Sans cohérence collective et (donc) sans solidité défensive, le Real a explosé à Anoeta, juste avant la trêve internationale. Comment le Real a-t-il pu ainsi chuter et quelles sont les solutions pour Carlo Ancelotti avant de défier l’Atlético, dans un match déjà important ?
Comme souvent au Real, cet été, Florentino a fait des folies. Le « président-supporter » de la Maison Blanche s’est offert deux sensations de la Coupe du monde et a laissé partir deux pièces maîtresse du double-système de la saison passée.
Sans Xabi Alonso ni Angel Di Maria, mais avec Kroos et James Rodriguez, le Real a explosé à Anoeta, incapable de maîtriser les débats malgré une avance de deux buts rapidement acquise. Avant la réception de l’Atlético samedi soir, Carletto doit trouver les solutions.
Équilibrer une équipe bâtie à coup de millions par les caprices d’un président impatient : le défi est de taille, mais il est taillé pour Ancelotti le diplomate. Un tacticien flexible qui va devoir s’adapter, dans l’urgence, une fois de plus.
Le 4-4-2 à plat et les seconds ballons
La faiblesse du premier rideau madrilène était criante à Anoeta. Tant par les profils qui la composent (4 joueurs offensifs et créatifs), que par son comportement. La ligne Isco–Kroos–Modric–James, n’a pas donné les garanties défensives nécessaires pour protéger sa défense, et plus particulièrement sa charnière centrale.
Attiré par le ballon (car peu soutenu par son duo d’attaque ?), Toni Kroos a souvent été – malgré lui – celui par lequel les lignes se sont ouvertes. Par ses sorties, l’Allemand a creusé l’écart qui le séparait de Ramos.
Le Sévillan et Pepe se sont trouvés livrés à eux-mêmes, mis à l’épreuve par Agirretxe et son impact physique (1 m 87) bien soutenu par Granero et Xabi Prieto. De mauvais augure avant de croiser la route du pivot Mandzukic et de l’ailier fort Raul Garcia.
Les Madrilènes pouvaient à peine s’offrir le luxe de dégager : une fois le centre renvoyé, ou même remis par un Basque, tous les seconds ballons étaient pour la Real Sociedad.
Le gain systématique de ces rebonds offensifs, a permis à l’équipe de Jagoba Arrasate de gagner du terrain, pour finalement faire flancher Madrid en attaque placée. Une fois les 4 milieux facilement effacés, 3 ou 4 joueurs basques plongeaient dans la surface pour créer une égalité (voire une supériorité) numérique.
Les défenseurs de Carlo Ancelotti étaient donc contraints à constamment sortir au duel, avec les risques que cela comporte : tacler, concéder des corners et flirter avec le penalty. Un coup de pied de coin amènera la réduction du score alors que Ramos (à deux reprises), puis Carjaval, auraient pu être sanctionnés pour des charges très limites dans la surface.
Kroos–Modric : Un duo trop léger défensivement
Si les deux joueurs ne sont pas à blâmer pour leur implication, leurs profils ne sauraient suffire à équilibrer le milieu de terrain madrilène. Modric, comme son co-équipier allemand, est capable de gratter des ballons, mais ce n’est pas sa fonction première.
Leur manque de densité athlétique et de volume se paie cher sur le troisième but. Quand la surface est assaillie par les projections adverses, Ramos et Pepe sont à l’abandon, et l’égalité numérique est fatale au Real.
Comme leurs partenaires des côtés (Isco–James) et ceux de l’attaque (Benzema–Bale), Kroos et Modric n’ont pas fait le poids défensivement.
L’ancien milieu du Bayern est en grande difficulté dans le duel défensif de la vidéo ci-dessus. L’équilibre du Real ne peut ainsi dépendre de sa moisson au milieu, même si Modric a su élever son niveau dans ce domaine la saison dernière.
Au delà de cela, c’est l’incapacité des Madrilènes à mettre le pied sur le ballon qui a inquiété. La Real Sociedad a égalisé après une action à 20 passes. Si les hommes d’Ancelotti ont eu plusieurs fois l’occasion de tuer le match en contre, ils n’auront maîtrisé la partie que lors des dix premières minutes. Avant d’abandonner le ballon, en même temps que le contrôle du match.
Le 4-3-3 comme solution ?
Les soucis madrilènes n’étaient pas exclusivement défensifs sur ce match. La relance fut elle aussi plusieurs fois perturbée. En mettant Kroos sous la pression d’une prise à deux et en pressant sur la charnière centrale, les Basques ont forcé le Real à allonger, gagnant ainsi du terrain, et faisant reculer le Real pour mieux poser le jeu derrière.
Pour faire face à ces soucis défensifs et offensifs, Carlo Ancelotti pourrait opérer le même remaniement tactique – plus tôt dans la saison- que la saison dernière : un passage au 4-3-3. C’est une rumeur qui a circulé ces derniers jours : Gareth Bale effectuerait le même chemin que Di Maria la saison passée en passant du poste d’ailier à celui de relayeur.
S’il n’est pas qu’un sprinteur au physique de poloïste, le Gallois devra exceller dans les petits espaces et le jeu court contre l’habituel bus impérial de Cholo Simeone. Rien n’indique dans son profil qu’il sera capable de donner plus de liant aux attaques qu’Isco, qui a joué assez haut à Anoeta. Si Ancelotti choisit cette option, son comportement sera intéressant à analyser.
Modric se trouverait alors devant la défense. Si le Croate avait rayonné dans ce rôle lors de la finale de la Ligue des champions et de l’explosif derby retour l’an passé (2-2), Toni Kroos et tout le reste de l’équipe, à l’image de James Rodriguez, devront élever leur niveau de jeu défensif.