En marge du barrage entre la France et l’Ukraine qualificatif pour la prochaine Coupe du monde au Brésil, honneur à ces « Frenchies » qui ont décidé de jouer au pays des « Marchroutkas » et d’Andreï Shevchenko. Hormis la colonie du Dynamo Kiev, certains évoluent dans l’indifférence générale avec plus ou moins de succès. Retour les trajectoires d’anciens de la L1.
Benoît Trémoulinas (Dynamo Kiev)
Après six saisons passées chez les Girondins, là où il a été formé, il tente l’aventure ukrainienne. Contre 6,5 millions d’euros, Bordeaux laisse filer l’un des piliers de sa défense alors qu’il ne lui restait qu’un an de contrat.
Celui a souvent été comparé à Lizarazu a décidé de quitter le club malgré le fait qu’il évoluera en saison de pré-mondial, lui qui a gratté si souvent à la porte de l’Équipe de France. Une titularisation face à l’Uruguay (0-1, 5 juin 2013), ce qui porte son compteur de sélections à deux capes. Barré par Evra et Clichy, Benoît Trémoulinas reste lucide sur son statut en sélection nationale. « Je ne suis pas non plus titulaire » avoue-t-il dans les colonnes de l’Équipe.
A Kiev, où il étrenne le numéro 33 en référence à sa Gironde natale, le Réunionnais est allé à la recherche d’une nouvelle aventure et connaître une autre culture. Il est servi !
En club, il fait face à la concurrence malgré son transfert et son statut d’international. Il joue peu en championnat au profit de Yevhen Makarenko (22 ans) mais s’illustre en match de Coupe et en Europa League et gagne de plus en plus la confiance de son coach Oleg Blokhin.
Auteur de six passes décisives en treize rencontres (toutes compétitions confondues), son avenir se lit de plus en plus hors du banc de touche.
Younès Belhanda (Dynamo Kiev)
Taulier de Montpellier dont il amena en 2012 au titre de champion de France, Younès Belhanda semblait promettre à un avenir dans un grand championnat surtout l’Angleterre qui lui fait les yeux doux depuis longtemps. Il signe à Kiev le 30 juin en échange de 10 millions d’euros pour son club formateur. Mais les choses se compliquent dans les heures qui suivent, en marge d’un match amical face au Zénith, Belhanda exprime ses doutes quant à sa signature et a failli revenir sur sa parole. Une combine afin d’attirer un ultime club plus huppé. Il paraphera finalement son contrat au Dynamo.
Les raisons financières jouant sans doute un grand rôle, avec 2,2 millions d’euros par an, il double quasiment son salaire précédent.
En concurrence avec deux clubs du Golfe, Igor Surkis et le Dynamo Kiev rafle la mise pour le meneur de jeu de la sélection marocaine (20 capes).
A l’instar de son compatriote Trémoulinas, il s’impose très vite comme le meneur de jeu de l’équipe et un titulaire indiscutable comme en témoignent ses statistiques (14 matchs en championnat, 5 buts et 2 passes décisives).
Aujourd’hui, Younès se sent beaucoup mieux à Kiev où le club lui donne à sa disposition un chauffeur, un grand appartement en centre-ville de Kiev et une traductrice en permanence.
Il a signé à Kiev en guise de tremplin vers l’Angleterre suite aux bons résultats européens de l’équipe (demi-finales en 2008/2009 et quarts de finale en 2010-2011 d’Europa League).
Dieumerci Mbokani (Dynamo Kiev)
Actuellement à six réalisations en championnat, l’arrivée d’Mbokani fût sujet à débats en Belgique. Comment un joueur en pleine forme dans son club précédent peut ainsi quitter la Belgique et repartir de zéro dans un pays inconnu et se confronter à une concurrence en attaque assez conséquente (Yarmolenko, Ideye, Lens, Bezus puis Mehmedi, Escobar et Ruben en prêt) ?
La réponse ressemblerait plus à la personnalité et aux choix de carrière de « Dieu » qui débute au TP Mazembe dans son pays natale. Il explose ensuite en Belgique avec Anderlecht mais aussi avec le Standard où il finira Soulier d’Or (meilleur joueur) en 2012. Son passage en Ligue 1 ne restera pas dans la mémoire collective et pour cause, il signe à Monaco en 2010, le Standard récupérera 7 millions d’euros dans la transaction.
Onze matchs, un but contre Lorient et un SMS de la discorde, voilà comment décrire son passage de six mois à Monaco. Guy Lacombe ne lui fait plus confiance et exprime sa volonté de l’écarter du stage d’hiver à Saint-Maxime par un texto où il annonce à Mbokani qu’il va devoir s’entraîner avec la réserve. C’en est trop pour l’international congolais qui retrouve un point d’encrage à Wolfsbourg en prêt.
La suite : un retour fulgurant à Anderlecht, 43 buts en 69 matchs avec les Mauves et se fait particulièrement remarquer en 2012/2013 avec six réalisations en Ligue des Champions.
