Dans un Vélodrome surchauffé, Paris a sûrement écarté l’OM de la course au titre. Une partie à l’image de l’OM de Bielsa : généreux offensivement, mais puni par la faiblesse de son arrière-garde et de sa transition défensive, dans un système d’attaque indissociable de la prise de risque.
- Motta-Verratti : marquages et démarquages
C’était déjà un fait tactique du match aller : la victoire de la relance parisienne sur le pressing marseillais. Ça a été dit et re-dit : Bielsa base son système sur une défense individuelle stricte. En plus des marquages derrière, le coach argentin s’accorde un défenseur libre. Conséquence : si les centraux de l’OM sont à 2 sur Ibra ; Gignac et Payet sont à 2 contre 3 face à la charnière du PSG, et au milieu qui décroche, en l’occurrence Verratti.
Le porteur du ballon ne pouvant pas raisonnablement être laissé libre, les moments où les marquages doivent être échangés par les joueurs offensifs de l’OM sont les plus délicats à gérer. Et face à des relanceurs que Bielsa qualifie lui-même comme les meilleurs au monde, l’OM a peut-être manqué de rigueur – notamment Payet, comme à l’aller – malgré la générosité de Gignac.
Sur le but de Matuidi, il suffit d’un « passe-et-va » à Motta pour éliminer Gignac, alors que Payet ne gêne pas Silva, et que Mendy est déjà loin de Verratti. La chaine de marquages cassée, chacun doit à la fois défendre son joueur et garder en vue celui (libre) qui a le ballon. Fort d’un temps d’avance sur Dja Djédje, Matuidi en profite pour le crocheter, avant de trouver la lucarne de Mandanda. Du pied droit. La seule séquence sur laquelle le duo italien a été pris à défaut est celle du 2-1, Thiago Silva étant trop loin du porteur pour permettre à Paris de profiter du surnombre décrit plus haut.
Les Marseillais ont aussi sûrement été surpris par la position haute de Motta et plus basse de Verratti, alors que leur entraineur s’attendait à l’inverse.
- Mauvais choix marseillais : l’axe, c’est la mort
Devant, les permutations de Cavani et Ibra ont aussi beaucoup gêné l’OM. Sur la première (énorme) occasion de Pastore, l’Uruguayen quitte son aile droite pour investir la zone de Fanni. À ce moment là, Mendy – qui est donc censé être le 4e défenseur – est déjà loin, car sollicité par l’attaque placée dans le camp adverse. Le système défensif de l’OM explose et plus personne ne peut couvrir Romao quand Pastore attaque l’espace.
Là, Djédjé peut mesurer les conséquences éventuelles de son mauvais choix. Le système de Bielsa implique une grosse occupation du camp adverse, et une projection massive pour réceptionner les centres. L’OM de l’Argentin, c’est beaucoup de joueurs (6) face au porteur du ballon, pendant la construction. Autant qui seront immédiatement éliminés s’il est perdu. Sur le but de la victoire, c’est la même erreur qui est sanctionnée : un OM qui tricote au cœur du jeu, au lieu d’aérer vers le côté opposé.
Par manque de spontanéité et de largeur, l’OM aurait pu se faire punir dès l’entame en jouant trop petit dans l’axe. Dès les premiers instants du match, Morel touche Ibra dans la surface après avoir refusé un jeu long qui s’imposait.
Si les Olympiens ont commis des erreurs qui leur ont coûté cher, au-delà de leur faiblesse défensive, le schéma offensif a immédiatement porté ses fruits quand il a bien été appliqué. Gignac a marqué son 17e but de la saison sur une action typiquement « bielsienne » : pressing, récupération haute, renversement, centre et tête rageuse de l’avant-centre. Le même schéma aurait pu permettre à l’OM d’obtenir un penalty en seconde mi-temps.
De la spontanéité et de l’agressivité offensive : tout le football de Bielsa est dans ces deux séquences.
- L’OM trop léger derrière, Paris au-dessus de chaque côté du terrain
La rencontre bascule au retour des vestiaires, Paris revenant avec d’autres intentions sur le terrain. Dès le coup d’envoi, le PSG va chercher l’OM très haut et l’oblige à récupérer – ou dégager de – très bas. Marquinhos prend ses responsabilités offensives, et Ibra tracte Fanni avant de servir Matuidi. Incapables de contenir le PSG, les Marseillais craquent sur un coup de pied arrêté. Le match aurait pu basculer dans l’autre sens si Payet avait accroché la lucarne de Sirigu, alors que Lemina et Djédjé avaient résisté au pressing.
À ce moment-là, impossible de ne pas prendre en compte l’écart abyssal de qualité individuelle entre les attaquants parisiens et les défenseurs marseillais. Blanc et Bielsa luttent à armes inégales quand l’ancien avant-centre du Barça fait face aux anciens latéraux de Rennes et Lorient. Privé de son seul défenseur de niveau continental, l’OM n’a pas pu tenir quand Paris a accéléré.
De l’autre côté du terrain, les Marseillais ont connu d’énormes difficultés à contenir la mobilité et la qualité de passe du duo Motta-Verratti. Devant, les déplacements intérieurs les ont aussi gêné, et, même en surnombre, leur défense a craqué face à la puissance du PSG.
Victor