Il y a maintenant vingt huit ans, au terme d’une rencontre opposant Ascoli à l’Inter, Nazzareno Filippini supporter ascolano périssait sous les coups de cinq tifosi interisti. Un quart de siècle après sa mort, la tifoseria ascolana lui rend aujourd’hui hommage avant le match contre la Salernitana. L’occasion de revenir sur un drame qui a grandement façonné l’histoire du calcio moderne. Récit.
9 octobre 1988, le championnat italien a débuté depuis quelques semaines. Pour le compte de la 8ème journée du campionato, l’Inter se déplace dans la région des Marches pour y affronter l’Ascoli. Au terme d’une rencontre sans grand suspense, l’Inter alors emmenée par Zenga, Bergomi et Brehme l’emporte 3-1 grâce à des buts de Mandorlini et un doublé de Serena.
Durant la partie malgré un scénario défavorable, la Curva Sud du stade Del Duca se fait remarquer par sa puissance vocale, ses craquages de fumigènes et ses nombreux pots de fumée de couleurs noirs. Comme un signe avant coureur sur l’issue de cette funeste journée.
Fumée noire sur Ascoli
Dès le coup de sifflet final, les forces de l’ordre prennent en charge l’évacuation de la Curva Nord du stade Del Duca où siègent les 350 tifosi nerazzurri ayant fait le déplacement. Ces derniers sont raccompagnés et escortés jusqu’à leurs bus garés à proximité de l’enceinte. Seulement ce jour-là, de manière incompréhensible, deux cars ont été stationnés aux abords de la gare d’Ascoli Piceno, sans que les forces de l’ordre en aient été informées. Environ 90 tifosi interisti se retrouvent alors seuls aux abords du stade à une époque où les affrontements entre supporters adverses sont pourtant nombreux. Afin de rejoindre leurs bus, les Nerazzurri passent devant la Curva Sud, fief des partisans d’Ascoli. Très vite, après quelques provocations et autres jets de projectiles, une rixe éclate entre les supporters des deux camps.
Nazzareno Filippini (« Reno »), ascolano de toujours se retrouve pris dans la baston. Bousculé, il chute face contre terre, le visage en sang. Reno se retrouve immédiatement encerclé par des membres de la Curva Nord de l’Inter. Le représentant de commerce est littéralement battu à mort par cinq assaillants qui prendront rapidement la fuite. Filippini gît sur le sol, le visage marqué par les nombreux coups que lui ont infligé ses opposants. Quelques minutes à peine après l’échauffourée, un jeune homme de 18 ans aperçoit au sol un corps inerte. Antonio se dirige vers celui-ci, il n’est alors pas au courant qu’il s’agit de son propre frère.
Très rapidement, Reno souffrant d’une importante blessure à la tête, est évacué vers l’hôpital d’Ascoli Piceno. L’homme perd connaissance dans l’ambulance. Le neurochirurgien en charge de l’opération tente de résorber un hématome important engageant grandement le pronostic vital de Filippini. Une seconde opération consécutive à une hémorragie doit même être pratiquée d’urgence. Mais malgré des soins rapides, Reno sombre dans le coma. C’est alors l’Italie entière qui s’émeut du drame. Celui d’un homme au bord de la mort, symbole d’un football rongé par la violence, sans réaction des pouvoirs publics, bien loin du sport romantique auquel le pays voudrait croire. Dans les jours qui suivent, les médecins envisageront une nouvelle opération, mais des examens cliniques complémentaires mettront en évidence l’inéluctable issue.
Indignation, hommages et réactions
Le 17 octobre, Nazzareno Filippini perd son combat contre la mort après huit jours de coma. Suite à une nouvelle dégradation de son état de santé, l’homme de 32 ans fait un arrêt cardiaque laissant derrière lui sa mère Maria Onori enseignante, deux sœurs et un frère de 18 ans. Supporter convaincu de l’Ascoli, Reno se déplaçait fréquemment en Italie pour soutenir son équipe de cœur. Membre historique de la tifoseria bianconera, joueur de foot amateur, représentant de commerce, il était surtout fiancé depuis douze ans avec Elisabetta De Benedittis qu’il aurait dû épouser sept jours plus tard.
La mort de Filippini marqua un profond changement en Italie. D’une part parce que l’événement fut très médiatisé, et fit l’objet de nombreux reproches à l’encontre des pouvoirs publics et de la Lega, incapables d’endiguer les phénomènes de violence autour du Calcio. De plus, si cet incident a beaucoup marqué les tribunes italiennes, c’est aussi parce qu’il fut à l’origine du fort durcissement des lois touchant à la sécurisation des stades depuis maintenant vingt ans. Plus de contrôle des tifosi, meilleur encadrement en déplacement, plus de forces de polices sont par exemple, autant de mesures découlant directement de la mort de Nazzareno.
Quelques jours après les faits, cinq supporters de l’Inter membres des Viking et des Boys sont arrêtés par les forces de police et mis en examen pour homicide volontaire. Parmi eux, des têtes bien connues de ce genre d’incidents : Mauro Russo, un des capo des Boys à l’époque, Marcello Ferrazzi, skinhead convaincu et particulièrement craint lors de ses oppositions pour sa propension à s’emparer du matériel adverse, ou encore Nicola Ciccarelli, également arrêté en 1995 pour avoir tenté d’introduire deux couteaux à l’occasion d’un Inter-Juve.
Mais en juin 89 à la surprise générale, la justice prononce la relaxe des cinq accusés pour insuffisance de preuves. Ciccarelli et Beggi n’étaient, dixit certains témoins pas présents sur les lieux du drame. Tandis que les responsabilités de Ferrazzi, Russo et Sebastiani en dépit de leurs présences au moment de la rixe, n’ont pu être démontré.
Aujourd’hui, vingt huit ans après la disparition de Reno Filippini, les Ultras 1898 commémorent u encore la mort d’un cœur bianconero.
A ce jour, la mort de Reno reste encore impunie, Ascoli ne l’oubliera jamais.
Mourir pour un match de football, c’est si nul.
Quelle bande de crapules pour faire un tel acte.
Il est mort exactement comme notre martyr a nous, Brice Taton.
Qu’ils reposent en paix au paradis des amoureux du ballon rond.
D’accord avec toi.
Insultes, chants guerriers, fumigènes, petites frictions passent mais assassiner un gars a 10 contre 1 est abject, horrible et un jour la sentence divine rattrapera ces salopards.
Un demi-siècle, ou 25 ans ??!
Un quart de siècle, bien vu ! Merci.