L’OM veut changer de dimension l’année prochaine. Cela passe obligatoirement par le recrutement d’un gardien très solide, pour remplacer le fébrile Yohann Pelé. Alors que la direction a annoncé qu’elle était prête à débourser des sommes importantes pour se renforcer, pourquoi ne pas tout simplement essayer de recruter intelligemment sans exploser sa tirelire, à l’image de ce que peuvent faire Monaco ou Nice ? Or, pour cela il faut sortir des sentiers battus, des propositions d’agents peu commodes et aller voir des matchs dans toute l’Europe et ailleurs. Par chance, nous leur avançons le travail. En Bundesliga, de nombreux gardiens rayonnent chaque week-end. Parmi eux, Oliver Baumann, gardien expérimenté impressionne son pays, et qui explique pour partie la sublime saison du TSG Hoffenheim 2016-2017. Portrait d’un joueur qui ne demande qu’à briller.
Oliver Baumann est un joueur dont la réputation n’est plus à faire dans son pays. Âgé de 26 ans, il a franchi tous les paliers dans son pays natal sans faire de bruit et sans connaître d’échecs majeurs. Il commence le football dans le modeste club du FC Bad Krozingen à la frontière franco-allemande entre Fribourg et Colmar. Il est très vite repéré par le club majeur de la région, le SC Fribourg, qui l’intègre dans son centre de formation. Nous sommes en 2002, Oliver a 12 ans et tout un chemin à parcourir vers le monde professionnel. En 2007, à 17 ans, le résultat de toutes ses années de travail paie puisque il intègre l’effectif professionnel et devient le gardien de la réserve.
Très rapidement, il devient incontournable. Il est sollicité par la sélection U18, tant et si bien que Robin Dutt, entraîneur de l’époque, le place dans la rotation en équipe première. Lorsqu’il aura sa chance, il ne la ratera pas. Il fait son baptême à l’occasion d’un match contre le Borussia Dortmund. Dès lors, il réussit à conserver sa place de titulaire.
Après plus de 4 saisons au sein du Mage Solar Stadion, avec notamment une qualification surprise pour l’Europa League en 2013-2014, il quitte le club et intègre l’ambitieux projet d’Hoffenheim en 2014. Sa première saison au sein du TSG est prometteuse. Hoffenheim est alors une équipe ultra offensive, menée par une attaque Firmino-Modeste-Volland en furie. Néanmoins, ces espoirs ne sont pas confirmés en 2015-2016, quand ils luttent pour le maintien. C’est en 2016-2017, sous l’égide du brillant Julian Nagelsmann, qu’Oliver Baumann retrouve la lumière et peut-être les projecteurs de la Ligue des Champions avec le TSG.
Oliver Baumann est le produit typique de la nouvelle école de formation des gardiens allemands incarnée à la perfection par Manuel Neuer. Son gabarit parle pour lui : 1m87, près de 82 kilos, son envergure et son allure générale est très proche du numéro 1 allemand. Dans le contexte actuel où les formateurs français s’inspirent beaucoup des critères de formation outre-Rhin, au point de dénaturer la qualité française historique dans la formation de gardiens « petits » mais félins, il correspond idéalement à l’archétype recherché par les clubs de l’Hexagone.
Son gabarit n’est pas un frein à sa mobilité. Redoutable sur sa ligne, ses appuis fréquents associés à sa dextérité naturelle lui permettent de réaliser de sublimes arrêts-réflexes (faisant ainsi la joie des compilateurs en tout genre). Avec 105 arrêts effectués, 137 tirs cadrés subis cette saison, son pourcentage d’arrêts par tir s’élève à 76%, soit plus qu’un Bernd Leno (67%) bien plus médiatisé et annoncé dans plusieurs grands clubs. D’autre part, il sait s’imposer dans sa surface, que ce soit sur corners ou toute sorte de coups de pied arrêtés. Ses sorties sont propres, il ne se pose jamais de questions. Avec près de 19 centres captés et 26 dégagements défensifs en moyenne il fait mieux que Roman Burki du Borussia Dortmund dans ce domaine (15 centres captés et 13 dégagements défensifs).
L’un des préjugés classiques assigné aux gardiens allemands est qu’ils ne bloquent jamais un ballon. Le cas d’Oliver Baumann va, comme souvent, à l’encontre des idées reçues. Il cherche dès que possible à bloquer le ballon, à l’enrouler de tout son corps, de sorte qu’aucun adversaire ne puisse le rejouer et surtout pour qu’il puisse relancer au plus vite.
Pour Rudi Garcia, c’est un principe décisif : dans la philosophie qu’il veut mettre en place, il a besoin d’un gardien qui sait jouer au pied. Une nouvelle fois, Baumann s’illustre dans ce secteur. Il a toujours évolué au sein d’équipes joueuses, portées vers l’avant. Le SC Fribourg dispose d’une belle réputation dans ce domaine, et le TSG Hoffenheim propose un football spectaculaire et efficace sous l’impulsion de Julian Nagelsmann. Ainsi, Oliver Baumann a toujours l’occasion de s’illustrer dans son jeu au pied. Pour comparaison, le gardien allemand a effectué près de 1.142 passes cette saison, dont 73% réussies alors qu’un gardien tel que Stéphane Ruffier affiche un taux de 824 passes tentées pour 66% réussies. Rudi Garcia disposerait donc d’une solide garantie à la construction avec le joueur du TSG en dernier rempart.
L’entraîneur français aime aussi les leaders à ce poste. Il a entraîné des joueurs tels que Morgan De Sanctis à la Roma, Landreau au LOSC, deux joueurs très expérimentés et véritables leaders collectifs à l’époque, par leur personnalité. En recrutant Oliver Baumann, il s’attache les services d’un joueur au caractère bien affirmé, dont les nombreuses saisons au sein de l’élite allemande prouvent l’étendue de son professionnalisme et de son exigence.
Acheter un gardien comme Steve Mandanda, âgé de 32 ans, c’est construire un projet fondé sur un gardien potentiellement en régression. En revanche, avec Baumann, l’OM n’a pas ce souci. Mais comment Oliver Baumman, qui n’a jamais connu de clubs où l’exigence populaire et médiatique est immense, réagirait-il dans le contexte électrique de l’Olympique de Marseille ? Comment se relèverait-il d’une erreur de concentration coûtant la victoire à son équipe ? L’attitude des supporters vis-à-vis de Yohann Pelé laisse quand même de bons espoirs. Les supporters sont toujours plus indulgents face à des joueurs qui ne sont pas des stars, ni annoncées comme telles.
Oliver Baumann peut franchir un nouveau palier s’il se montre rapide dans son adaptation. D’autre part, il aurait toutes les chances d’accélérer son adoption par les supporters s’il arrive à se montrer plus décisif dans le domaine des pénaltys et tirs au but. C’est un domaine où il peut progresser. Souvent, hors de ses buts pour relancer, il peut encore s’améliorer à 27 ans dans ses duels en 1 contre 1 face aux attaquants adverses, particulièrement dans sa vitesse de course et son explosivité dans les pieds.
Cependant, à son âge, c’est en multipliant les matchs à enjeux, les matchs sous pression, qu’il pourrait engranger de l’expérience, attirer l’œil des médias et peut-être s’ouvrir les portes d’une sélection nationale où la concurrence est rude (Ter Stegen, Kevin Trapp, Leno, Karius etc…). L’OM semble être le club idoine pour cela.
Alors objectif rempli ? Etes-vous convaincu de l’intérêt pour l’OM de se pencher sur le cas d’Oliver Baumann ? Certes, il semble parti pour jouer la ligue des champions avec le TSG Hoffenheim la saison prochaine grâce à leurs excellentes performances hebdomadaires. Mais, il est conscient que beaucoup des joueurs clés du TSG vont quitter le club cette saison (Rudy, Hubner déjà officiellement au Bayern en 2017-2018, Amiri à Gladbach, Demirbay très courtisé etc…). L’Olympique de Marseille, en achetant un tel joueur, n’exploserait pas son portefeuille et garderait de nombreuses billes pour acheter une ou plusieurs « stars » sur le champ. De surcroît cette saison peut aussi représenter pour lui un magnifique tremplin pour intégrer un club peut-être non européen aujourd’hui mais qui risque de se positionner sur le devant de la scène nationale française et internationale pour longtemps à partir de la saison 2017-2018. Encore faut-il aller le trouver et le convaincre de la qualité d’un tel projet. A bon entendeur…
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Sources images : hamburgermorgenpost.com / bundesliga.com / Spiegel.de / t-online.com