Cette nuit se déroulera la finale retour de la Copa Libertadores opposant les Argentins de San Lorenzo aux Paraguayens du Nacional. El Ciclon entamera le match avec l’étiquette de favori après avoir ramené le match nul (1-1) d’Asunción. La Grinta décrypte pour vous cette finale qui désignera un vainqueur inédit de la plus prestigieuse compétition sud-américaine.
San Lorenzo s’apprête à jouer un match historique, le genre de rencontres qu’un footballeur ne joue qu’une seule fois dans sa carrière. Le club argentin est à 90 minutes de remporter sa première Copa Libertadores, la seule équipe « des cinq grands du football argentins » (avec River Plate, Boca Juniors, Independiente et le Racing) à n’avoir encore jamais remporté ce prestigieux trophée. Une semaine après le match nul 1-1, joueurs et supporters du Ciclon qui font clairement office de favoris, attendent ce match retour avec impatience. Et pour comprendre à quel point, il faut remonter un peu plus de deux ans en arrière. Rien ne laissait présager un avenir aussi radieux pour les protégés du pape François. Décembre 2011, San Lorenzo est au bord du gouffre. La nouvelle défaite à domicile face à l’Independiente l’amène en position de relégable et le spectre d’une relégation six mois plus tard surgit de nouveau. Mais San Lorenzo peut compter sur sa hinchada, l’une des toutes meilleures au monde, qui a promis l’enfer aux Paraguayens en annonçant le recibimiento le plus fou de l’histoire… Ce soir d’été 2011 à Buenos Aires, elle été restée plus d’une heure à chanter « Même dans les mauvais moments, je t’accompagnerai toujours » dans une ambiance à en faire frissonner plus d’un et qui laisse présager une soirée complètement dingue ce soir.
El Ciclon se maintiendra six mois plus tard en match de barrages face à l’Instituto de Cordoba sous les ordres de l’auto-proclamé « Mourinho argentin », Ricardo Caruso Lombardi. C’est à partir de ce moment précis que tout va s’enchaîner pour le club du Boedo. Juan Antonio Pizzi, actuel entraîneur de Valence, entame alors un gros chantier au sein de l’effectif de San Lorenzo en lançant de jeunes talents comme Correa ou encore Buffarini en combinant avec l’expérience de Piatti et de Mauro Cetto entre autres. Ce dernier, déjà confiant l’an dernier, révélait à La Grinta cet objectif de Copa Libertadores. San Lorenzo vit à ce moment-là une saison historique que les plus superstitieux attribueront à la nomination à la tête du Vatican d’un socio, le pape François. Après l’héroïque combat mené par ses supporters pour un retour dans leur stade et quartier originel du Bodeo, El Ciclon ira chuter en finale de Coupe d’Argentine face à Arsenal de Sarandi, seul point noir de cette année 2013 qui se conclura par un titre de champion d’Argentine et ouvrira donc les portes de cette Copa Libertadores…
Un match retour au sommet
Après un parcours difficile en phase de poules où la qualification s’est jouée à la dernière minute au goal-average face à Botafogo (3-0), San Lorenzo a ensuite déroulé lors des huitièmes et des quarts face au Gremio puis en éliminant le champion en titre du Brésil, Cruzeiro. Rien que ça.. La demi-finale fut quant à elle une formalité pour les Argentins qui n’ont pas laissé une bribe d’espoir aux Boliviens de Bolivar en s’imposant 5-0 au match aller dans une ambiance à couper le souffle qui aura eu raison du socio n° 44028, Juan Carlos Bodo, qui après le troisième but inscrit par Mercier décédera d’une crise cardiaque. Preuve d’une passion démesurée et parfois débordante de l’autre côté de l’Atlantique. Au match retour, le président Matias Lammens rendra hommage à Juan Carlos après une missive très émouvante de sa fille Lucia et une défaite 1-0 anecdotique à La Paz. Ça y est, les Azulgranas sont pour la première