Rivière se tenir seuls – en théorie – devant le ballon. Côté parisien, privé de Cavani, Blanc choisit Pastore, plutôt que Lavezzi, pour accompagner Lucas et Ibrahimovic devant, dans un 4/3/3 classique. Au milieu, le trident Verratti – Motta – Matuidi est de nouveau aligné.
Zone Libre
Au 4/3/3 de possession du PSG, l’ancien coach romanista oppose donc un 4/4/2 en zone. Mais à l’initiative d’un James trop attiré par le ballon, la ligne de quatre se désagrège et n’offre aucune garantie à une ASM flottante et hésitante. Plutôt que de couvrir son côté, comme le voudrait son rôle, le Colombien veut faire le premier pressing à la place de ses avants. Ocampos fait plus ou moins la même chose et cela offre à Paris l’occasion de joindre ses ailiers et latéraux assez facilement. Jamais on ne voit le Colombien et l’Argentin stationner véritablement derrière les latéraux adverses. Tout cela offre une ASM organisée étrangement défensivement avec des joueurs qui ne savent pas s’ils doivent défendre en avançant ou en reculant. Tant est si bien qu’on peine à deviner les formes de ce qui devrait être un 442.
Paris fait comme d’habitude durer la phase de préparation et trouve facilement la passe verticale au moment opportun, loin d’être contrarié par un bloc monégasque totalement inefficace dans cette organisation défensive nouvelle. L’indiscipline de James et les inspirations verticales du trident Maxwell – Matuidi – Pastore font du flanc gauche le côté fort de l’attaque parisienne.
Ainsi invité à progresser sur le terrain, le PSG ne se fait pas prier pour obtenir de nombreux corners et ouvre le score logiquement dans le plus pur style Blanc : une longue phase de préparation, une passe verticale pour aller chercher un latéral dans le coin, un corner obtenu, et la qualité parisienne sur coup de pied arrêtés pour faire la différence. Le décalage est créé relativement facilement en deux passes dans le dos de Fabinho par Silva et Pastore. Comme ce fut le cas à l’aller, la zone à plat de Ranieri a complètement échoué et condamne son équipe à courir après le score dès l’entame. Même après son réveil, Monaco continuera à se mettre en danger pour les mêmes raisons.
Le pressing de Monaco / la relance parisienne gênée
Ce but est presque salvateur pour l’ASM, tant elle semblait en avoir besoin pour véritablement se lâcher. Les joueurs de Ranieri ont semblé assez stressés par l’évènement (10 fautes en première mi-temps). Il a fallu attendre que l’équipe soit menée pour qu’elle mette enfin les ingrédients nécessaires pour faire vaciller ce PSG-là : Du jeu direct, de l’agressivité et du pressing sur la première relance.
Pendant 10 minutes minutes après l’ouverture du score, la phase de préparation parisienne, d’ordinaire si (laissée) tranquille va être perturbée par l’agressivité de Germain et Rivière, suivis par leur milieu alors que le ballon peinait à sortir. L’énorme occasion créée par Ocampos après un ballon gagné sur Verratti (13’) en est la meilleure illustration. Paris recule et les occasions se multiplient pour l’ASM à l’initiative de cette bonne agressivité offensive.
Dans un match assez fou-fou et décousu tactiquement, Monaco s’accroche et reste dangereux au prix d’une grosse dépense d’énergie, ce qui explique peut-être la faible intensité de la seconde période. Pour autant, l’ASM reste toujours en danger et son bloc ne donne jamais l’impression d’en être un. Au mieux, sept joueurs sont derrière le ballon et Ocampos et James ne gênent que trop peu Lucas, Van der Wiel et Maxwell. Ibrahimovic, puis Pastore auraient pu tuer le match en profitant de ce manque d’assise défensive.
Finalement, d’une façon assez surprenante, le plan défensif du PSG est plus prudent que celui de Monaco.
La défense basse de Paris sanctionnée
Paris a défendu beaucoup plus bas que d’habitude. C’était surement une demande de Laurent Blanc en prévision de la vitesse de Monaco devant (Rivière, James, Ocampos). Mais c’est aussi et surtout le scénario du match et l’intensité du pressing monégasque qui ont dicté cette conduite. Les Parisiens ont souvent dégagé de très bas sur le terrain et ont beaucoup contré les tentatives des rouges et blancs depuis l’intérieur de leur surface, à l’image de Thiago Silva. Paris craque sur un CSC de son capitaine, mais on ne peut pas parler de coup du sort. Quand on défend en reculant en concédant trop de tirs, le contre-pied fatal n’est jamais loin, l’Atléti en a fait l’amère expérience cette semaine à Bernabeu.
Souvent, le PSG a opposé neuf joueurs aux attaques monégasques, s’organisant dans un 4/1/4/1 avec le seul Ibra déchargé des tâches défensives. Paris va continuer à s’appuyer sur cette méthode dans une deuxième mi-temps bien moins plaisante que la première. Elle voit les deux équipes poser des séquences de possession assez molles sans trop se gêner mutuellement avant l’égalisation. Le ballon récupéré, l’équipe de Laurent Blanc a plus basculé en attaques placées, que véritablement transité en contre. Avec trois milieux plutôt que deux derrière le ballon, les courses verticales de Matuidi sont indispensables pour la transition.
Le but Monégasque est marqué sur attaque placée, dans des conditions relativement inquiétantes : La coopération Menez – Maxwell est désastreuse sur l’action qui amène le centre fatal de Fabinho. Maxwell sort, alors que son partenaire défend intérieur, laissant le champ libre au jeune brésilien pour centrer. Même chose sur l’énorme occasion de la 88‘ avec un décalage créé dans des circonstances similaires. Si ce n’était que cette fois-ci que les deux défendaient intérieur…
Au delà des changements de Blanc, ces approximations pose une question importante pour ce PSG en vue de ses objectifs prochains : Peut-on s’improviser en équipe défensive quand on a passé sa saison à vouloir tenir le ballon ?
Deux plans défensifs qui échouent
Au final, le PSG rate l’occasion de tuer le championnat et Monaco celle de revenir sur les parisiens au terme d’un match assez décousu et nivelé par le bas tactiquement entre deux équipes qui ont joué (et surtout défendu) contre nature. Point commun entre Blanc et Ranieri : ils ont tenté un coup, et cela n’a pas franchement fonctionné. Dire que l’on a assisté à un match de niveau Ligue des Champions, ce serait un pléonasme.
La première mi-temps a vu Paris profiter d’une entame monégasque très approximative défensivement pour marquer sur corner, avant que le pressing ne mette à mal la méthode parisienne, mettant à mal sa première relance avec efficacité. Comme à l’aller, Ranieri (ou l’indiscipline de ses joueurs de côté) a plombé le début de match de son équipe.
Si Paris aurait pu gagner, la réaction immédiate de Monaco après le but a mis en lumière les limites du plan type de Blanc et de ses trop longues phases de possession par moment derrière la ligne médiane. Après cela, le PSG s’est également essayé à un plan défensif nouveau : une défense basse que l’on avait connue sous Ancelotti, l’organisation en moins à l’image des approximations du duo Menez-Maxwell en deuxième mi-temps, et après quelques séances de bricolage en première. Un switch défensif plutôt raté donc, même si un nul à Monaco est tout sauf déshonorant sur le papier.
Le PSG a concédé 16 tirs et trop d’occasions franches, dans un match que tout le monde attendait de le voir gagner histoire d’assurer le titre, et de s’offrir enfin un gros avant de partir à la conquête de l’Europe. C’est raté.