La nouvelle saison de Bundesliga a commencé vendredi dernier par le choc entre deux monuments du football allemand : le Bayern Munich a reçu le Hamburger SV. Pourtant, alors que les Bavarois sont des légendes bien vivantes, les dinosaures de la mer du Nord sont en plein déclin. La comparaison avec leurs premiers adversaires de la saison peut déjà servir de preuve numéro 1. En incluant le 5-0 encaissé la semaine passée, sur les 6 dernières rencontres à Munich, les Hambourgeois ont encaissé 36 buts. Chronique d’un club à l’agonie.
Dans les films, il y a toujours ce personnage qui se fait tirer dessus des millions de fois, et qui non seulement survit, mais en plus s’en sort de la plus ridicule des façons. Imaginez une version footballistique de ce type d’histoires, vous commencerez à comprendre ce qu’il arrive au Hamburger SV. Mais le représentant du nord de l’Allemagne n’est pourtant pas à la base pas ce genre de clubs qui jouent le maintien chaque saison et qui se sauvent de justesse grâce à une incroyable série événements.
Le HSV est le seul club qui n’a rien connu d’autre que la Bundesliga depuis la création de la compétition en 1963, et porte comme un badge d’honneur le titre de « dinosaure » du football allemand. Alors que tout le monde se souvient des exploits européens du Bayern, et pour les connaisseurs ceux du Borussia Dortmund, peu de gens se souviennent que les Hambourgeois font partie du cercle des trois équipes allemandes gagnantes de la Coupe aux grandes oreilles, 15 ans avant les Jaune et Noir. Bref, Hambourg fait autant partie du l’histoire du football germanique que la bière de l’équilibre nutritionnel de l’Allemand moyen. Alors comment passe-t-on d’une légende à une équipe qui inspire la moquerie ou la pitié ?
Un premier cataclysme évité de justesse
Dans le stade du HSV est installée une horloge numérique qui compte le nombre d’années, jours, heures et minutes du club du bord de la mer du Nord en Bundesliga. Et par deux fois en deux ans, cette horloge a failli s’arrêter. Durant toute la saison 2013-2014, Hambourg se bat pour se maintenir dans l’élite du football allemand. En Allemagne, le 16e de première division rencontre le 3e du deuxième niveau dans un système de matchs de barrage aller-retour. Depuis la réintroduction du système, seuls deux clubs de 2. Bundesliga ont pu s’imposer.
Hambourg fait face à Greuther Fürth. Le match aller se termine par un triste 0-0. Lors du retour à Fürth, le club de 2.Bundesliga mène 1-0 et voit la première division lui tendre les bras. Pourtant un but est inscrit dans les derniers instants et ce sont les Hambourgeois qui restent en première division grâce au but à l’extérieur, la plus cruelle des éliminations. Cette saison pouvait s’apparenter à un accident. Après tout, Saint-Étienne et Marseille ont bien connu la deuxième division en France avant de revenir en Ligue 1.
Le HSV raillé comme jamais
Pourtant la saison suivante commence aussi mal que la précédente. Un sursaut après la trêve hivernale laisse croire que celle-ci ne serait pas parfaite mais loin d’être aussi catastrophique que la précédente. Cependant rien n’y fait : le HSV est emporté dans la remontée fantastique du Borussia Dortmund qui passe de la 18e à la 7e place en 4 mois, et se retrouve de nouveau à lutter pour le maintien lors de la dernière journée. Le classement est bousculé de tous les côtés, et alors que Fribourg et Paderborn passe à la trappe, Hambourg se retrouve de nouveau à la place du barragiste et doit affronter Karlsruhe.
À l’aller, les Hambourgeois parviennent à faire un match nul un partout chez eux. Encore une fois, le match retour s’annonce périlleux. Et il l’est : Karlsruhe ouvre le score à la 78e et semblent lui aussi promis à un retour en Bundesliga. Mais dans les tous derniers instants du match, Diaz égalise d’un coup-franc somptueux et envoie les 22 acteurs en prolongation. Enfin à la 115e, Nicolai Müller marque le but décisif qui condamne Karlsruhe et sauve Hambourg. Le club s’en sort encore une fois d’un cheveu.
Coïncidence du calendrier, le premier adversaire de Karlsruhe en 2. Bundesliga s’appelle Fürth. Les supporters de ces derniers affichent une grande banderole sur laquelle on peut lire « Hambourg devrait jouer ici aujourd’hui : supprimons la relégation ». Le Hamburger SV est la risée du football allemand : le site parodique « Der Postillon », version allemande du Gorafi, rédige même un article dans lequel est expliqué que le HSV porte deux petits cochons sur son maillot pour avoir gagné deux matchs de relégation. En allemand, « Schwein haben », signifie littéralement « avoir du cochon », mais surtout « avoir de la chance ». Car il faut l’admettre : ces deux scénarios incroyables sont plus que chanceux et apparaissent comme des guérisons provisoires à un mal beaucoup plus profond.
Les joueurs de l’équipe sont suffisamment bons pour normalement jouer au minimum le milieu de tableau, mais ils sont à l’image du club : des has-been. Van der Vaart était revenu au club, après avoir tenté l’aventure à l’étranger, sans succès, le poussant de nouveau vers la sortie. Adler rate la Coupe du monde 2010 à cause d’une fracture de la cote et ne reviendra plus jamais le numéro 1 en équipe d’Allemagne, beaucoup de joueurs comme Diekmeier, Holtby ou Lassoga avaient une chance de s’installer dans la Mannschaft mais les performances de leur club les tirent vers le bas. Olic, ancien du Bayern, n’est plus que l’ombre du buteur qu’il fût il y a quelques temps encore. Après un nombre incalculable de changements d’entraîneurs sur ces deux dernières années, Hambourg a-t-il la moindre chance d’un minimum de stabilité ? Certains supporters sont tellement furieux contre la gestion de leur club de cœur, qu’ils ont créé un club alternatif, comme les anciens fans de Manchester United. Mais ceci est une histoire à raconter une prochaine fois.