fois de leur histoire en finale de la Libertadores ! Le match aller a laissé un goût amer. Après avoir mené la majeure partie de la rencontre, San Lorenzo encaisse le but égalisateur à la dernière minute du temps additionnel. L’entraîneur Edagardo Bauza a tout de même souhaité féliciter son équipe pour ce résultat : « J’ai félicité les joueurs et je ne pense pas qu’il y ait un fan de San Lorenzo qui ne se sente pas fier de cette équipe, au-delà de la frustration générée par l’égalisation à la dernière minute ». Malgré tout, le coach ne dédouane pas ses joueurs : « Pour commencer nous ne devons pas perdre le ballon et dans les 10 dernières minutes du match nous ne l’avions pas, c’était le principal problème mais il y avait plusieurs erreurs dans le but concédé… ». « Ce seront les 90 minutes les plus importantes de l’histoire du club et nous allons l’écrire de la meilleure façon possible », promet Edagardo Bauza. San Lorenzo pourra compter sur le retour de Mauro Cetto, blessé lors du déplacement à Asunción. Néanmoins, les Argentins devront se passer du milieu de terrain Ignacio Piatti, transféré à l’Impact Montréal et qui ne peut donc plus jouer sous les couleurs azulgranas en dépit d’une requête envoyée à la FIFA. Les locaux débuteront la rencontre en 4-4-2 avec en pointe le duo Mauro Matos-Martín Cauteruccio chargé de faire plier la défense adverse.
L’entraîneur du Nacional, Gustavo Morinigo ne s’y trompe pas et craint ce déplacement à Buenos Aires : « San Lorenzo va mieux jouer [qu’à Asunción], avec le soutien de son public ». Les fans se sont arrachés en seulement quelques heures les 44 000 billets pour le match. La demande est telle que le club ne peut donner l’opportunité à tous les supporters d’acheter le précieux sésame. « Nous nous excusons, il n’y a pas assez de places pour les 100.000 personnes qui veulent se rendre au stade », a déclaré Marcelo Tinelli le vice-président de San Lorenzo. Certaines places ont pourtant été données par le club à la Butteler, la barra qui en a profité pour les revendre à prix d’or. Les hinchas argentins avaient déjà débarqué par milliers à l’aller dans la capitale paraguayenne en réquisitionnant 3 avions et 25 bus.
Le Club Nacional en position d’outsider
San Lorenzo débutera donc la rencontre en tant que favoris. Le rôle d’outsider est attribué au Nacional, pour sa sixième qualification en Copa Libertadores, le club parvient pour la première fois de son histoire à sortir des phases de poules en terminant deuxième derrière le tenant du titre brésilien, l’Atletico Mineiro. Un exploit dans un pays où il est difficile d’exister face à Olimpia ou Libertad. Mais le Nacional n’a pas à rougir de son parcours non plus, après avoir écarté les deux clubs argentins Vélez et Arsenal de Sarandi. Cette bande de gamins emmenée entre autres par Torales, Orue et Benitez, tous présents lors du match du Paraguay à Nice qui avait donné tant de fil à retordre à l’équipe de France en match de préparation de la Coupe du monde (1-1). Cette équipe a su gérer la pression en sortant les Uruguayens du Defensor Sporting (2-0 et 0-1). Le groupe paraguayen a rejoint Buenos Aires lundi afin de préparer au mieux la finale. Au moment de l’embarquement Marcos Riveiros, joueur clé de l’effectif du Nacional, a lancé : « Allons y avec la mentalité de revenir comme des champions« . Son entraîneur, Gustavo Morinigo a été plus loin en déclarant que son équipe allait jouer « l’histoire du pays » face à San Lorenzo.
Si les Argentins partent favoris, une chose est sûre, l’une des deux équipes remportera pour la première fois de son histoire la Copa Libertadores. Rendez-vous ce jeudi à 2 h 15 heure française dans la chaude ambiance du Nuevo Gasometro pour connaitre le nouveau champion.
Avec Bastien Poupat