Un rectangle vert, deux cages, quelques lignes blanches tracées et une tribune. Voilà le foot dans son plus simple appareil. Pourtant, certaines enceintes sont devenues, au fil des années, des lieux qui ont marqué, pour le meilleur et pour le pire, la mémoire des footeux du monde entier. Présentation de cinquante d’entre elles. Aujourd’hui : Turin, Avellaneda, Glasgow, Vallecas et Marseille.
40. Filadelfia, Turin (Torino)
Si le stade Filadelfia n’avait en soi rien d’exceptionnel, il représente la période faste du Torino, dans les années 30-40, qui a brutalement pris fin dans un accident d’avion, le 4 mai 1949. Dans ce stade, l’autre club de Turin a remporté six titres et battu des records qui tiennent encore aujourd’hui, dont une série de 88 matchs sans défaite dans sa forteresse.
Les supporters du Toro, nostalgiques de l’époque où l’équipe dominait le Calcio, ont rêvé à plusieurs reprises de reconstruire cette arène mythique. Il semblerait que cette fois, la région du Piémont ait enfin accédé à leur demande en lançant le chantier d’un nouveau Filadelfia. Pas sûr que cela suffise pour ressusciter le Grande Torino…
39. Estadio Libertadores de América, Avellaneda (Independiente)
À quelques centaines de mètres de l’enceinte de son rival, Racing, Independiente a construit l’un des palmarès les plus impressionnants du monde. Au stade Libertadores de América, surnommé Doble Visera (double visière) en raison de sa double tribune, le club est devenu le « Rey de Copas » en remportant sept Libertadores et neuf autres titres internationaux. Mais à cause de l’ambition du président Comparada, le seul stade où avaient joué Di Stéfano, Pelé, Maradona, Cruijff et Beckenbauer est détruit en 2006 pour bâtir une enceinte « FIFA-compatible ». Les années suivantes, la construction du nouveau stade s’avère être un gouffre financier, qui précipite le club en deuxième division pour la première fois de son histoire et coûte son poste à Comparada. Un signe qu’on ne joue pas comme on veut avec un stade devenu monument du football ?
38. Hampden Park, Glasgow (Queen’s Park FC / Équipe d’Écosse)
On a coutume de dire que dans la mémoire des supporters, chaque centimètre carré du terrain raconte une histoire. De Hampden Park, en l’occurrence, les Français n’ont retenu qu’un petit bout. Les poteaux carrés de ses montants. Quelques centimètres qui empêchèrent, en 1976, les Verts de remporter la Coupe des clubs champions. Un petit bout de stade tellement symbolique de cette défaite historique que l’ASSE en a fait l’acquisition en 2013, pour 20.000 euros.
En outre, n’oublions pas que Hampden Park est situé en Écosse, pays où le football a pris son envol à la fin du XIXe siècle. À sa construction en 1873, le premier Hampden Park était le bastion du Queen’s Park FC, l’équipe qui régnait sans partage sur le football écossais et britannique. Oui, Hampden Park a été un temps le stade de la meilleure équipe du monde. Au temps de la préhistoire footballistique…
37. Campo de Fútbol de Vallecas, Madrid (Rayo Vallecano)
Sportivement parlant, le Rayo Vallecano, ce n’est pas très beau. Longtemps, ce club d’un quartier ouvrier de Madrid a été considéré, plus ou moins à raison selon les époques, comme la « réserve » de l’Atlético Madrid. Ou comme le petit frère européen de River Plate.
Mais ce sont surtout ses tribunes qui font l’identité du Rayo. Dans un pays où les ultras sont bien souvent des fachos bon teint, ceux du Rayo, les Bukaneros, dénotent franchement.
Leur devise : « Contre le racisme, la répression et le foot-business ». Accompagnée d’un discours de défense de la classe ouvrière qui sent fort l’extrême-gauche. Cette identité populaire et très politique du club a fait du Campo de Fútbol de Vallecas un lieu emblématique de la culture ultra européenne. Et dans une ville où il existait déjà un derby bouillant, faire exister un club alternatif aux géants Real et Atlético n’était pas un pari gagné d’avance.
36. Stade Vélodrome, Marseille (OM)
Rares sont les grands stades qui s’identifient aussi bien à leur ville que le Vélodrome ne s’identifie à Marseille. D’ailleurs, son propriétaire n’est pas l’OM mais la mairie de Marseille, ce qui a occasionné de nombreuses passes d’armes entre les deux. Et quelques polémiques entre hommes de pouvoir, comme la ville en a l’habitude. Sur le loyer du stade, ou sur ses rénovations successives, qui sont toujours sujettes à controverses.
Pour autant, cette enceinte construite pour la Coupe du monde 1938 s’est imposée dans le cœur des Marseillais, au fur et à mesure que l’OM devenait l’un des plus grands clubs français. Si bien qu’aujourd’hui, pour toute la France et l’Europe, le Vélodrome c’est Marseille, et Marseille c’est le Vélodrome. Pour le meilleur et pour le pire.