Dans l’explication du succès, l’attention est bien souvent portée sur le mérite qui incombe aux joueurs, à l’entraîneur voire au président. Pourtant, dès sa nomination, van Gaal a pris soin de bien s’entourer. Le jeune entraîneur a construit une véritable structure avec au centre de celle-ci, son staff. Zoom sur ces hommes de l’ombre sans qui l’Ajax ne serait pas l’Ajax.
« Quand vous êtes coach dans un grand club, il vous est impossible d’être un expert en tout. La bonne méthode est d’avoir une équipe des meilleurs spécialistes autour de vous pour qu’il vous aide sur les choses dont vous n’êtes pas expert », Johan Cruyff.
Le head scout : Anton « Ton » Pronk
Quand on demande à Louis van Gaal sa contribution majeure au club, ce dernier répond : « La plupart des gens vont considérer que c’est la façon dont j’ai fait jouer l’équipe et les titres que nous avons glanés. Personnellement, je pense que la contribution la plus importante est la manière dont j’ai fait des changements cruciaux dans l’organisation du club durant ma première année à l’Ajax. Le club a été divisé en deux sections distinctes : le centre de formation et la section professionnelle. Ton Pronk est devenu un élément important au sein du club. Non seulement il était l’assistant du directeur de la section jeunes, Co Adriaanse (portrait à suivre dans le 3ème volet, ndlr), mais il était également mon assistant et ‘head scout’. Il faisait donc le lien entre la section jeunes et la section pro. L’Ajax lui doit beaucoup. »
Qui est Ton Pronk ? Un ancien joueur du club avec 337 matchs au compteur entre 1960 et 1970 mais qui arrêta sa carrière à l’Ajax avant que Rinus Michels ne révolutionne le football européen et que Johan Cruyff ne devienne légende. Après avoir joué la finale de C1 1969 contre l’AC Milan (perdue 1-4), il continuera à jouer à Utrecht avec l’idée d’être coach à la fin de sa carrière. En 1976, Tomislav Ivić lui propose de s’occuper du scouting de l’Ajax. Un poste qu’il ne lâchera plus jusqu’à l’arrivée de van Gaal. Sa capacité à enrôler des joueurs en accord avec la philosophie de jeu de l’Ajax lui a valu un surnom : « Ajax 007 ».
L’adjoint : Gerard van der Lem
Au début des années 1990, les équipes de jeunes étaient sous la responsabilité de quatre coachs présents à plein temps : van der Lem, Ton Pronk, Antoine Kohn et le coordinateur, Louis van Gaal. Une gestion jusque-là unique aux Pays-Bas. 29 septembre 1991, van Gaal est promu en lieu et place de Leo Beenhakker. L’ère du duo van Gaal-van der Lem (assistant-coach) est née, et la vie au sein du club ne sera plus la même.
Louis van Gaal et Gerard van der Lem ont peut-être été les responsables de la transition la plus délicate à opérer compte tenu de la quantité de joueurs talentueux dont disposait le club. Coach des jeunes d’Haarlem (d’où est sorti Ruud Gullit), en avril 1990, van der Lem âgé de 37 ans, reçoit un appel de Leo Beenhakker alors coach de l’Ajax. Van der Lem pense que l’appel a pour objet la volonté de connaître le prix d’un joueur (Arthur Numan) quand Beenhakker lui répond qu’il s’agit d’une proposition qui le concerne, celle de prendre en main les équipes de jeunes de l’Ajax (des U16 aux U18). Surpris, il n’accepte pas le poste de suite. Il voit dans un premier temps cette proposition comme un retour en arrière et s’il accepte, sait qu’il devra cohabiter et s’entendre avec le coordinateur des équipes de jeunes : Louis van Gaal, déjà connu pour ses idées singulières. La décision est d’autant plus difficile à prendre qu’il reçoit parallèlement des offres d’autres clubs. De nouvelles discussions ont lieu et van der Lem veut absolument tout savoir du club. Il demande à assister à la préparation de l’équipe première avant les matchs importants afin de percevoir la teneur du discours ainsi qu’aux sessions d’entraînements. Et quand Beenhakker lui promet un droit de regard sur le onze, l’homme est décidé à signer le contrat de deux ans qui doit le lier au club.
