L’actualité footballistique française de cet hiver 2016-2017 à été marquée par le mercato bouillonnant de l’Olympique de Marseille. Dans la nasse des rumeurs évoquées sur la Canebière, un nom est ressorti parmi d’autres : Théo Hernandez l’arrière latéral gauche du club d’Alavès. Zubizareta aurait-il du nez pour aller chercher des joueurs à potentiel de l’autre côté des Pyrénées ? Finalement c’est au-delà des Alpes que l’OM a trouvé son bonheur en recrutant Patrice Evra. Voici pourquoi l’OM aurait dû sortir ses billets pour récupérer ce joueur qui semble avoir un bel avenir devant lui surtout s’il continue à gravir les échelons dans l’un des championnats les plus difficiles du monde. Portrait d’un esthète en devenir.
LA BIOGRAPHIE
Théo Hernandez est né le 6 octobre 1997 dans une famille de footballeurs. Son père, Jean-François Hernandez, fut footballeur professionnel dans les années 1980-1990 notamment au Toulouse FC (1988-1994) et l’Olympique de Marseille (1995-1997). La fibre est donc très rapidement venue pour lui comme pour son frère aîné Lucas Hernandez (qui évolue aujourd’hui à l’Atlético de Madrid), tous les deux nés à Marseille et donc de nationalité française. La découverte et l’amour du patriarche pour l’Espagne va grandement influencer les deux frères qui ne quitteront plus le pays après leurs 4 ans. Ils foulent leurs premières pelouses, usent leurs premiers survêtements, dans les clubs de la banlieue de Madrid. Lucas et son petit frère Théo se révèlent vite au-dessus de la moyenne et ces derniers intègrent rapidement le centre de formation de l’Atlético de Madrid. Théo y fait toutes ses gammes jusqu’à intégrer l’équipe B en deuxième division. Il n’y séjourne que très peu de temps puisque il est appelé pour la première fois avec l’équipe première lors d’un match contre Eibar le 6 février 2016. Cette convocation contre un club basque résonne comme un symbole puisque l’été suivant il est prêté dans un autre club de cette même région, où le football est transcendé : le Deportivo Alavés. Avec 17 matchs au compteur, il est un titulaire indiscutable de l’effectif de Mauricio Pellegrino. Il rayonne dans un club où la dynamique est pour le moment très positive avec un maintien qui semble sur la très bonne voie et une demi-finale de Coupe du Roi à jouer.
LE PROFIL TECHNICO-TACTIQUE
Un joueur qui brille successivement contre Barcelone, quand Alavés s’impose 2-1 en septembre dernier, contre le Real Madrid et contre L’Atlético de Madrid, ce n’est jamais anodin. Théo Hernandez est un pur gaucher. L’une de ses caractéristiques qui saute aux yeux dès le premiers regard, c’est son envergure physique. 1m85, 78 kilos, ces mensurations ne sont pas très fréquentes pour un arrière latéral, là où règnent les petites mobylettes aux courses incessantes et à la grande vivacité (Jordi Alba, Gaya, Dani Carvajal etc…). Même si son profil laisse clairement apparaître des potentialités en tant que défenseur central, il est extrêmement à l’aise sur son côté. Formé à l’école espagnole où le défenseur latéral doit savoir aussi bien défendre qu’attaquer, il est omniprésent sur toute son aile. Son volume de courses répond totalement aux exigences du poste. Par ailleurs, c’est un joueur qui sait parfaitement bonifier sa puissance naturelle et sa vélocité en phase défensive et offensive. En effet, lors de un contre un, il s’avère très difficile à éliminer. Il peut revenir vite et à grandes enjambées sur l’attaquant passé devant. De plus, sa pression au porteur en cas de pris de balle adverse n’est pas un cadeau. Enfin, son envergure lui est aussi utile pour contrer de nombreuses tentatives de centres des attaquants adverses avec un pied, une cuisse ou un autre élément qui traînerait (33% d’interceptions par match). Biberonné par la grinta de Diego Simeone ainsi que l’état d’esprit brûlant du Pays basque, il ne manque pas d’agressivité défensive (57% de duels gagnés, 7 cartons jaunes et 1 rouge depuis le début de saison). Lorsqu’il est en possession du ballon, Hernandez est tout aussi redoutable. Sa protection de balle, associée à son jeu de bras très séduisant lui permet de laisser toujours à bonne distance un adversaire trop agressif. Contre le Celta Vigo en demi-finale de Coupe du Roi, il écœure deux adversaires sur une action dans ce registre à la 29eme minute.
