Au Real Madrid comme avec la sélection espagnole, Xabi Alonso est une pièce maîtresse Éclipsé par Ronaldo, Benzema, Ozil ou par Iniesta, Xavi et Silva selon la tunique qu’il enfile, il n’en demeure pas moins un rouage essentiel dans le milieu de terrain du Real et de la Roja. Décryptage.
Titulaire au sein de la Roja depuis de nombreuses années, Xabi Alonso, l’enfant de San Sebastian, n’en a pas moins un parcours atypique. A l’opposé des Xavi, Iniesta ou Busquets.
Oui il n’a pas été formé à la Masia, le centre de formation le plus réputé au monde. Oui il a dû s’exiler en Angleterre pour mieux rebondir au Real. Mais Xabi Alonso avait un parcours déjà tracé …
A dix-neuf ans, le fils de Miguel Angem Alonso dit Periko, international espagnol, est déjà capitaine de son équipe de cœur la Real Sociedad, alors entrainée par le français Reynald Denoueix et qui manqua de peu la Liga (La Real Sociedad terminera finalement 2ème à deux points du Real Madrid, champion).
Cette saison 2002-2003 fut celle de la révélation pour le jeune basque qui est auréolé du titre de meilleur joueur espagnol de la Liga. Bien qu’il achève son histoire d’amour avec la Real prématurément pour signer à Liverpool en 2004, Xabi Alonso n’en oubliera pourtant pas ses origines. En effet, six ans après son départ du club basque, lors de la célébration de la victoire espagnole à la Coupe du Monde 2010, Xabi Alonso, malgré ses passages réussis à Liverpool et actuellement au Real, arpente fièrement sur ses épaules une écharpe de la Real Sociedad. Un signe qui montre l’attachement de l’enfant basque envers le club qui l’a fait grandir et progresser.
Le régulateur du jeu madrilène
Arrivé au Real Madrid à l’été 2009 dans l’ombre des Ronaldo, Kaka ou encore Benzema, il n’a pas mis longtemps à gagner sa place de titulaire. Au point d’en devenir l’un des cadres du vestiaire aujourd’hui, au même titre que Casillas ou Sergio Ramos.
Mais le natif de Tolosa s’est surtout imposé sur le terrain comme le patron du milieu de la Maison Blanche.
Il forme avec Sami Khedira l’un des milieux de terrain les plus performants et solides d’Europe. Profitant du travail de sape de l’allemand, il peut se projeter vers l’avant mais surtout orienter le jeu comme bon lui semble. Les formations qui affrontent le Real Madrid jouant très bas, il profite d’une grande liberté et peut alors balancer ses transversales de 40 mètres ou trouver l’intervalle pour servir en profondeur Cristiano Ronaldo ou Angel Di Maria. S’il préfère toutefois jouer bas pour pouvoir voir tout le jeu et diriger son équipe tel un général, il fait parfois office de meneur de jeu quand Ronaldo prend l’axe et Ozil le flanc gauche. Mais il ne faut pas oublier que Xabi Alonso est à la base un milieu récupérateur, adepte des tacles intelligents et des récupérations de balles efficaces. Son sens du placement est inégalable comme l’approuve son premier entraîneur à la Real Sociedad, Roberto Montiel : « Il avait une très bonne protection de balle et un sens du placement déjà presque parfait ».
Xabi Alonso est devenu immédiatement un homme de base de Mourinho qui aime avoir des guerriers au milieu de terrain qui savent également manier le cuir avec élégance et talent.
Plus discret dans le jeu avec la Roja mais toujours autant efficace
Cela vous a peut-être échapper mais Xabi Alonso a été peut-être l’un des meilleurs espagnols de l’Euro après Iniesta. Seulement, les yeux braqués sur les autres constellations espagnoles (Xavi, Silva, Fabregas), les fans de football ne s’aperçoivent que trop peu à quel point le travail de Xabi Alonso, avec Busquets, harcelle l’équipe adverse et permet à l’équipe de Vicente Del Bosque de contrôler le jeu et d’avoir un grand pourcentage de possession de balle.