Van Gaal et van der Lem ont des caractères opposés, mais quand il est question de football, les deux hommes sont de vrais siamois. Pointilleux, méthodiques, obsessifs. Chaque semaine, les deux coachs discutent des plus petits détails sur les exercices d’entraînements, le choix de l’équipe, les relations internes et sur la stratégie à adopter face à l’adversaire. Dans la transmission du savoir, van der Lem n’a rien à envier à van Gaal, mais l’adjoint préfère échapper aux questions d’après-match pour se retrouver seul, verre de whisky en main. Répondre aux journalistes est une tâche qui incombe à van Gaal et à lui seul. Son opinion, van der Lem préfère la réserver pour les meetings de l’équipe ou ceux entre coachs.
Le spécialiste des gardiens : Frans Hoek
Ajax, FC Barcelone, Bayern Munich, et aujourd’hui Manchester United; Frans Hoek est un fidèle de van Gaal. Après sa carrière de joueur (à Volendam, 1973-1985), Hoek devient coach des gardiens pour transmettre les caractéristiques et son amour du poste. Il est l’un des premiers à avoir analysé le travail de gardien de but en détails, à avoir mis son savoir-faire sur papier si bien que ses vidéos de coaching sont devenues des bibles à travers le monde. C’est grâce à Frans Hoek si Edwin van der Sar est devenu le meilleur gardien du pays, s’il a été sélectionné par l’équipe nationale des Pays-Bas et s’il a longtemps été considéré comme le meilleur gardien du monde.
Hoek a ensuite emmené sa science en suivant van Gaal à Barcelone pour faire jouer Victor Valdés comme n’importe quel autre joueur de champ. « J’ai eu la chance de croiser van Gaal. Sans lui, je ne serais sûrement pas là aujourd’hui, assure le gardien catalan. […] Quand van Gaal est arrivé, Frans Hoek a insisté pour que les gardiens participent aux « toros » et aux exercices avec le ballon avec le reste des autres joueurs. Il voulait que les gardiens fassent partie des séances de conservation de balle. »
Cette saison, à Manchester United, David De Gea tend à croiser la même trajectoire que ses aînés et semble apprécier les méthodes de son entraîneur : « Pour moi et les autres gardiens de but, ça a été une nouvelle façon de voir l’entraînement. Frans connait absolument tout du poste. Que ce soit dans le positionnement, le jeu au pied… tout. C’est l’un des meilleurs que j’ai eu. Il veut qu’on travaille avec nos pieds. La construction est très importante pour lui », a confié le jeune gardien à la chaîne officielle du club.
L’éternel assistant, spécialiste de la remise en forme : Bobby Haarms
Il a été l’assistant de Rinus Michels, Stefan Kovacs, George Knobel, Hans Kraay, Tomislav Ivić, Cor Brom, Leo Beenhakker, Johan Cruyff, et Louis van Gaal. Cet homme, c’est Bobby Haarms. Un assistant réputé pour sa loyauté qui a tout connu au sein du club. Toutes les émotions et tous les postes : recruteur, entraîneur des jeunes, entraîneur-assistant et entraîneur de remise en forme. De Goede Beul (« Le bon bourreau ») est la figure historique du club.