Anderlecht laisse filer un de ses cadres majeurs à Kiev pour 10 millions d’euros mais Mbokani est tristement célèbre pour ses multiples frasques (retards et absences aux entraînements, virées nocturnes…).
Sportivement, il s’est assuré une place de quasi-titulaire mais comme dit l’adage « chassez le naturel, il revient au galop », lors du match de C3 face au FC Thoune, il a été expulsé au bout de 17 minutes. Un premier carton jaune pour ne pas avoir ignoré le rappel à l’ordre de l’arbitre. Remonté le Congolais ira insulter l’arbitre et écope du deuxième carton synonyme d’exclusion.
Oleg Blokhin a peu apprécié.
Brown Ideye (Dynamo Kiev)
Le natif de Lagos (Nigéria) attaque sa 3ème saison sous les couleurs bleues et blanches et c’est non sans mal qu’il s’est adapté à la vie ukrainienne lui qui souhaite obtenir un Master en russe.
Douze buts lors de sa première saison puis dix-sept la saison suivante en autant de matchs, on peut dire que l’adaptation est réussie pour l’international nigérian qui a remporté la CAN en 2013. Passé par le FC Sochaux, il a fait le grand bonheur du stade Bonal lors de la saison 2010/2011 où il marque un doublé pour son premier match et forme avec Modibo Maïga une paire prolifique à 15 buts chacun cette saison-là.
Il laisse un fort souvenir à Sochaux dont leurs supporters n’ont pas oublié cet attaquant vif et rapide.
Bloqué à deux buts cette saison en championnat, « Bobby » (comme le surnomment ses coéquipiers) met en danger sa place de titulaire au profit d’un Mbokani plus performant.
Lukman Haruna (Dynamo Kiev)
Le dernier joueur de la colonie « Made in Ligue 1 » du Dynamo Kiev est lui aussi nigérian.
Lukman Haruna, 22 ans et un parcours qui commence au Nigéria et qui le mènera ensuite à Monaco alors qu’il était pisté par le Bayern Munich, le Real Madrid mais aussi Porto.
Plusieurs titularisations qui lui vaudront d’être dans l’équipe-type asémiste et même d’être appelé en sélection nationale en 2008. La suite fût plus chaotique pour lui, après une Coupe du Monde en Afrique du Sud sur le banc, on apprend qu’il est gravement blessé et il est écarté pour plus de 5 mois.
En manque de temps de jeu après sa blessure et la relégation de l’ASM en Ligue 2, il décide de quitter le Rocher et rejoint le Dynamo pour cinq ans. Même parcours d’adaptation que son compatriote Brown Ideye, 14 matchs lors de sa première saison puis 18 et cette année, il en est à 15 matchs sous les couleurs du Dynamo pour ce début de saison.
Preuve qu’Oleg Blokhin lui fait entièrement confiance dans l’entre-jeu au milieu de terrain car il fait souventpartie du onze de départ.
Damien Le Tallec (Hoverla Oujhorod)
Loin du faste de Kiev, Damien Le Tallec a atterrit à Oujhorod, petite bourgade de plus de 110 000 habitants à la frontière ukraino-hongroise. C’est ici qu’il a décidé de signer en 2012 après son four à Nantes où il n’a pas réussi à s’imposer. Il est clair à ce sujet, il est venu pour jouer : « Les conditions de vie sont assez difficiles, mais au moins, je joue tous les matchs » !
Auteur de deux buts et de quatre passes décisives, il galère avec son équipe qui est actuellement à la 13e place (sur 16) en championnat. Il espère faire donc beaucoup mieux que la saison précédente (20 matchs, 5 buts).
Damien Le Tallec débute sa carrière au Stade Rennais puis promis à un avenir radieux, il signe au Borussia Dortmund où il débute avec l’équipe deux en quatrième division. S’en suit quelques matchs avec le groupe pro puis signe à Nantes en 2012 sans grand succès.
Parcours atypique comme celle de son frère Anthony qui à signé à Liverpool de manière prématurée et qui déclare en 2012 « être passé à côté d’une grande carrière ».
Rendez-vous manqués pour les frères Le Tallec qui essayent de relancer leurs carrières respectives.
Franck Dja Djédjé (Chernomorets Odessa)
Comment passer de la Ligue 1 à l’Ukraine, seul l’intéressé pourra y répondre : « Ça s’est fait rapidement, je n’étais pas au contact avec lu club ukrainien. J’arrive un jour à l’entraînement à Nice et on me dit qu’Odessa a fait une offre. Le club me dit alors : « on aimerait bien que tu l’acceptes ». Je n’avais pas du tout prévu de venir jouer l’Ukraine un jour. Je me suis ensuite renseigné un peu, j’ai vu que c’était une ville un peu balnéaire, sur la côte, comme à Nice. »
Passé par le Paris Saint-Germain, Brest, Grenoble, Strasbourg, Vannes, Arles-Avignon et Nice, on peut dire que Franck Dja Djédjé est un vrai « france-trotter » mais pas de quoi rougir Xavier Gravelaine non plus.
