Après avoir recruté les attaquants de pointe Maxi Gómez et Sergio León, Valence et Levante semblent avoir trouvé les profils idéaux pour profiter de grands services dans le jeu et combler les besoins de leur animation offensive.
Valence – Maxi Gómez
À quel moment les qualités d’un joueur, en l’occurrence ici maître dans le jeu de soutien par ses déplacements et arme de déséquilibre par sa valeur technique, l’entraînent à évoluer dans chaque club par lesquels il passe, dans un moule bien défini, malgré une différence de philosophie ? C’est la question que l’on se pose en observant le transfert de Maxi Gómez à Valence pour renforcer l’équipe de Marcelino mais surtout, pour alimenter Rodrigo Moreno. Après Cardozo, Lima, Negredo et Zaza, l’ancien du Benfica Lisbonne connait un nouveau phare.
En recrutant Maxi Gómez cet été, Valence a retrouvé un élément offensif précieux pour le jeu de Marcelino mais qu’il manquait depuis le départ de Simone Zaza au Torino en 2018. Dans les circuits de passe du jeu vertical de l’entraîneur espagnol, Rodrigo est le joueur qui relie depuis des passes expédiées de plus bas et notamment de Dani Parejo. Seulement, les mouvements de l’attaquant passé par le Real Madrid avec et sans ballon exigent la présence d’une référence solide à ses côtés. Lors de la saison 2017-2018, l’association Rodrigo-Zaza (29 buts cumulés en Liga) avait menée Valence à des résultats fantastiques et à trois points du podium de la Liga.
Dans ce contexte, le profil de Maxi Gómez peut être fondamental. Le jeune Uruguayen (22 ans, 1m86, 91 kg) est capable de répondre aux besoins de l’animation offensive de Marcelino en trois coups. D’abord, en s’amusant à fixer la hauteur de la ligne défensive dos au but ou dans la profondeur, il offrirait à Rodrigo la liberté de dézoner, d’apparaître entre les lignes et de participer au jeu plus bas. Car il mêle des qualités dans le duel physique mais aussi de mangeur d’espaces. Puis, dans le jeu direct. Dos au but, grâce à l’utilisation de son corps et sa qualité de déviation de la tête et du pied, il serait une option de passe impérissable tant il est efficace dans ce domaine. Enfin, dans la surface adverse. C’était la plus grande difficulté du Valence 2018-2019, celle d’avoir manqué d’un joueur brut et instinctif dans les derniers mètres pour transformer les occasions en buts. Or Maxi Gómez fait partie de cette famille d’attaquant rustre. À la Diego Costa.
Autant que la comparaison entre l’attaquant uruguayen et l’attaquant espagnol est cohérente, avec ce transfert, le rapprochement s’opère entre les mécanismes préparatoires de Valence et de l’Atlético Madrid. Les deux équipes, misent beaucoup sur la formation de triangles et d’appuis-soutiens pour créer des décalages et donner la vie à des joueurs libres lancés dans l’espace, qu’ils soient des milieux ou des attaquants. Avec Maxi Gómez comme pointe de ces micro-sociétés dans la recherche du troisième homme, comme l’est Diego Costa dans son équipe, c’est l’éclosion du jeu de Rodrigo, Gonçalo Guedes, Carlos Soler, Cheryshev et Jason (arrivé libre de Levante) qui ne demande que d’espace et de temps pour faire des étincelles.
Si Marcelino a récupéré un joueur modèle pour son 4-4-2 et sa philosophie de jeu (capable d’être une référence constante au moment de progresser dans le camp adverse par les combinaisons ou le jeu long) et essentiel pour résoudre les problèmes de rendement offensif récurrents de son équipe (qualités de finisseur de haut-standing), le jeune attaquant va devoir progresser dans un autre environnement. Un développement loin de la surface, par lequel Diego Costa est passé avant de redonner vie à l’attaque de l’Atlético avec Griezmann. Arrivé en 2017 au Celta Vigo, il a montré en début de saison dernière une évolution dans sa relation participative avec le jeu. Encore, il expose des accrocs dans la conduite de balle et si bien que ces passes soient précises, elles ont souvent été stériles par son manque de vision du jeu. Cette grande évolution sera la clé de son succès et celle du Valence de Marcelino.
Levante – Sergio León
Ce sont des attractions que les championnats nationaux offrent chaque saison : ces « petits » qui ne font aucun complexe d’infériorité. Récemment promus ou résistants depuis quelques années avec des effectifs qui ont lentement grandit, le statut de ces Getafe, Levante ou Sassuolo ont évolué grâce à la mise en œuvre des idées ambitieuses de leurs entraineurs. L’an dernier, le Levante de Paco López, l’équipe la plus verticale de Liga a été un plaisir pour les spectateurs, mais elle a, comme Sassuolo, payée les exigences de sa volonté de jouer à tout prix.
« Nous ne sommes pas une équipe avec une méthode suicidaire. Nous essayons d’avoir un équilibre mais nous avons une personnalité offensive à laquelle nous n’allons pas renoncer. Le talent a une limite, mais ce qui n’a pas de limite, c’est l’envie, le désir et la passion. » Une réflexion « bielsiste » du technicien espagnol de Levante et intelligible mais pas toujours compatible avec la lutte pour le maintien. Une lutte dont le club, auteur de six très bons mois, fut préservé mais que des problèmes d’animation offensive ont finalement replacé en priorité en deuxième partie de saison.
Disposés dans un habituel 3-5-2 identifié par un pressing haut et un jeu de transition, les joueurs de Paco López ont clairement avancé en un an : les jeunes tels que Bardhi, Rochina, Campaña comme les leaders Morales, Marti, Toño ont progressé et le pressing à la perte s’est enrichi. Seulement, avec un gros passage à vide du « Comandante » Morales pendant l’hiver, unique joueur de Levante dans un profil d’accélérateur et pas favorisé par les créateurs d’espace Borja Mayoral-Roger Marti, le jeu vertical de Levante a perdu en tout : vitesse, déséquilibre et finition. Et Levante ne marquait plus assez souvent pour compenser les inévitables mauvais moments d’une défense souvent maladroite à l’intérieur de sa surface.
Sur le papier, le Levante de Paco López est l’équipe de Liga qui présente le meilleur écosystème pour mettre en valeur au mieux le talent de Sergio León. S’il est efficace dos au but et dans les espaces réduits, il n’est pas fait pour évoluer constamment dans ce contexte. Le vrai talent de Sergio León se loge dans son intelligence des démarcations, appels en rupture et finition. D’ailleurs, les derniers mois, qui ont coûté la vie au projet Quique Setién du Betis en raison de l’absence de présence offensive, constituent un bon résumé du profil de Sergio León : il est tout l’inverse de ce que le Betis avait besoin et son faible nombre de rencontres disputées le prouve.
À Levante, Sergio León (30 ans) peut-être l’antidote pouvant répondre aux problèmes de l’animation offensive ressentis l’an passé. Avec son volume de jeu, il pourrait être essentiel quand l’équipe traversera de longs moments à osciller entre le pressing haut et le repli en bloc médian. Aux côtés de Morales, le bras armé offensif de l’équipe ou Roger Marti et Mayoral vivant dos au but pour créer de l’espace et devant Bardhi-Campaña-Rochina les meneurs de jeu, l’environnement est parfait pour libérer Sergio León et le faire rugir. Un saut en avant quantitatif et qualitatif, pour une équipe déjà classée 4ème de Liga en nombre de buts marqués la saison dernière.