Un rectangle vert, deux cages, quelques lignes blanches tracées et une tribune. Voilà le foot dans son plus simple appareil. Pourtant, certaines enceintes sont devenues, au fil des années, des lieux qui ont marqué, pour le meilleur et pour le pire, la mémoire des footeux du monde entier. Présentation de cinquante d’entre elles. Aujourd’hui : Vienne, Lisbonne, Paris, Montevideo et Kiev.
25. Ernst-Happel-Stadion, Vienne (Équipe d’Autriche)
Parmi les grandes équipes qui n’ont jamais remporté le Mondial, beaucoup de footeux citeront spontanément la Hongrie des années 50 et les Pays-Bas des années 70. C’est oublier l’Autriche des années 30, qui fut en son temps la meilleure équipe d’Europe. Privée de la victoire en 1934 par l’arbitrage maison de l’Italie fasciste, puis avalée par l’Allemagne nazie en 1937. À l’image de la Wunderteam, le stade Ernst-Happel était à l’époque l’un des stades les plus modernes et les plus craints d’Europe. Mais transformé par les nazis en prison à ciel ouvert, le stade a été marqué par la répression de la dictature hitlérienne. Et n’a plus jamais retrouvé sa superbe des années 30…
24. Estádio da Luz, Lisbonne (Benfica, Équipe du Portugal)
Non, un stade où la Grèce est devenue championne d’Europe ne mérite pas de figurer dans cette liste ! On parle bien de l’ancien stade, démoli justement pour l’Euro 2004. Ce stade qui a été en son temps le plus grand d’Europe. En 1984 le clássico entre Benfica et Porto attire la bagatelle de 137.000 supporters. Les images d’époque de l’Estádio da Luz montrent une impressionnante fourmilière. Une gigantesque arène circulaire où presque toutes les places étaient debout. Il fallait bien cela pour le club du grand Eusébio.
23. Parc des Princes, Paris (Paris Saint-Germain)
Le Parc, ce n’est pas la meilleure ambiance de France. Ni la plus longue histoire. Ni – n’en déplaise à certains – le plus grand club. C’est pourtant le stade français le mieux placé de ce classement. Car c’est au Parc des Princes que la France, sur un coup franc chanceux de Platini, a remporté une compétition internationale pour la première fois de son histoire. C’est aussi le Parc des Princes qui a symbolisé, dans les années 90, le hooliganisme français. C’est, encore, le Parc des Princes qui a été le premier stade « de luxe » en France, vidé de ses supporters historiques par le plan Leproux. « Le Parc, c’était mieux avant », clament-ils. Ils ont probablement raison. Reste que le Parc des Princes est un condensé de ce qui a fait le football français ces trois dernières décennies.
22. Estadio Centenario, Montevideo (Équipe d’Uruguay)
30 juillet 1930. Dans le stade Centenario de Montevideo, des dizaines de milliers d’Uruguayens et d’Argentins sont venus assister à la finale du premier « Championnat mondial de Foot Ball ». Dans une ambiance électrique, les Uruguayens remportent le match, 4-2. Sur les deux rives du Rio de la Plata, ce sport est déjà une obsession, à tel point que la victoire uruguayenne manque de susciter un incident diplomatique entre les deux pays. Le lendemain de leur défaite, des Argentins caillassent l’ambassade d’Uruguay à Buenos Aires. Au stade Centenario, le football était déjà devenu une passion. Avec des supporters électrisés par une rivalité qui est alors la plus forte du monde. Une autre époque ? Pas tellement, finalement…
21. NSC Olimpiski, Kiev (Dynamo Kiev / Arsenal Kiev / Équipe d’Ukraine)
Le nom d’un stade en dit parfois long sur son histoire. Successivement baptisé Stade rouge Trotski, Stade Rouge, Stade Kossior, Stade républicain, Stade Khrouchtchev, Stade pan-ukrainien, Stade central, Stade républicain à nouveau puis Stade olympique, l’arène de Kiev retrace près d’un siècle d’histoire de l’Ukraine. On y lit l’histoire des dignitaires soviétiques tombés en disgrâce. Celle de la tyrannie stalinienne avec le nom de Kossior, nom de l’homme qui a affamé les Ukrainiens en 1931. Celle de l’occupation nazie avec le « Stade pan-ukrainien », témoin de la volonté allemande de soulever les Ukrainiens contre les Soviétiques.