Dans un match qui pouvait sceller le sort de la Ligue 1, le PSG a finalement triomphé assez tranquillement de son éternel rival. L’OM a surpris par une entame audacieuse, avant de céder en deuxième mi-temps, son équilibre étant de plus en plus précaire au fil des minutes.
Comme souvent ces dernières semaines, on a beaucoup spéculé avant le match sur l’organisation tactique de l’OM. On a parlé d’un 4-3-3 dit « offensif ». José Anigo pose finalement une sorte de 4-4-1-1 avec Payet et Thauvin autour du duo Ayew-Romao dans le cœur du jeu, alors que Valbuena suppléait Gignac devant. Côté parisien, le 4-3-3 classique, à l’exception de Lucas, toujours présent à droite à la place de Cavani, qui a célébré son retour par un but.
La ligne haute de l’OM / le show Lucas
Les premières minutes donnent plutôt raison aux observateurs, car l’OM – d’une façon tout à fait surprenante – prend le contrôle du ballon au Parc, en pressant assez haut. Après 7 minutes, les quelques séquences posées par les hommes d’Anigo leur offrent un flatteur 61% de possession. Pour autant, les Marseillais montrent déjà les signes d’une certaine fébrilité défensive. Leur ligne haute est flottante, et Paris trouve des appuis dangereux entre le milieu et la défense. C’est Lucas qui se met le plus en valeur dans cet espace. Au sortir d’une touche, il créé le décalage et sert Lavezzi, qui profite d’un alignement douteux de Morel pour partir dans le dos de la défense. L’apport défensif du milieu latéral, si important dans un 4-2-3-1, n’est pas vraiment garanti par Thauvin et l’équilibre défensif de l’OM est déjà chancelant.
Si les Olympiens tiennent le ballon, ils n’inquiètent pas vraiment Paris, incapables de conclure rapidement leurs séquences par des tirs. La paire Romao-Ayew est aspirée vers l’avant lors de ces mouvements offensifs rendus trop longs par le bon repli du PSG. C’est une attaque accompagnée par cinq phocéens qui précèdent le premier frisson de la partie. Payet tarde à finir et, après la perte de balle, Lucas créé la verticalité par le rush et perce une défense marseillaise trop haute depuis l’entame.
On a souvent entendu dire cette année que pour tenir face à Paris, il était nécessaire de « ne pas rendre le ballon trop vite ». Dans le premier quart d’heure, l’OM vacille pour l’avoir tenu trop longtemps, laissant son bloc se faire aspirer verticalement, avant d’être fendu par la vitesse et l’instinct de Lucas, qui n’est jamais aussi bon que lorsqu’il a de l’espace à dévorer dans le dos de la défense.
Le circuit axial bouché face au quatuor Ayew-Romao-Valbuena-Gignac, Motta oriente naturellement vers ses côtés. Côtés où les présences combinés de Lucas et Lavezzi offrent une grande force de percussion à Paris, en plus des dédoublements des latéraux et des rushs intérieurs de Matuidi, difficilement contenus par Romao. Les Olympiens restent en vie dans les 1 contre 1 et résistent face aux centres qui se multiplient. La première mi-temps se finit péniblement.
Que ce soit dans les phases offensives, lorsqu’il les a accompagnés, ou défensivement dans son agressivité, le duo Ayew-Romao est très attiré vers l’avant. Une fois dépassé, il offrait de l’espace dans son dos et exposait la défense face aux qualités individuelles du PSG en un contre un. Les dix dernières minutes de la première période sont longues pour un OM fragile, qui cède progressivement à la tentation de la défense à 6, à l’initiative de Payet et Thauvin, de plus en plus souvent sur la même ligne que leurs défenseurs.
1-0 / Paris au gagne-terrain
La deuxième mi-temps repart sur les même bases que la première, avec, en plus, une volonté évidente de la part du PSG de ne pas trainer dans la construction et de jouer rapidement vers l’avant. Ce pragmatisme permet à Paris de s’imposer dans le gagne-terrain face à cet OM au repli défaillant. Silva envoie un premier long ballon qui met Fanni sous grosse pression. Deux minutes plus tard, c’est Alex qui cherche directement Ibra sur l’action du premier but.
L’ouverture du score de Maxwell est d’ailleurs une belle synthèse des lacunes marseillaises depuis l’entame : Un premier rideau facilement sauté, Thauvin défaillant dans son repli, et un alignement défaillant de Morel. C’est d’ailleurs une pénétration infructueuse d’Ayew qui est à l’origine de la perte de balle. Le décalage est assez facilement créé et Maxwell peut s’autoriser trois touches de balles pour ajuster Mandanda à bout portant.
Comme l’a dit justement dit Philippe Doucet, le PSG marque en « attaque placée rapide ». Paris s’affranchit de sa trop longue phase de préparation et l’OM est piégé, presque trop joueur. Comme un symbole, Franck Passi expliquera l’entrée d’Imbula par l’ambition marseillaise de plus tenir le ballon.
Une fois cet avantage acquis, Paris peut gérer plus tranquillement, faisant sensiblement baisser le rythme de la rencontre après l’heure de jeu. