Alors que le trophée devenu marque déposée s’apprête à couronner une fois de plus le duo Messi-Ronaldo, penchons-nous sur un joueur qui aurait mérité cette récompense si elle avait encore de l’intérêt : Thomas Müller. L’Allemand, moins médiatisé que les trois machines de Liga, nous a pourtant gratifié d’une année de folie.
Pour l’année 2015, la FIFA a désigné comme trois derniers nommés pour le Ballon d’Or Messi, Cristiano Ronaldo et Neymar. Deux joueurs du Barça et un du Real Madrid. La fédération internationale aime décidément beaucoup la Liga espagnole. Mais la Bundesliga reste un des meilleurs, sinon le meilleur championnat d’Europe. Un festival de buts (il a fallu attendre la 3e journée pour voir le premier 0-0), des publics en folie, des constructions de jeu parfaitement maîtrisées, des contre-attaques à 100 à l’heure. Dans cette jungle footballistique, un joueur sort du lot, aussi bien nationalement qu’internationalement : Thomas Müller. Comme il n’est pas dans le top 3 de la FIFA, voici les 3 raisons pour lesquelles l’Allemand méritait le Ballon d’Or, au moins autant que Messi, C. Ronaldo et Neymar.
Raison 1 : l’objectif du football est de marquer plus que l’adversaire, Müller l’a bien compris.
Thomas Müller se fait connaître du football allemand lors de la saison 2009/2010. Son ascension est immédiate, il arrive à s’imposer au Bayern puis en équipe d’Allemagne, et participe dès sa première saison à la Coupe du Monde de football. Une anecdote lors d’un match amical de début d’année 2010 le fait vite connaître au public allemand. Le 3 mars, l’Allemagne rencontre l’Argentine en match amical. Après que les Argentins ont battu la Mannschaft, une conférence de presse se tient lors de laquelle Diego Maradona et Thomas Müller font face aux journalistes. Le sélectionneur argentin arrive après le joueur allemand et le premier s’étonne de la présence du second : « C’est qui lui ? Qu’est-ce qu’il fait là ? Pourquoi vous avez amené un ramasseur de balles à ma conférence ? Puisque c’est comme ça, je m’en vais ». Le milieu de terrain bavarois va se faire connaître du Pibe de Oro en finissant non seulement meilleur buteur de la compétition, mais en marquant contre la sélection albiceleste en quart de finale. Il lui fera même un pied de nez en déclarant à son tour : « Je ne crois pas qu’il pense encore que je suis un ramasseur de balles. Il ne me connaissait pas avant, mais maintenant si ».
Non seulement Müller parvient à inscrire 5 buts pour son premier tournoi mondial, mais il en fera de même lors de l’édition suivante au Brésil, finissant cette fois dauphin derrière James Rodriguez. Mais, plus symbolique, il inscrit 3 de ses 5 buts face au Portugal d’un Cristiano Ronaldo totalement transparent dans le premier match de sa sélection. Même si son cinquième but sera inscrit pendant le festival qu’est le 7-1 face au Brésil, son quatrième sera très important, puisqu’il l’inscrit face aux États-Unis lors du dernier match de poule, permettant à son équipe de prendre la tête du groupe. 10 buts en deux Coupes du monde, c’est bien meilleur que Messi et Ronaldo en 3 Coupes du monde.
Cette saison, Thomas Müller est impressionnant, aussi bien en championnat qu’en Ligue des champions. Il a déjà inscrit 14 buts en championnat allemand, 2 en coupe et 5 en Ligue des champions, alors même que le rôle de buteur au Bayern est plutôt dévoué à Lewandowski. Certes, ce ne sont pas souvent des buts spectaculaires à la CR7, mais l’essence de Thomas Müller est celle du classique renard des surfaces, qui fait gagner des matchs importants et difficiles à son équipe. Car alors qu’on admire le Barça pour être une machine d’efficacité avec son trio MSN, le duo « LM » (Lewandowsi-Müller), 29 buts à eux deux, n’est pas mal non plus.
Raison 2 : contrairement à Messi, C. Ronaldo et Neymar, il est champion du monde.
Messi et Cristiano Ronaldo se partagent tous les Ballons d’Or depuis 2008. Même les années de championnat d’Europe et de Coupe du monde, ce sont eux qui raflent la mise, au grand malheur de Xavi, Iniesta ou encore Neuer. Alors qu’il semble trop tard pour les deux premiers pour se voir remettre un jour le titre de meilleur joueur de la planète, il n’est pas trop tard pour Thomas Müller (ni pour Manuel Neuer d’ailleurs). Comme vu précédemment, il n’est pas seulement un champion du monde à la Lionel Charbonnier, ou pour l’Allemagne à la Roman Weidenfeller, mais il est l’une des pièces maîtresses du quatrième sacre allemand. Outre ses buts décisifs, il a su durant toute l’édition brésilienne servir au mieux son équipe, étant capable de faire évoluer son jeu face aux hésitations tactiques de son sélectionneur Joachim Löw, endossant le rôle de joueur de pointe, de couloir ou pivot de l’attaque. Pendant que plusieurs joueurs ont connu des hauts et des bas, tels Özil et Götze, que tout le monde voyait deux ans auparavant comme les chefs d’orchestre indispensables de la nouvelle vague (footballistique) allemande, seuls deux joueurs ont tenu leur rang lors de chaque match de la compétition : Neuer et Müller. Alors que le premier arrêtait quasiment chaque ballon qui se dirigeait vers son but, le second apportait pendant toute la durée des matchs allemands l’animation nécessaire aux succès de la Mannschaft. Même quand il ne marque pas, il se montre décisif, comme le prouve le match face à l’Algérie. Après avoir buté encore et encore sur le gardien algérien durant 90 minutes, passant en fin de match tout près d’envoyer ses coéquipiers en quart de finale, il inverse les rôles avec André Schürrle le temps d’un but, pour devenir le passeur et permettre à l’ailier de prendre les Algériens à leur propre jeu en inscrivant une Madjer décisive. Même si l’Histoire se souviendra surtout des arrêts magiques de Neuer et de la reprise de Götze, l’Allemagne n’en serait pas là sans Müller.
Pendant de très longues années, le Ballon d’Or était souvent issu de l’équipe devenue championne du monde ou d’Europe la même année. Le dernier Allemand à avoir reçu le prix en est un très bon exemple : Matthias Sammer. En 1996, la Mannschaft remporte l’Euro anglais, et alors que Bierhoff inscrit les deux buts offrant le premier titre international à l’Allemagne réunifiée, c’est bien son milieu défensif qui reçoit le prix. Sammer n’a rien de glamour, son jeu est loin d’être magique, il joue au Borussia Dortmund, qui est certes double champion en titre, mais qui n’avait rien réalisé au niveau européen depuis une Coupe des Coupes gagnée trente ans plus tôt. Pourtant le choix est tombé sur lui, parce qu’il symbolisait le succès allemand, sa solidité défensive, sa volonté, l’envie de tout donner pour la victoire. Jürgen Klinsmann et Joachim Löw ayant renversé le football allemand, en en faisant un football beaucoup plus offensif, prenant plus de risques, dont le milieu est devenu la nouvelle attaque, Thomas Müller devient le nouveau symbole allemand, un joueur à cheval entre le milieu et l’attaque, rôdant dans la surface, prêt à étendre sa jambe si la balle n’est pas encore au fond, mais toujours avec la volonté de tout donner pour l’équipe, et ce aussi bien en club qu’en sélection.
Raison 3 : il est titulaire indiscutable au Bayern, malgré la concurrence croissante.
Pendant longtemps, on surnommait le Bayern de Munich, le « FC Mannschaft », tant le club fournissait d’internationaux à l’Allemagne. Mais avec l’arrêt Bosman, les Bavarois commencèrent à agrémenter par ci par là leur équipe de quelques joueurs étrangers. Un bon exemple est Bixente Lizarazu, qui a été un des piliers munichois à la fin des années 90 et au débat des années 2000, barrant dans un premier temps la route à un jeune espoir allemand, qui dut être prêté deux saisons au VfB Stuttgart, Philipp Lahm. L’arrivée de Pep Guardiola comme entraîneur est venue renforcer encore un peu plus l’internationalisation du Bayern, avec une arrivée massive de joueurs espagnols et autres espoirs du football européen. Avec ce phénomène, les titulaires allemands indiscutables deviennent de plus en plus rares. Si l’on prend l’exemple de Mario Götze, il avait disputé de la reprise de la Bundesliga à la fin du mois de novembre, moment à partir duquel il a connu quelques pépins physiques, 1053 minutes jouées en championnat et 393 en Ligue des Champions, alors que le Français prêté par la Juventus, Kingsley Coman, en comptait 1260 en Bundesliga et 450 dans la coupe aux grandes oreilles. Une différence conséquente, quand on considère que le premier a sa place quasiment garantie à l’Euro français, alors que le sort international du second reste incertain.
Mais si l’argument du héros de Rio ne vous suffit pas, qu’en est-il du capitaine de la Mannschaft lui-même, Bastian Schweinsteiger ? L’international allemand a été formé au Bayern et il est pour les supporters une icône du club, au même rang que Gerd Müller ou Franz Beckenbauer. Pourtant, durant l’été 2015, il a dû quitter ses terres pour celle du nord de l’Angleterre. Qu’est-ce qui peut bien pousser un tel départ ? L’argent ? L’envie d’ailleurs ? Rien de tout ça : c’est le temps de jeu qui a poussé Schweinsteiger vers la sortie. Son grade de titulaire n’était sous Pep Guardiola plus assuré. A côté de cela, l’Allemand est devenu en quelques mois une des pièces centrales de United, retrouvant même son instinct de buteur passé.
Pourtant, Müller, lui, garde son rang. Il connaît depuis ses débuts, plusieurs entraîneurs, Van Gaal, Heynckes, Guardiola, et avec eux différents schémas tactiques, mais a su maintenir sa place comme pièce maîtresse du jeu à la bavaroise. Des périodes creuses de domination du Borussia et de finales de Ligues des champions perdues, à l’ultra-domination actuelle, en passant par le triplé historique, championnat-coupe-titre européen de 2013, il est toujours là. Si la question d’une titularisation de Messi, C. Ronaldo ou Neymar ne se poserait pas, c’est leur rôle face à leurs coéquipiers qui est posé. Ils les éclipsent au point de les paralyser en cas d’absence, surtout en équipe nationale. Pourtant Müller lui ne s’inscrit pas en tant que joueur, mais en tant que coéquipier. Il symbolise ce qui fait le football dans son essence la plus pure, un sport collectif, joué entre potes, ou l’individu n’est rien sans le collectif. Alors que pendant la Coupe du monde 2014, tout le monde applaudissait l’Allemagne car elle avait une équipe et pas seulement un grand joueur, il est possible de reformuler la phrase qui a fait le tour d’Internet :
« Le Brésil a Neymar, l’Argentine a Messi, le Portugal a C. Ronaldo, l’Allemagne a une équipe… et Müller pour la servir. »
Indiscutablement Thomas muller merite le ballon d’or sur le plan championnat , champions league et évidemment coupe du monde alors que les deux habitués messi, Cristiano Ronaldo ne l’ont pas egalé muller a même eliminé messi en coupe du monde et en champions league de quoi voulez-vous que Thomas muller prouve pour obtenir le ballon d’or ?