Le Bayern a frappé très fort en étrillant le vice-champion d’Italie 7-1. Grâce à une organisation offensive variée et verticale et un pressing étouffant, les hommes de Pep Guardiola ont plié la rencontre en 25 minutes.
Le Bayern s’est présenté au Stadio Olimpico en 3-1-4-2. Pep Guardiola avait déjà utilisé ce système cette saison en Ligue des champions, notamment face à City. Ce jour-là, Rafinha et Bernat, latéraux de formation, occupaient les couloirs. Mardi à Rome, c’est Robben qui occupait le poste du latéral brésilien, donnant au Bayern un visage ultra offensif auquel Rudi Garcia n’a pas su s’adapter.
Variation et verticalité pour éviter la stérilité
Contre City le Bayern avait évolué dans ce système pendant la première demi-heure, se créant 3 grosses occasions, dont une par Müller au coup d’envoi. Offensivement, cette organisation est animée d’une façon assez verticale. La relance s’articule autour du [3+1] derrière (Alaba–Boateng–Benatia+Xabi Alonso), mais le Basque peut combiner avec le « latéral » autrichien, ou profiter des décrochages de Lahm pour pénétrer le camp adverse. Décrochage qui peut être « fantôme », Alonso jouant alors directement sur Müller ou Lewandowski qui décrochent à leur tour. Le capitaine du Bayern peut également prendre la profondeur si l’on inverse les rôles.
Lorsqu’Alaba s’investit dans la construction du jeu (ce qui est tout sauf rare, même lorsqu’il joue « défenseur»), la relance s’articule axe gauche, avec Götze, selon le même schéma, rendant les possibilités encore plus nombreuses : 3 joueurs devant Xabi Alonso (Lahm, Götze + Müller ou éventuellement Lewandowski), et le quatrième prêt à attaquer la profondeur.
Dans tous les cas, la variation des circuits et la verticalité de l’animation permettent au Bayern de ne pas faire durer excessivement la phase de préparation.
Robben pour l’extra-pass
De Rossi semble au marquage de Götze sur cette image arrêtée, mais il est en charge de Müller, et doit protéger sa défense. Une triangulation [Alaba–Lahm–Xabi–Alaba] plus tard, Götze sera trouvé totalement libre, aussi grâce à la passivité d’Iturbe.
Quand Götze porte le ballon vers l’avant, Lahm ; Muller et Lewandowski se projettent vers la surface, ce qui sollicite l’intégralité du back four romain, et attire Cole vers l’axe. Là, le choix audacieux de Guardiola (d’avoir (quasiment) fait de Robben son arrière droit) se révèle payant et déséquilibrant pour l’adversaire. Le décalage créé, le Bayern aurait déjà pu ouvrir le score sur le centre de Robben vers Müller, si celui-ci avait été mieux ajusté. Trois blancs étaient alors présents face au but. Le Bayern ouvrira le score sur la touche qui suit le corner obtenu, Robben et Lahm éliminant très facilement Totti d’un une-deux d’école, avant que le talent du Batave ne fasse le reste.
Point de côté
Une constante dans cette action : L’absence de plan défensif romain pour couvrir les côtés. Gervinho et Iturbe n’avaient pas un rôle précis pour aider leur bloc. Torosidis (qui concède le corner) et Cole sont sollicités sur cette séquence, forcés par la projection à resserrer dans l’axe. Dans ces conditions, il était probable que le danger allait finalement venir des côtés, surtout quand l’un des deux meilleurs joueurs au monde s’y trouve. Robben finira la partie avec 2 buts et une passe décisive.
De l’autre côté, la problématique est la même avec Bernat : Iturbe ne défend pas sur lui et l’ancien Valencien est une cible de choix pour les diagonales de Xabi Alonso. Le Basque le trouvera très facilement dans ces conditions sur le troisième but, qui achève définitivement la partie à la 25e minute.