Une figure respectée à l’Ajax pour son ancienneté et ses qualités de coach, celles de remettre en forme individuellement les joueurs de retour de blessure par ses exercices aussi éprouvants qu’efficaces. Une récupération qui repose évidemment sur le dépassement de soi mais qui, aussi, ne se conçoit pas sans ballon : « Les sessions d’entraînement commencent avec un échauffement. Les muscles doivent être préparés pour l’effort à venir, et le joueur doit aussi être dans le bon état d’esprit. La plupart savent ce qui les attendent, ils savent ce que ça ne va pas être facile. Ils doivent donc être prêts physiquement, mais aussi être dans le bon état d’esprit. C’est d’ailleurs peut-être le plus important. Les sessions se déroulent du début à la fin avec ballon. La plupart des choses que vous devez faire sans ballon sont abrutissantes. Or, la balle distrait le joueur de sa blessure. Il doit penser au ballon, pas à la blessure. »
Spécialistes de la coordination des entraînements et de la préparation physique : László Jámbor et Jos Geysel
Avec un jeu axé sur la qualité des déplacements et des mouvements, l’Ajax de van Gaal est devenu une exception dans le football européen en employant un coach spécialisé dans la course, un « running coach ». Après sa promotion, l’idée tenait particulièrement à cœur de Louis van Gaal, lequel choisira László Jámbor (photo ci-dessous) pour le poste. Jámbor est un physiothérapeute hongrois et ancien joueur de basket. Après sa carrière, il devient un coach reconnu en Hongrie, enseigne la technique, la tactique et comment maintenir sa forme par de simples principes physiologiques au sein des académies sportives du pays. C’est cette facette qui plaît à l’Ajax. Intégré au staff, Jámbor travaille tous les jours avec les équipes de jeunes à la demande de van Gaal. Pendant 8 ans, le physio est consulté quotidiennement sur l’état et l’intensité de l’entraînement ainsi que sur la récupération des joueurs blessés. Les résultats ont vite suivi : sous ses ordres, tous les joueurs, de tout âge, se sont montrés plus rapides et mobiles que leurs adversaires.
Sous son égide aussi, le programme du centre de formation met beaucoup l’accent sur l’explosivité, le jeu de jambes et les activités de coordination. Pourquoi ? « Le système nerveux est si important qu’il s’apparente aux mains. Des mains à développer avant les pieds. C’est la raison pour laquelle, quand vous commencez à travailler avec des jeunes joueurs, il est important de ne pas rester focaliser sur l’exercice en soi, il faut rester concentré sur le jeu de jambes à adopter. Le système nerveux est prêt pour ça. C’est une question d’entraînement. De coordination entre le système nerveux et le jeu de jambes. Un bon jeu de jambes est crucial pour n’importe quel joueur. Vous avez besoin d’adapter votre manière de courir en fonction de la situation. Constamment. La philosophie de l’Ajax demande à ses jeunes d’intégrer ces principes dès le début de leur formation. Cela doit déboucher sur une meilleure adresse dans l’exécution. C’est pourquoi nous entraînons les joueurs à des éléments tels que le taux de foulée, comment pousser sur ses pieds avant une course, et la capacité à se tourner rapidement. »
Van Gaal lui-même a ses propres idées. Des idées qu’il ne pouvait appliquer qu’à l’Ajax. « Il est vrai que j’ai eu le champ libre pour essayer des choses que je n’aurais pas pu faire dans un autre club. J’ai mes propres idées à propos de l’entraînement physique. J’ai dû prendre les choses en main. La manière dont vous vous entraînez est importante. Vous voulez des joueurs mentalement prêts ou juste vous assurez qu’ils soient en bonne condition physique ? L’autre élément crucial selon moi, c’est que nous avons suivi une approche physiologique totalement différente de ce qui se faisait jusque-là. Jos Geysel, un physio externe, m’a convaincu sur ce point. Sa vision de l’entraînement physique est totalement différente de l’enseignement habituel sur le sujet. Il est usuel d’enseigner que l’endurance est la base la plus importante pour les joueurs de football. Or, pour Geysel, le tissu musculaire est différent si vous vous concentrez trop sur le travail d’endurance. Il est par conséquent important d’éviter un excès d’acidification des muscles au début de la préparation physique […]. »
La redéfinition des tests physiques
Pour mener à bien leur mission, les assistants peuvent être amenés à discuter certains procédés. Par exemple, les tests de préparation physique jusque-là en pratique ont été remis en question avant d’être simplement et purement remplacés. Avec la pression constante du staff de l’Ajax pour évaluer et ajuster toutes sortes d’aspects, les joueurs sont régulièrement confrontés à des tests. Et il y en a un qui est particulièrement tabou à l’Ajax et que beaucoup de coachs utilisent pour préparer la saison : le test de Cooper (parcourir en 12 minutes la plus grande distance possible), jugé trop peu pertinent pour le club.
L’Ajax s’est donc mis à utiliser une autre méthode pour évaluer la condition physique de chaque joueur.