Des hauts et des bas dans sa carrière, n’ayant pas su faire son trou au PSG (son club formateur), il décide de s’engager avec le GF 38 où il connaîtra une saison 2007/2008 intéressante (36 matchs/10 buts).
La descente aux enfers du GF 38 va de pair avec celle de la carrière de Franck Dja Djédjé avec des passages peu concluants à Strasbourg et Vannes.
Arles-Avignon monte en Ligue 1 en 2010 et officialise l’arrivée de Dja Djédjé.
Les résultats du club n’aideront pas à relancer sa carrière et part deux saisons après à l’OGC Nice, transfert peu concluant au vu de ses faibles statistiques (36 matchs/ 4 buts en une saison).
A Odessa, petit à petit, il se fait une place durable avec un club qui dispute l’Europa League et qui fût finaliste de la Coupe d’Ukraine en 2013.
Il est auteur de 3 buts en ce début de saison dont une bicyclette somptueuse face au Hoverla de Damien Le Tallec.
Schumacher (FC Volyn Lutsk)
Affublé d’un nom de famille très teuton qui rappelle les grandes heures de la Formule 1, ce Brésilien aux origines allemandes est né à Curitiba et débute sa carrière à l’Atlético Paranaense. Un transfert à l’Udinese et d’innombrables prêts entre 2006 et 2010 dont un à Dijon en 2007 où il ira marquer 3 buts en 15 matchs. Il retourne à l’Udinese aussi vite qu’il en est arrivé et fût prêté en Autriche. Ultime prêt et achat définitif du joueur en 2010 par l’Austria Vienne qui l’utilisera très peu et le vendra au Volyn Lutsk, club du nord-ouest du pays.
Une étiquette de poissard lui colle aussi à la peau car il contracte de multiples blessures. Pour l’anecdoten, lors de la saison 2010/2011, il a été blessé cinq fois durant la saison !
Schumacher : l’Abou Diaby du pauvre…
Yannick Boli (Zorya Lugansk)
Dans la famille Boli, je demande le neveu malchanceux !
A 25 ans, après de multiples coups de théâtres dans sa carrière, le neveu de Basile et Roger Boli traîne ses crampons du côté de l’Ukraine.
Formé au Paris Saint-Germain, il était un grand espoir du centre de formation. Le Real Madrid a même formulé une offre à 500 000€ durant l’été 2008 pour s’attacher ses services mais Alain Roche (ex-directeur de la cellule de recrutement du PSG) en décidera autrement. Yannick Boli reste encore aujourd’hui amer de cette période : « C’était l’opportunité d’une carrière et on m’a empêché de partir. ».
Il fût prêté dans la foulée au Havre sans grand succès puis signera à Nîmes la saison suivante mais de mauvaises relations avec son coach de l’époque Thierry Froger vont précipiter son départ. Sans club durant la saison 2011/2012, il enchaîne les essais un peu partout surtout en Angleterre où il a bien failli s’engager avec les Queens Park Rangers mais le départ de Neil Warnock fera capoter la signature du contrat. Situation bloquée en Europe de l’Ouest, il décide de tenter son aventure à l’Est et signe au Chernomorets Bourgas. 8 buts et une adaptation facilitée par Gaël Nlundulu, un ancien pote du PSG.
Février 2013, il signe avec le Zorya Luhansk, club qui se situe à plus de 30 kilomètres de la frontière russe dans l’Est de l’Ukraine.
Loin des projecteurs de Kiev ou du Shakthar, Boli est titulaire et est auteur de prouesses remarquables comme le 3 octobre où son club arrive à faire chuter le Dynamo Kiev (2-0) grâce à une passe décisive et un but de Yannick Boli. Avec six réalisations au compteur et une équipe à la 7e place, Boli peut encore faire les beaux jours de l’Avanhard Stadium avec son numéro 94 au dos comme un clin d’œil au Val-de-Marne : « Dès que j’aurai l’opportunité de faire un clin d’œil à mon département, je le ferai. Que les gens sachent d’où je viens. ».
Dmytro Nepogodov (FC Vorskla Poltava)
Le grand inconnu de notre série et le seul ukrainien est gardien de but. Il a aussi joué pour un très grand club français… Vous ne trouvez pas ?
Il s’agit de l’Olympique de Marseille.
A 19 ans, il atterrit donc à la Commanderie et joue pour les moins de 19 puis devient titulaire avec la CFA2.
Les dirigeants voulaient en faire un numéro deux sur le long terme de Steve Mandanda mais l’Ukrainien en décidera autrement et retourne dans son pays natal et signe au Metalurg Donetsk, l’ennemi juré du Shakthar et ancien club de Yaya Touré.
Il n’aura joué aucun match avec l’équipe pro et reste encore le seul joueur ukrainien à avoir signé un contrat pro en France.
Une saison en Arménie (2011/2012) puis il signe au Vorskla Poltava où il devient un titulaire en puissance et fait même partie du Top 5 des gardiens du championnat. Vous l’aviez oublié celui-là, pas vrai ?