Un carré en 2+2 dans l’axe et deux latéraux très offensifs : Rudi Garcia n’a pas su prémunir son équipe face à autant de projection et de présence offensive. Le technicien français a d’ailleurs totalement assumé cette responsabilité après le match au micro de Sky Sport : « Le coupable, c’est moi. ». D’autant plus que lorsque le Bayern presse, ces six joueurs font très mal à la Roma.
Un carré dans l’axe et les couloirs fermés
Dans l’utilisation du ballon également, la Roma paye son audace suicidaire. En s’obstinant à relancer court, les Romains vont vite manquer d’oxygène face à une organisation parfaitement calquée sur la leur en phase défensive.
Placés sur les flancs de la défense à trois, Benatia et Alaba contrôlent sans difficulté Gervinho et Iturbe. Boateng marque Totti en le pressant par derrière, Xabi Alonso l’enferme par devant, pour mieux couper une solution qui sera souvent choisie par l’arrière-garde, faute d’autre possibilité. Le 4 contre 3 permet au Bayern de contrôler l’explosivité offensive romaine qui a fait mal à tant d’équipes depuis la prise de fonction de Garcia.
Devant, les six offensifs Bavarois font face à sept Romains : Robben et Bernat contrôlent Cole et Torosidis, et dans l’axe, le carré Lahm–Götze–Müller– Lewy presse la défense centrale et fait le nombre quand un ou deux milieux viennent décrocher. Seul Yanga-Mbiwa est (relativement) libre et l’oxygène va très rapidement manquer à De Sanctis face à un tel pressing. Instinctivement, l’ancien gardien de Naples n’a que peu joué vers Yanga-Mbiwa, peu enclin à emmener le jeu du côté de Robben.
Exemple au quart d’heure : Torosidis joue un coup-franc court. Müller charge De Rossi, Götze et Lahm bloquent les passes vers Pjanic et Nainggolan. L’Italien joue vers Totti dos but, pressé par Boateng. Le capitaine romain remet sur Pjanic qui doit vite jouer en retrait vers Nainggolan, qui va reculer à son tour. Yanga-Mbiwa est le seul joueur libre, mais Müller le charge rapidement quand il est servi.
Un 4 contre 4 est créé dans l’axe, et le ballon récupéré par Mûller offrira à Lewandowski l’occasion de frapper au but.
Grâce à son carré axial, Guardiola créé une égalité numérique dans le camp adverse qui fait aussi mal pour passer de l’attaque à la défense que l’inverse. Récupération rapide et danger immédiat. Le Bayern s’offrira une récupération haute sur la séquence suivante, elle aurait à nouveau pu permettre à Robben de se trouver seul au bout de l’action. Les Romains seront incapables de sortir jusqu’à l’inéluctable deuxième but. Prémices d’un long calvaire qu’il serait inutile de détailler, le match étant déjà totalement plié.
Garcia corrigé pour l’exemple
Avec cette victoire, le Bayern envoie évidemment un signal très fort à l’Europe.
Les cinq premières minutes du match ont offert le spectacle plaisant de deux équipes se pressant l’une-l’autre tout-terrain. Rudi Garcia a refusé de céder dans le rapport de force tactique en jouant de façon ultra-défensive. Son audace s’est vite révélée suicidaire.
La verticalité axiale du 3-1-4-2 (3-1-2-2-2), offerte par Götze, Lahm et Mûller, est très efficace pour casser un pressing haut. En ne responsabilisant pas assez ses ailiers défensivement, Garcia a pris un énorme risque. Celui d’exposer sa défense face aux projections. Et à la largeur. Avec Robben ailier, ça ne pardonne pas.
C’est là que le message envoyé par le Bayern fait mal. Plus particulièrement aux entraîneurs qui voudraient l’affronter sans se donner les moyens de lui survivre défensivement. Au risque de finir en 6-3-1, et de se priver de transition offensive…
Garcia avait déclaré avant le match « ne pas avoir peur du Bayern ». En refusant de s’adapter, le technicien français a exposé son arrière-garde à une tornade. Le Bayern lui en a mis sept. Pour l’exemple.