Si avec le Real Madrid Xabi Alonso joue un rôle important dans la construction du jeu, il a un rôle moindre dans le jeu avec sa sélection. Si l’Espagne joue sur le papier en 4-5-0 elle évolue en réalité en 4-2-4 avec cette ligne de récupérateurs Xabi Alonso-Busquets avec, devant eux, les créateurs habituels (Xavi, Iniesta, Silva, Fabregas).
Si l’on compare souvent l’équipe d’Espagne au Barça, il est intéressant de constater que sur plusieurs points, l’attitude des joueurs est différente.
Le pressing est un de ses points. Le Barça, aussitôt le ballon perdu, se rue au pressing pour le récupérer en opposant une première ligne pour empêcher la relance adverse (Iniesta – Messi – Sanchez) .
L’Espagne, elle, ne le fait pas et laisse le temps à ses adversaires de ressortir le ballon sans être trop inquiétés. Ce manque de pressing s’explique sans doute par le positionnement de l’avant-centre (Messi au Barça, Fabregas en Espagne).
Avec le Barça l’argentin s’intercale entre les deux défenseurs centraux pendant que ses deux compères (Sanchez et Iniesta) viennent bloquer les côtés en avançant. C’est tout le bloc équipe qui avance et l’adversaire est alors pris à la gorge et n’a pas d’autres solutions que de balancer de longs ballons devant pour repousser le danger un instant. Le bloc équipe ayant considérablement avancé, l’équipe adverse se retrouve ainsi de nouveau en danger. C’est ainsi que l’ex-équipe de Pep Guardiola met l’équipe adverse en danger pendant quasiment la totalité des 90 minutes, ne relâchant jamais la pression.
Or au sein de la Roja c’est Fabregas qui a occupé la plupart du temps la pointe de l’attaque. Mais l’ancien joueur d’Arsenal n’a pas le placement d’un véritable attaquant ce qui le laisse quasiment sur la même ligne que Iniesta et Silva. Les défenseurs centraux ayant plus ou moins le temps pour relancer, ils peuvent plus facilement trouver les décalages pour se projeter rapidement vers l’avant et faire mal à l’équipe de Xavi. L’équipe d’Italie a parfaitement su insisté sur cette faillance côté Roja pour la mettre en difficulté de nombreuses fois dans le match de poules où les deux formations s’étaient quittées dos à dos (1-1).
C’est ainsi que pendant cet Euro 2012, l’Espagne a montré de nombreuses failles défensives (contre l’Italie donc mais aussi la Croatie).
Mais si l’organisation espagnole a tenu et ne s’est jamais coupée en deux malgré les difficultés rencontrées c’est grâce au travail du duo Busquets – Xabi Alonso.
Pourtant pas rassurés par leur défense très fébrile, les deux hommes ont brillés dans l’entrejeu de la Roja. Le blaugrana et le merengue ont montré un sens du placement au dessus de la normale. Intelligents dans le jeu, ils ont stoppés avec autorité bon nombre de contre-attaques pouvant mettre en difficulté Casillas.
Xabi Alonso a peut-être été avec son coéquipier en club Khedira, le joueur le plus régulier de cet Euro 2012, multipliant les interceptions de balles et les duels gagnés.
Celui qui a scoré par deux fois contre la France a été également très utile quand il a fallu jaillir sur les milieux adverses quand son équipe fût sous pression (voir ses jaillissement sur Marchisio et Montolivo contre l’Italie).
Par son indispensable travail, l’ancien joueur de la Real Sociedad permet, en les soulageant de travail défensif, de faire briller les Xavi, Iniesta, Silva et autre Fabregas comme l’approuve celui qui l’a fait débuté sous la tunique espagnole, Inaki Saez : « La grande force de Xabi, c’est qu’il ne perd jamais la position. Il représente la rigueur absolue, ce qui est nécessaire en sélection pour que les Xavi, Iniesta ou Silva puissent jouer librement ».
Enfin reconnu à sa juste valeur après deux saisons abouties au Real, le Basque fait désormais partie des milieux défensifs les plus performants au monde. Et malgré son âge (31 ans), nul doute qu’il fera souffrir ses adversaires encore pas mal de temps. Ça tombe bien, on annonce son retour à la Real Sociedad pour cet été. Histoire de boucler la boucle…