Le 15 décembre, le Bom Senso Futebol Clube a déclaré qu’il présenterait un candidat à la direction de la Confédération Brésilienne de Football (CBF), réagissant aux affaires de corruption au sein de la FIFA impliquant les derniers présidents de la CBF. Même le grand et respecté Raí a participé à l’événement #OcupaCBF, protestant contre les agissements de la CBF, entité qui condense tout ce que le Bom Senso dénonce. Peu avant l’annonce du 15 décembre, nous avons interviewé Ricardo Borges Martins, le directeur exécutif du Bom Senso, le club qui fait rentrer les joueurs avec des banderoles revendicatives sur le terrain.
Le Bom Senso Futebol Clube (BSFC) est composé de joueurs qui sont des « supporters », comme dit Alex (AC Milan). Vous paraissez plus réalistes que certaines entités du football business d’aujourd’hui… N’est-ce pas trop compliqué de traiter avec la Confédération Brésilienne de Football (CBF) et Globo (grand média brésilien qui régit le foot) ?
Ricardo Borges Martins : Rien n’est simple. Mais il y a définitivement plus d’ouverture au dialogue avec Globo qu’avec la CBF.
Vous évoquez les footballeurs des petites équipes qui n’ont pas d’argent… Paulo André (ex-joueur du Corinthians à l’origine du Bom Senso) a déjà mentionné le quotidien de beaucoup de joueurs, qui survivent tant bien que mal avec le salaire minimum et le chômage. On est loin du football business..
RBM : Oui. Pour la majorité des clubs brésiliens, l’amateurisme rémunéré génère le sous-emploi, c’est le cas pour plus de 20 000 personnes.
Est-ce que votre slogan, « un football meilleur pour tous », est une façon plus diplomatique de dire « non au football moderne » comme beaucoup de supporters ?
RBM : Non. Le football moderne n’a pas besoin d’être un football d’exclusion. Le sport doit se développer à toutes les échelles… C’est ce rôle que la CBF ignore.
Un des 3 sujets principaux du BSFC, ce sont les supporters. Quels sont les relations du BSFC avec les Torcidas Organizadas (TO) ?
RBM : On a déjà eu des discussions avec certaines TO, on a aussi des lieux à disposition pour la création de drapeaux qui défendent les supporters.
Le BSFC a-t-il une opinion sur la politique d’exclusion et les mesures prises à l’encontre des supporters, telle que l’interdiction d’amener des instruments au stade ?
RBM : Notre point de vue, c’est que le foot doit être meilleur pour tous, supporters inclus. C’est pour ça qu’on soutient les mesures de sécurité dans les stades, mais aussi le droit des personnes à avoir de bonnes conditions pour embellir le spectacle, avec des banderoles notamment.
En France, on a vu David Luiz (PSG) demander au public du Parc des Princes de se réveiller et de chanter. Quel rôle joue la TO pendant le match pour un joueur ?
RBM : Les supporters et leurs chants font partie du spectacle. C’est impossible, au Brésil, d’imaginer le foot sans les chants des supporters.
Dans votre club, vous avez des joueurs brésiliens qui jouent en dehors du Brésil et des étrangers qui jouent au Brésil. Comment peut-on expliquer l’absence de joueurs célèbres comme Neymar ou Thiago Silva ? Vivent-ils dans une autre réalité ?
RBM : C’est le marché qui veut ça. Les clubs et les championnats européens ont beaucoup plus d’argent qu’au Brésil.
Les stades brésiliens sont vides. Le Brésil est 18è au monde en termes de public dans les stades. Parce qu’il y a beaucoup de matchs et parce qu’ils sont trop chers ?
RBM : Il y a plusieurs facteurs pour expliquer cela. Le prix est l’un d’eux. Mais le principal facteur, selon une recherche qu’on a menée, c’est la sécurité et l’accessibilité dans les stades (transport, mobilité et confort).
Et que signifie le nombre de socios qui explosent ? A priori cela n’a pas grand-chose à voir avec la présence dans les stades… C’est juste du marketing pour vendre des tee-shirts?
RBM : Il y a sûrement une corrélation entre la présence dans le stade et le nombre de socios, mais c’est vrai que le marketing exerce un rôle important.
Vous avez beaucoup œuvré pour la ratification de la mesure 671. Cela va-t-il aider à remplir les stades ?
RBM : La loi modifie essentiellement les paramètres de gestion, responsabilisation et gouvernance des clubs, y compris au niveau des fédérations et de la CBF. Le changement sur la fréquentation du public peut-être considéré comme une conséquence de ce processus de professionnalisation des clubs, mais très indirectement.
Propos recueillis par Ophélie F.
Merci à Rodolfo Mohr et Ricardo Borges Martins du BSFC.