« Une méthode en 3 temps, nous explique Jos Geysel. D’abord, faire 3 séries de 5×10 yards (1). Après 5 minutes de récupération, faire des allers-retours de 10, 20, 30, 40, 50 yards à pleine vitesse, soit 300 yards (2). Puis, après 10 minutes de récupération, les joueurs doivent courir 20 yards à une vitesse donnée. On commence à 8 km/h, et on augmente la vitesse au fur et à mesure de l’exercice pour évaluer la capacité de résistance (3). Avec les résultats de ces exercices et le profil de chaque joueur, le club a la possibilité d’évaluer la condition physique de chacun. La condition physique étant la synthèse du sprint, de la vitesse et des qualités d’endurance en rapport avec le corps du joueur. Cela engage beaucoup plus que l’endurance mesurée par le test de Cooper. Les premiers résultats se sont révélés décevants puisqu’en moyenne, l’équipe de hockey était plus rapide ! En concertation avec le staff, on a alors intégré plus de travail sur de plus courts intervalles lors des sessions d’entraînement. Et après une saison, les joueurs ont eu de meilleurs résultats que l’équipe de hockey. La nouvelle approche a donc obtenu les résultats escomptés. Le crédit en revient à Jámbor qui a immédiatement été capable de traduire ce qu’il fallait changer pour adapter les exercices dans le cadre footballistique. Il ne fait aucun doute que le background de Jámbor dans le basket n’y est pas étranger. Plus largement, on a su s’adapter aux types de courses caractéristiques du football. Contrairement à d’autres athlètes, les joueurs de foot ont besoin d’encaisser un rythme très soutenu. Constamment, ils ont besoin d’accélérer, de ralentir brusquement, de gérer des courbes, de slalomer et de tourner. Ce sont des aptitudes qui doivent être travaillées. »
Car pour Jambor, au très haut niveau, ce qui fait la différence entre une bonne équipe et une grande équipe, c’est la qualité des sprints.
« En général, les grands joueurs non seulement partent plus vite, mais choisissent plus souvent le bon moment pour partir. Lors des grands matchs, il y a de nombreuses situations où tu as besoin de sprinter. C’est pourquoi à l’Ajax on met l’accent aussi bien sur la technique de démarrage que sur celle de la vitesse. Le travail physique est inhérent à la philosophie de l’Ajax, donc par extension, l’entraînement de la vitesse doit toujours servir au football. Il ne doit pas être considéré comme une discipline indépendante. Vous ne devez jamais simplement vous entraîner pour la vitesse, vous devez toujours vous demander quelle sorte de vitesse vous avez besoin en fonction de la situation. La façon dont l’entraînement de la vitesse se déroule est par conséquent directement guidée par l’analyse de ce que vous avez besoin. Tous les exercices sont typiques de situations de matchs. » […] « Les aspects les plus importants sont le départ, le démarquage et le mouvement déguisé. Ce sont tous les mouvements sans ballon, ce qui demande de la communication entre coéquipiers. C’est une question de lecture et d’anticipation. D’anticiper les mouvements de chacun. Cela demande beaucoup d’entraînement. C’est pourquoi, nous nous concentrons autant sur les petits jeux, et notamment ceux sur le positionnement. » […] « Le football, ce n’est pas combien de kilomètres vous pouvez courir – le ballon est censé faire le travail. Vous devez souvent sprinter, dès que l’équipe a le ballon et quand vous avez le ballon. Répéter et maintenir l’effort de faire ces sprints courts, c’est ça qui compte. C’est ce qui est demandé pour le très haut niveau. Et c’est ce que nous prônons à l’Ajax : jeu de jambes très rapide, contact court avec le sol, rotation rapide et courses, même quand les joueurs sont extrêmement fatigués. La très haute intensité est la principale caractéristique des entraînements de l’Ajax depuis l’arrivée de van Gaal. »
La quête sans fin de la perfection
À l’époque, malgré l’intégration de nouvelles méthodes, son discours limpide et son pointillisme, Louis van Gaal divise. Déjà. Raillé pour sa communication froide et sa personnalité d’entraîneur-dictateur, l’homme se défend d’être exigeant. Simplement.
