Angleterre, Brésil, France, Chili, Chine, Corée, Colombie, Mexique, Portugal, Qatar… Non, ce n’est pas une partie du plateau de la Coupe du monde 2022, mais bel et bien la sélection des nations présentes au 42e Festival International Espoirs de Toulon. Le tournoi, qui sera à suivre en intégralité sur La Grinta, débute ce mercredi 21 mai 2014, avec un petit Mexique-Portugal en ouverture à 17 h 15.
Internet ne trompe pas. Le Festival international Espoirs de Toulon ? Peu de données, peu de suivi par la presse « spécialisée », peu d’anecdotes à se mettre sous la dent sur la toile, bien que son histoire soit relativement riche et longue. Mais tout de même : un site bien fait doté d’une très bonne revue de presse alimentée depuis plusieurs semaines, mais à laquelle le grand public ne semble que peu s’intéresser. Pourtant, le Tournoi de Toulon est une compétition organisée tous les ans depuis sa création -ou presque- considérée comme une « mini Coupe du monde espoirs » et où les meilleurs jeunes internationaux se sont fait connaitre des clubs et de leurs recruteurs avant de se faire un nom dans le monde du football.
Car oui, le Festival à défaut de passionner les foules dans l’Hexagone, fait partie de ces événements incontournables des regards avertis qui ne perdent pas une miette de ce qu’il s’y passe.
Entre romantisme et modernité
Fondé par Maurice Revello dès 1967, le Tournoi connaîtra une longue pause de 7 ans avant de ne prendre définitivement son envol que 7 ans plus tard, en 1976, avec la présence d’équipes nationales et de clubs. Ce ne sera que la seule version hybride du Festival puisqu’en 1975, les 8 équipes participantes ne seront dès lors que des sélections nationales. Vintage jusque-là, ce n’est seulement qu’au tournant des années 2000 que la compétition ne démontre son potentiel, lorsque qu’Eurosport s’en octroie les droits en 1998 et qu’elle obtient le label FIFA en 2002. Signe des temps actuels, il est sponsorisé depuis quelques années par l’Aspire Academy -le laboratoire footballistique mis en place par le Qatar afin de former de jeunes footballeurs qui assureront l’avenir de son équipe nationale- ce qui tuerait presque les derniers parfums de romantisme lié au nom de son fondateur et de sa famille. Mais non.
Romantisme, car Revello, c’est aussi un nom du football local depuis des décennies associé au Racing Club de Toulon : un club de la ville dont les équipes se limitent aux catégories de jeunes, réputé pour ses éducateurs, son amour de la formation et du beau jeu, sa vision du football immuable en 4-2-4 et ses fameux « ailiers », et un réseau qui a su mener de nombreux joueurs quasiment partout, sauf au Sporting Club de Toulon, le « grand » club de la ville.
Une philosophie du football qui n’est certainement pas étrangère à la fondation du tournoi, mais qui refuse également les compromis sans oublier d’évoluer avec son temps.
Zinedine Zidane et Bruno Pabois
Le Festival Espoir de Toulon, c’est aussi une drôle d’histoire d’amour avec le football, la ville et le public. Le football tout d’abord, parce que le nombre de joueurs passés internationaux A est impressionnant : impossible d’en faire la liste tant ils sont nombreux. Amour, puisque l’équipe de France avec 11 titres et 23 finales, en a tout simplement fait sa chose et que cette belle jeunesse dorée, traquée dorénavant par les yeux des scouts du monde entier a permis, à l’aune de l’histoire du football, d’avoir fait jouer d’authentiques soutiers du ballon rond avec les plus grandes stars accomplies quelques années plus tard. Qui se souvient des sélections conjointes de Zinedine Zidane et de Bruno Pabois au Festival Espoirs, en ce printemps 1991 ?
Avec la ville, puisque le Tournoi a su conserver un certain esprit d’indépendance avec les politiques en place, et a toujours su délocaliser ses matchs dans la région du grand Sud; allant jusqu’à jouer à Nice, où n’hésitant pas à faire jouer sa finale au Parc des Sports d’Avignon, comme ce sera le cas cette année. Une nécessité ? Peut-être. Mais dans une ville sinistrée niveau football depuis les années 90, la compétition au Stade Mayol, coincé entre l’énorme lycée Dumont D’Urville, le port, et le cœur de la ville, permettait à toute une génération de Toulonnais de vivre et de s’approprier le football de haut niveau, et parfois même les Bleus. Des encouragements timides d’ouverture aux ambiances chaleureuses de finales jouées dans la chaleur de juin, c’est pour beaucoup tout un rituel qui disparaît avec la programmation actuelle.
Une histoire avec ce public donc,qui a grandi avec le Festival, qui prend un plaisir certain à y assister, mais qui ne sait parfois plus sur quel pieds danser. Tiraillé entre Cristiano Ronaldo et William Mocquet, entre l’équipe de France et le Qatar, entre sa ville et celles des autres, entre les recruteurs du monde entier et son football local, entre le Sporting , le Racing… et bien d’autres choses encore.
Tongs, kebabs et festival.
Comme le résume Sébastien, un habitué des tribunes omnisports : « On sortait du lycée, on allait à la plage l’après midi, on se prenait un Kebab avant d’aller à Mayol à pied voir un peu de football… Cette année encore, dans le plus ‘bel équipement mondial de l’année’, il faudra s’adapter… ». Le site Léo-Lagrange en effet, situé en périphérie de la ville où se joue désormais les rencontres, a été primé aux Leaf Awards, qui récompense les meilleurs projets architecturaux mondiaux.
Une chose est sûre, le laboratoire fonctionne. Et du coté du Festival, les amours adolescents continuent. Le Tournoi de Toulon n’en reste pas moins un véritable apéritif footballistique à suivre et qui, même s’il ne cesse de grandir, semble comme toutes les bonnes choses, avoir eu bien meilleur goût à l’époque d’après les nostalgiques. Clap de fin de la compétition le 1er juin, d’ici là, La Grinta vous en proposera la couverture en intégralité.
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