Il avait entretenu le suspense. C’est officiel, Jérôme Rothen arrête sa carrière comme il l’a annoncé lui-même jeudi. Et c’est sur La Grinta qu’il livre sa première interview en tant que néo-retraité. Un choix en cohérence avec la ténacité du personnage.
Il y a dix jours, vous étiez encore incertain sur votre avenir. Qu’est-ce qui a motivé votre décision ?
J.R. : Cette phase de réflexion depuis que j’ai résilié à Caen. Cela m’a permis de savoir ce que je voulais vraiment, l’envie que j’avais. Et aujourd’hui les contraintes qu’il peut y avoir pour un footballeur professionnel prenaient le dessus par rapport aux avantages. Donc, j’ai décidé de stopper. Quand tu as un peu moins l’envie cela ne sert à rien de continuer.
On évoquait des intérêts de Créteil et d’Auxerre…
J.R. : Oui, de ces deux clubs-là mais aussi d’autres. C’était pas les challenges à relever qui manquaient. C’est surtout être en accord avec les clubs qui me sollicitaient. Je voulais être le plus honnête possible avec eux. Ce n’était pas signer pour avoir un contrat, jouer et se dire qu’est-ce que je fous là ! Je voulais être à fond dans un nouveau projet ou, si je ne le sentais pas, arrêter.
Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
J.R. : Oh, j’en ai beaucoup. En ressortir un seul, c’est toujours compliqué. Après, il y a des dates qui ont marqué ma carrière. J’apprends rien : mon premier match en professionnel, ma première sélection en équipe de France. Et puis tous mes trophées. Tu fais du foot pour vivre des bons moments, et tu les as surtout en marquant l’histoire d’un club. Et tu marques l’histoire d’un club quand tu gagnes des trophées. Tous ceux que j’ai pu gagner ont été des moments-clés dans ma carrière.
Est-ce que vous avez un regret, quelque chose que vous auriez fait différemment avec le recul ?
J.R. : Je n’ai pas de regret parce que tu ne peux pas toujours être en haut de l’affiche. J’ai été au-delà de mes espérances, rien que pour ça je n’ai aucun regret. S’il y avait une chose à refaire, ce serait la fin de ma carrière. Le dernier challenge que j’ai pu faire à Caen. Je pense que c’était une erreur.
« Si c’était à refaire, j’aurais annoncé la fin de ma carrière fin mai […] »
Vous auriez raccroché les crampons après Bastia ?
J.R. : Pour moi, ma carrière s’est finie à Bastia. Je suis fier de ce qu’on a réalisé là-bas pendant deux ans c’était extraordinaire. Mon dernier challenge était là. Si c’était à refaire, j’aurais annoncé la fin de ma carrière fin mai pour fêter ça dignement avec mes coéquipiers, le staff, et surtout les supporters.
Comment voyez-vous votre nouvelle vie en dehors des terrains ?
J.R. : J’ai beaucoup de projets. Aujourd’hui, je suis dans le rôle de consultant qui me plait. J’ai envie de rester proche du football parce que c’est ce que je sais faire de mieux et que je pense en connaitre pas mal sur ce milieu-là ! Forcément, ça me donne des ambitions. C’est comme tout, c’est bien d’avoir des opportunités et de les saisir. Ce rôle, je me consacre à fond depuis que j’ai arrêté et je peux vous dire que ça me prend pas mal de temps.
On sentait déjà à l’époque lors de la Coupe du monde 2010 sur RMC que ce rôle vous branchait bien…
J.R. : J’ai toujours eu un bon contact avec les médias, j’étais un bon client mais on me le rendait bien aussi. J’ai toujours aimé analyser, bon des fois à chaud en disant des conneries (rire). Mais bon, qui n’en a pas dit ? En tout cas, je ne regrette pas. Aujourd’hui de pouvoir analyser les matchs, sans en plus être lié avec un club, c’est d’autant plus simple et excitant.
Dans votre autobiographie, vous concluez par ce rêve d’entraîner le PSG un jour. Est-ce qu’il est toujours d’actualité ? Un autre banc que Paris, est-ce envisageable ?
J.R. : Pour être entraîneur du Paris Saint-Germain, ça passe déjà par un autre banc. Il y a peu d’entraîneurs qui débutent avec un banc aussi excitant que le PSG. J’ai l’humilité de dire que si demain je devais commencer une carrière d’entraîneur ça passerait par des étapes, ce qui est logique. Comme un joueur pro, c’est rare de débuter au Paris Saint-Germain. Pour un entraîneur, c’est encore plus dur. Mais oui, c’est un rêve à réaliser. Déjà, il y a les diplômes qu’il faut continuer à passer pour pouvoir prétendre à ces postes. Et il faudra que je fasse mes preuves sur d’autres bancs. En tout cas, ça ne me fait pas peur de relever des challenges. J’ai déjà réalisé un rêve, c’est de jouer au PSG. Est-ce que le deuxième va se réaliser… Peut-être, on sait jamais. C’est trop tôt aujourd’hui pour l’affirmer.
Pour conclure, on va donc solliciter le consultant Jérôme Rothen. Vous étiez à Bastia juste avant votre retour à Caen, que pensez-vous de l’arrivée de Djibril Cissé au Sporting ?
J.R. : C’est une bonne chose pour les deux parties. C’est bien parce que Bastia s’est toujours donné la possibilité d’attirer des internationaux et aussi pour Djibril et se relancer. Je suis un bon exemple.
Cela fait penser un peu à vous d’ailleurs…
J.R. : Oui, oui. Pour relever le challenge bastiais il faut avoir beaucoup d’envie, travailler, donner un peu de soi-même. Pour Djibril comme pour moi, dans ta carrière quand tu es dans des grands clubs tu reçois plus que ce que tu donnes. Là, quand t’arrives à Bastia, il faut savoir aussi donner. Est-ce qu’il en a la capacité ? J’en suis persuadé. Je pense que le mariage sera réussi. Après il faut lui laisser un peu de temps, la preuve il s’est déjà blessé. Mais je doute pas, c’est un joueur international, il peut faire lever le stade à Furiani.
Propos recueillis par Adrien Verrecchia