« Souvent, les médias me présente comme une figure autoritaire, qui sait tout… Les personnes qui travaillent avec moi tous les jours le savent. Tous les jours, j’apprends quelque chose de nouveau des gens qui m’entourent. Des joueurs, du staff médical, de mes assistants. Le jeudi, on discute individuellement avec chaque joueur. Je demande aussi à tout le monde de me dire ce que chacun a pensé du match précédent et de me dire ce qu’ils pensent du prochain adversaire. Je parle aux joueurs tous les jours. C’est mon devoir en tant que leader d’équipe. Je fais ainsi ma sélection avec toutes les informations disponibles. Ensuite j’attends de tout le monde de soutenir cette ligne en public parce qu’autrement, ça cause des problèmes. »
Une communication propice au dialogue et à l’unité qui permet de laisser place à l’innovation et ce d’où qu’elle vienne : « On a probablement marqué 20 buts sur corner il y a 2 saisons (saison 1994-1995). Le point important sur cet aspect est que l’on a emprunté le principe du ‘pick’ du basket. Cela signifie qu’avant que le corner soit effectué, Frank de Boer court vers l’un des défenseurs qui est censé marquer un de nos attaquants pour le bloquer de manière à libérer un de nos attaquants de tout marquage. D’autant que bien souvent, Frank était suivi par celui qui le marquait. » […] « Mais c’est juste un point de détail sur la manière d’appréhender les corners. Vous pensez toujours à ce que vous pouvez faire pour ces situations. Les joueurs peuvent vous donner des idées. Et celle-ci venait de Frank de Boer, c’est lui qui m’a suggéré l’idée du ‘pick’. Vous êtes toujours à la recherche de nouvelles solutions, vous en discutez avec le staff, les joueurs, et eux-mêmes les essaient à l’entraînement. »
Van Gaal coordonnait les travaux de chacun des assistants et supervisait lui-même l’ensemble de séances spécifiques. Tous les jours, van Gaal conversait avec ses assistants, signe de la constante recherche de la perfection. « Il revient à tout le coaching staff le fait de ne pas être complaisant et de ne pas se reposer sur nos lauriers. Les coachs ont pris la peine de garder chacun des joueurs concernés. Le principe est que tout ce qui peut être amélioré, doit être amélioré. C’est la ligne de conduite de chacun. Toutes les étapes sont enregistrées sur papier et évaluées. Après chaque week-end, les données des 176 joueurs sont enregistrées dans l’ordinateur. Ces données peuvent être rappelées en cas de contre-performance d’une des équipes. »
Et l’élément qui revenait le plus souvent dans les discussions, c’est le jeu de passes.
« Dans la vision ajacide, c’est l’élément le plus important du jeu de l’équipe, celui qui n’est jamais assez travaillé, assure Jos Geysel. Les exercices de passes sont constamment ajustés en fonction des discussions, si bien qu’en l’espace de deux ans, les exercices ont totalement changé. Les familières triangulations, les exercices d’appels, de contrôle de balle et d’exécution sont devenus beaucoup plus complexes. Le joueur sans ballon doit strictement signaler ce qu’il veut à tel moment. Pas trop tôt, et surtout pas trop tard. Quand faut-il commencer sa course, à quelle vitesse transmettre le ballon, comment le déposer sur le pied fort du partenaire, etc. ? Toute l’attention est vouée à ce genre de détails. »
Geysel, témoin de cette rigueur à toute épreuve, poursuit : « Deux jours après une défaite de l’équipe nationale des Pays-Bas, van Gaal avait demandé à Jámbor de donner aux internationaux néerlandais une session exténuante de départs de courses (1) et de sprints (2). Un exercice habituellement demandé après un jour de repos (les joueurs sont généralement moins appliqués physiquement et mentalement à l’entraînement). Puis, quelques semaines plus tard, malgré une victoire importante de l’équipe nationale, van Gaal a demandé aux internationaux de faire un exercice de passes sur espaces réduits avec la consigne particulière de l’effectuer à vitesse élevée pour faire garder à l’esprit aux joueurs l’importance d’être vif et alerte. Par conséquent, les joueurs ont à la fois travaillé le départ de courses (1), le sprint (2) et la vitesse d’exécution (3) avec ballon. »
Une manière de vite remontrer aux joueurs la réalité de la vie ajacide. Une victoire aussi importante soit-elle n’exempte pas le travail, et surtout pas le relâchement.
Pour en savoir plus : The Coaching Philosophies of Louis van Gaal and the Ajax Coaches, de Henny Kormelink et Tjeu Seeverens