Le second volet de la conférence organisée par Football Supporters Europe (FSE) sur le programme “RESPECT fan culture” avec le concours de l’UEFA s’est déroulé au siège de la FFF vendredi. La veille déjà, toutes les parties avaient pu échanger en présence notamment du secrétaire d’État aux Sports Thierry Braillard quelques rues plus loin à l’hôtel Pullman.
La matinée fut consacrée aux présentations des onze villes hôtes, avec l’ex-gardien des Verts Jérémie Janot en ambassadeur de Saint-Étienne.
Gilles Johannet, représentant du Délégué interministériel aux grands événements sportifs (DIGES), s’est ensuite chargé de répondre aux interrogations sur les transports durant l’Euro 2016.
En début d’après-midi une intervention très attendue de la DNLH (Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme) par la voix de Sami Megdiche a laissé sur la fin l’assistance.
S’occupant des questions internationales à la cellule du ministère de l’Intérieur, celui-ci – pourtant très disponible – n’a pu répondre aux nombreuses questions sur la politique répressive menée en France que se posent certains supporters présents.
“Garantir la sécurité tout en maintenant l’ambiance festive”
L’ordre du jour concernait la sécurité lors de la compétition européenne qui s’appuie sur le PNIF (Point national d’informations football, réseau d’échanges entre polices européennes crée en 2002).
L’État aura à sa charge la sécurité en dehors aux abords des stades (l’organisateur Euro 2016 SAS gère celle à l’intérieur), à l’extérieur des fans-zones (gérées par les municipalités) et des camps de bases de supporters étrangers (sécurités privées).
Sami Megdiche a souligné l’ampleur exceptionnelle de l’événement, 51 matchs à surveiller dans le contexte actuel où la menace terroriste s’ajoute aux risques de hooliganisme. Huit policiers de chaque pays participant viendront aider les forces françaises, dont deux au ministère de l’Intérieur, et six répartis dans les villes hôtes en uniforme pour suivre et dialoguer avec les supporters de leur nationalité.
« La communication entre policiers et supporters est importante. Dans chaque ville il y aura un point de contact », a-t-il rappelé. Notons également la création de « Teams SLO », un nom qui tire son origine des Officiers de Liaison des Supporters imposés par l’UEFA.
Il s’agit ici d’effectifs de police ou de gendarmerie dont la tâche sera d’accueillir et d’être en relation avec les supporters. Toujours sur l’aspect sécuritaire, Antoine Mordacq d’Euro 2016 SAS, a assuré vouloir « garantir la sécurité tout en maintenant l’ambiance festive ».
Sur le buzz suscité par les propos du directeur de l’Euro Martin Kallen sur la possibilité de matchs à huis clos, il confirme que ce n’est pas d’actualité et justifie : « On a des obligations en tant qu’organisateur d’anticiper en cas de gestion de crise ».
Sur le matériel autorisé à l’entrée, « On est en train de travailler avec la FFF à un processus d’autorisation des tambours et tifos », a répondu Antoine Mordacq. Et d’inviter dans ce sens les supporters à prévenir des animations prévues.
L’Euro 2016, l’occasion de s’inspirer de la Pologne ?
Un débat de clôture modéré par Daniela Wurbs, présidente de FSE, et le sociologue Nicolas Hourcade – qui a émis quatre propositions contre la violence avec son collègue allemand Silvester Stahl la veille – avait pour thème : « Quel héritage pour les supporters ? ».
Dariusz Łapinski a témoigné de son expérience à la fédération polonaise et des suites de l’Euro 2012 dans son pays : « Avant l’Euro 2012, il n’y avait rien en matière de dialogue avec les supporters. Aujourd’hui, nous comptons 16 fans projects ».
« On peut compter sur les supporters si on leur offre une perspective à long terme. il faut être honnête, je ne veux pas raconter des histoires, je pense qu’on peut avoir une bonne balance entre passion et sécurité. On a toujours des problèmes mais on peut en parler », étaye-t-il en insistant sur l’importance de l’implication de fans locaux pour la réussite d’un tel événement.
James, représentant de l’Association Nationale des Supporters (ANS), a déploré un manque de dialogue en France, tout en annonçant une prochaine rencontre au ministère de l’Intérieur. Le témoignage de Dariusz Łapinski le « fait rêver », lui qui espère un héritage similaire laissé par l’Euro 2016.
Dernier participant à ce débat, Cédric Chaumond du ministère des Sports estime que : « Dès qu’on aura la chance d’avoir un peu de dialogue en France, la majorité des problèmes disparaîtront ».
« Les supporters ont besoin d’avoir plus d’informations juridiques sur les conséquences de leurs actes et de leurs droits de défense », relève Cédric Chaumond interpellé par Nicolas Hourcade sur les menaces et les sanctions à l’encontre des banderoles de supporters stéphanois contre le PSG.
Romuald Nguyen, responsable des affaires publiques à la FFF, et Ronan Evain l’un des organisateurs de FSE ont salué le caractère historique de ce colloque. Seul point noir relevé par les deux hommes, le thème de l’accessibilité pour les supporters handicapés, peu abordé.