Un nouveau venu sur support papier, c’est rare et mérite d’être encouragé. Surtout quand la revue en question, Supersub, est totalement indépendante et prévoit de traiter le football sous des prismes qui nous sont chers : tactique, culture foot, social, supporters et bien d’autres. Présentation avec ses fondateurs.
Comment vous est venue l’idée de ce projet ?
L’origine du projet remonte à quelques années en arrière, lorsqu’on était étudiants à Lille. À force de refaire le monde du football dans tous les sens, on a commencé à aborder l’idée d’une revue pour parler des enjeux du football dans un sens large, des problèmes de fonds souvent relégués au second plan par l’éternelle répétition des résultats, du mercato, des saisons qui s’enchaînent. À l’époque, nous participions à une revue de relations internationales, Le Jeu de l’Oie, qui nous a convaincu qu’il était possible de faire du papier de qualité. L’idée a mûri depuis, on a écrit pour d’autres sites, et on a décidé de concrétiser le projet lorsqu’on s’est de nouveau retrouvé ensemble à Lille il y a un an.
Il y a déjà une offre plutôt conséquente autour de la presse sportive magazine (So Foot, France Football, Onze Mondial…). Pourquoi lancer Supersub ?
Quand on était petits, on dépensait notre argent de poche pour acheter des revues de foot, Onze Mondial ou Planète Foot. C’était excitant d’aller chez le buraliste, choisir la revue, avec les goodies qui allaient avec. Et puis on a grandi, So Foot est arrivé, et a indéniablement révolutionné la presse sur le football, en ajoutant du second degré et une dimension plus adulte. Après, So Foot est très fort pour le storytelling, les interviews, mais suit aussi le rythme de l’actualité qui laisse certains sujets de côté. Les Cahiers du Football avaient une dimension plus analytique et critique, ils ont eu des problèmes financiers, et aujourd’hui ils reviennent avec une nouvelle formule qu’on a hâte de découvrir. Ce sont évidemment des sources d’inspiration pour nous, de même que les fanzines anglais pour leur côté brut, et les magazines de notre enfance qu’on lisait de la première à la dernière page parce qu’on avait que ça. De notre côté, on essaie d’apporter notre approche sur les sujets qui nous sont chers, comme le supportérisme ou le football amateur, ainsi qu’une liberté dans le fond et la forme, qu’on peut se permettre parce qu’on est nouveaux et totalement indépendants.
N’avez-vous pas peur de vous confronter à un support en déclin surtout pour une revue indépendante ?
C’est un défi évidemment, et on sait qu’on ne va pas pouvoir gagner un euro avec ce projet pour le moment. Mais notre but n’est pas de faire des tonnes d’exemplaires, on s’adresse à une niche de gens pour qui le football est assez important pour avoir envie de lire des articles de six pages sur l’histoire de la tactique ou le foot social en Italie. Si on trouve quelques dizaines, quelques centaines de gens qui partagent notre passion et qui sont prêts à adhérer au projet, on pourra trouver un modèle financier qui nous permette de fabriquer nos numéros, quelques créations graphiques, d’envisager de financer quelques reportages. À terme, on aimerait pouvoir rémunérer nos contributeurs, mais pour le moment on est condamnés à travailler pour l’amour de l’art. Notre salut, ce sont les abonnements. On veut aussi sortir des librairies, être disponibles dans les bars, autour des stades, pas seulement dormir dans les rayons des bibliothèques.
Vous avez fait un numéro pilote complet (voir aperçu ici) sur les maux du football italien. À quoi doit-on s’attendre dans les prochains numéros ?
Cela va dépendre de nos abonnés, puisqu’en adhérant à l’association, ils peuvent choisir le thème des numéros suivants ! Pour l’instant, on souhaite conserver ce format thématique. On a évidemment des thèmes qui nous intéressent, les stades, le monde amateur, la mode… La culture football en France n’a pas le même poids qu’ailleurs en Europe, mais elle est aussi moins uniforme, plus diverse et donc très riche. Le magasinier du stade municipal, le gars de cité en survêtement de Chelsea, le supporter en virage ou en latérale, le type qui rejette ce sport parce qu’ « ils sont trop payés », tous révèlent quelque chose de la place du football dans la société. On souhaite aussi varier les formats, développer la partie illustrations et bandes dessinées, introduire de la fiction. Le thème du numéro 1 est déjà décidé, l’annonce est pour bientôt, lorsque nous serons sûrs de pouvoir le réaliser.
Quel est votre objectif à terme ?
On envisage deux numéros par an, plus des créations graphiques intermédiaires et quelques événements. L’objectif, dans un premier temps, est de stabiliser un modèle que l’on puisse assumer avec nos travaux respectifs à plein temps. Il est difficile de voir plus loin pour l’instant, la temporalité des abonnements nous donne une visibilité sur un an. Si à terme nous avons suffisamment d’abonnés pour rémunérer les contributeurs, engager un permanent ou un stagiaire, nous pourrions passer dans une autre dimension, mais nous en sommes loin pour le moment.
Supersub, c’est aussi une association qui organise des événements. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Entre les numéros, nous essayons d’explorer d’autres formes, d’organiser des conférences et des événements autour du football et de la culture foot. Après une fête de lancement en février, nous organisons en avril une première conférence sur les nouvelles formes de la presse sportive à l’ESJ, l’école de journalisme de Lille, avec Rémy Fière de l’Equipe, Fabien Wille, professeur à l’Université de Lille, et Christophe Kuchly des Cahiers du Football, qui nous avait déjà aidés pour le numéro 0. Nous avons aussi des projets pour la Coupe du monde, pour animer des retransmissions, on va voir quelle forme cela prendra. On souhaite aussi développer des événements ailleurs en France, à Paris, en Normandie, à Lyon ou Marseille notamment.
Un dernier mot à rajouter ?
Nous avons une campagne d’abonnements en cours sur le site Ulule, jusqu’à la fin du mois. L’abonnement comprend deux numéros, ainsi que deux envois intermédiaires avec des créations graphiques originales, des illustrations ou des posters par exemple. Il va de pair avec l’adhésion à l’association et le choix du thème du numéro 2. On compte beaucoup dessus pour poursuivre l’aventure. Pour les Lillois, la conférence à l’ESJ aura lieu le 17 avril, avec un beau panel d’intervenants, pour parler de la presse football mais aussi d’autres sports, du cyclisme notamment. On vous attend nombreux !
L’équipe Supersub: Vincent Berthault, Maxime Renaudet et Robin Six.
Tarif numéro pilote : 10 euros.
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La campagne sur Ulule:
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