Théo Hernandez évolue dans un championnat où tous les observateurs scrutent avec attention ce que chaque joueur est capable de faire avec le ballon. Quelque soit le poste, il s’agit d’un critère d’évaluation crucial. Théo ne se cache pas et demande sans arrêt à ce qu’on oriente le jeu dans son secteur. Il touche en moyenne entre 35 et 45 ballons par match. Avec un taux proche des 80% de passes réussies, il dispose d’une moyenne plus que correcte pour un joueur de son âge (5 à 8 ballons perdus en général). Il dispose aussi de réelles qualités dans les dédoublements. En cas de ballon lui étant adressé par-dessus, il fait souvent l’étalage de sa qualité de contrôle aérienne. D’ailleurs s’il réussit sa première touche ou réalise un enchaînement technique avant son adversaire, le Français devient très difficile à arrêter. Il aime pousser sa balle sur 1 ou 2 mètres quand un espace apparaît devant lui. Et pour cause, sa vitesse associée à l’utilisation de son envergure et de ses bras le rend très difficile à contrer. Dans un espace très réduit, comme cela arrive souvent sur les côtés, il se donne régulièrement du temps en utilisant un crochet intérieur assez court. Ses adversaires se retrouvent régulièrement piégés par son dribble pourtant répandu. Ainsi, avec ses grandes foulées et ses changements de rythme très intéressants (maîtrise du « passe et suit », de l’appel-contre-appel) il peut faire beaucoup de dégâts dans une équipe qui dispose au préalable d’ambitions footballistiques élevées.
N’oublions pas qu’un défenseur latéral reste en priorité évalué en France sur la qualité de la tenue de son couloir au niveau défensif ainsi que la précision de ses centres. Sur ce point, notons que Théo Hernandez semble avoir du flair. Sur le terrain, le natif de Marseille lit bien le jeu pour comprendre rapidement quand il est nécessaire d’apporter le surnombre ou non. L’équipe d’Alavès est prudente, avec un bloc médian voire bas, et il sait gérer les temps faibles de son équipe en faisant en sorte de ne pas laisser trop d’espace dans son dos. Il sent si bien les coups qu’il a failli marquer tout seul sur un ultime dédoublement à la 88eme minute du match contre l’Atlético de Madrid où il fait l’effort alors qu’il part de sa propre surface pour finir par une frappe. Son pied gauche est précis, tant et si bien qu’il tire de nombreux coups de pied arrêtés notamment à moyenne distance sur son côté. Cependant, malgré l’énoncé de ses qualités, sa marge de progression reste ample.
LES AXES DE PROGRES
Théo Hernandez doit notamment apprendre à gérer ses efforts pour ne pas disparaître d’un match où l’adversaire présente une grande maturité tactique. Pour exemple, contre le Real Madrid en début de saison, il se sublime en première mi-temps avec 35 ballons touchés, 6 centres dont une passe décisive. Toutefois, il s’éteint très vite en deuxième mi-temps et le Real finit par s’imposer 4-1. Même s’il ne manque pas d’énergie, le joueur de 19 ans doit être capable de mieux la canaliser et ainsi de prendre moins de cartons. D’autre part, il doit aussi progresser sur la qualité de ses centres. La puissance de son pied gauche permet d’enchaîner les centres tendus mais ceux-ci n’atterrissent pas assez souvent dans la bonne zone ou sur la bonne personne. On remarque d’ailleurs qu’il préfère souvent la spontanéité alors qu’il pourrait à certains moments lever la tête pour prendre des informations précises. Enfin, comme beaucoup de jeunes joueurs, il est parfois victime de sautes de concentration. Cela peut entraîner une distance de marquage un peu trop importante, qui face à un adversaire de qualité peut faire la différence.
CONCLUSION
Clairement, Théo Hernandez dispose de beaucoup de qualités pour s’imposer dans un grand club. Dans le contexte de la Ligue 1 et plus précisément de l’Olympique de Marseille, il aurait fait beaucoup de bien à l’arrière-garde de Rudi Garcia, même si Patrice Evra reste une garantie au palmarès plus que fourni. Du reste, n’oublions pas que le joueur demeure prêté par l’Atlético à Alavés et que les Colchoneros ne comptent pas s’en séparer et voient en lui le successeur potentiel de Filipe Luis. Sauf que, d’ici là, un autre grand club peut décider d’investir et d’aligner les euros pour s’offrir une pépite sur un poste où les joueurs de qualité ne sont pas légion. En attendant, si Théo Hernandez persévère dans son professionnalisme, et qu’il se construit un mental d’acier, l’horizon qui s’élèvera devant lui sera rayonnant !
Article très intéressant sur ce joueur peu connu en France et très agréable à lire !