Un collectif qui réunit les migrants, les femmes, et s’engage contre le football moderne ? Non, nous ne sommes pas dans une association de supporters mais dans le collectif « Football du peuple » qui se positionne contre la compétition, contre les tacles et pour un football pour tous. Cette construction d’un football dépouillé de ses valeurs capitalistes et nourrit d’idéaux égalitaires, est révolutionnaire. La Grinta a rencontré Mathieu, l’un des fondateurs, et Victor, qui nourrit les partenariats avec les équipes autogérées en Espagne.
Sur les réseaux sociaux, le collectif se positionne clairement pour l’accueil des réfugiés, pour l’acception des demandes d’asile, et appelle les migrants à venir s’entrainer, en lien avec toutes les associations de défense de réfugiés. Football du Peuple est un incontournable, notamment parce que les réfugié.e.s, globalement « adorent le foot. ils se font chier (sic) au CADA [Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile, ndlr]. Ils n’ont rien à faire. Là ils peuvent venir ». La gratuité est un élément fort de fonctionnement, et le stade est un ancien terrain qui a failli disparaître, sauvé par les gens du quartier. Pour les personnes en situation précaire et notamment les réfugié-e-s, venir au football du peuple leur permet « non seulement d’avoir accès au sport, mais aussi de rencontrer d’autres personnes, de se créer un réseau de sociabilité, de pratiquer le français. Et pour les locaux, les rencontres sont extrêmement enrichissantes. » Ici on partage bien plus que la passion du ballon rond. Car derrière les problématiques de jeux s’en cachent d’autres, fondamentales : « Il est déjà arrivé qu’à la fin du foot, le gars nous dise : « Je ne sais pas ou dormir ce soir » – on voulait donc pouvoir répondre et mettre toutes les assos en collaboration. »
Le collectif montpelliérain autogéré est né d’un voyage dans le quartier anarchiste d’Exárcheia à Athènes d’un jeune étudiant de la fac de Montpellier. Les Héraultais voient les anarchistes organiser des tournois de foot pour les nombreux réfugiés qui arrivent en Grèce. À sa création en 2013, le collectif est d’abord composé d’étudiant-e-s. Qui fréquentent eux-mêmes le milieu militant. Rapidement, le collectif s’organise avec des associations anarchistes, mais aussi le Garden Blitz pour des jardins partagés, les assos de quartier et les squats accueillant les demandeurs d’asile que l’Etat n’héberge pas. Le collectif, du coup, épouse un second rôle plus social.
La revendication principale du collectif est de pratiquer un football pour tous : « Le foot est aujourd’hui hyper imprégné et stéréotypé. Pour jouer il faut être un homme jeune, athlétique et avoir envie de gagner, mettre des buts. Nous intégrons des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes, tout le monde peut jouer. » Alors bien sûr, le jeu n’est pas franchement comme on le connait : « On essaie de jouer de façon moins physique, par la passe, faire que des gens qui n’ont jamais joué au foot ou qui ont un niveau moyen puissent jouer ensemble. » Rien à voir, donc, avec les matchs des clubs de FFF que Mathieu a bien connus : « Les entraînements étaient bien, mais les matchs… Si je me fais casser la jambe et que je suis arrêté pendant six mois, je n’ai plus de boulot – l’idée première c’est de jouer autrement au foot – sans se faire casser la jambe. »
Le collectif souhaite « déconstruire l’image moderne négative du football et montrer que la compétition n’est pas obligatoirement un moteur. On préfère l’entraide et le plaisir. » En somme, « l’antithèse de ce qu’on voit dans les clubs. Le nul, on lui passe la balle ». Sur le terrain de Football du Peuple, on est loin de l’ambiance compétitive des clubs où le meilleur gagne. Pas de gardien dans les cages, pas de duel, pas de tête. Les équipes tournent, le meilleur ne monte pas. Au contraire, si une équipe joue trop bien, on compense.
« Je préfère me prendre 10-0 et avoir eu la possession de la balle que le contraire, on a touché la balle, on a profité »
Une conception pas forcément familière pour les réfugié.e.s, notamment. « On essaie de dire aux gars de ne pas jouer avec leur communauté, mais de jouer tous ensemble. On se mélange. Si quatre mecs de Montpellier arrivent, ou quatre mecs du même pays, ils vont vouloir jouer ensemble et forcément gagner[…] Les gars ont parfois du mal à comprendre ça ! Ils ont envie de jouer avec leur communauté, alors qu’on leur dit qu’il faut jouer ensemble, pour le plaisir. Ils nous font la gueule parfois [on se marre, ndlr] ! Ils veulent jouer entre pote, dans leur communauté. On leur dit : ‘non, les gars, on est là pour jouer ensemble’. »
Une conception d’un foot dénuée de sexisme et d’homophobie, qui n’est pas sans rappeler le credo de certaines assos de supporters. Pourtant, côté supporterisme, c’est le calme plat. Incroyable mais vrai, les mecs du FDP aiment le foot sans supporter d’équipe : « Je suis allé une ou deux fois au stade c’est tout… Moi je déteste aucune équipe. Pourquoi détester Nîmes [grand rival local de Montpellier, ndlr]? Pourquoi détester Paris ? C’est ridicule. » Au lieu de ça, Victor en Espagne et tisse des liens avec des assos de supporters – quand même. Des clubs autogérés. Le club d’Aspense par exemple, refondé en 2016 par des supporters après sa faillite en 1996, a donné des maillots et du matériel pour le Foot du peuple. Leur groupe de supporters Comando Torrija arboraient des drapeaux anarchistes ou LGBT en tribune avant d’être dissous en 2018.
Avec une conception comme ça du foot, on comprend que les joueurs et joueuses de FDP ne sont pas à droite. Et Mathieu regrette le manque d’engagement politique dans cet univers. « Je déplore que le foot soit pas plus politisé en France. On dit que le foot c’est le sport du peuple mais faut voir aussi qu’à travers le foot, on peut s’organiser. A travers le foot, on peut avoir un local, faire du soutien dans les lycées, comme des assos de supporters peuvent le faire à Marseille. Faire de la vie en société, relier les gens. » Pas étonnant que les membres du collectif Football du peuple aient choisi le grand joueur brésilien Socrates pour illustrer l’affiche collée dans la ville pour les rejoindre. Socrates interpelle de par sa position et son poing tendu, au côté du titre « Football du peuple ». L’autogestion souhaitée par le collectif rappelle bien évidemment les idées révolutionnaires que le frère de Raï fit appliquer au Corinthians dans les années 1970 au Brésil.
Figure majeure de la lutte à Montpellier, Football du peuple aimerait être aussi organisé que le Spartak Lillois, leur exemple. Cette conception du foot, dénuée de tout capitalisme et servant les luttes sociales, est plus que jamais nécessaire.
Merci à Mathieu et Victor
Il est plus que temps de lutter contre l’aliénation de masse que constitue le FOOTBALL !
Mais surtout son utilisation d’intoxication, ,par les » merdias, » firmes capitalistes et états nationalistes!
Le FOOT c’est le nouvel opium du peuple des citoyens au RSA et des SMICARDS, qui applaudissent aux exploits de ces millionnaires qui courent derrière un ballon!
Plus les pauvres deviennent CONS, plus le foot les asservis encore plus!
yves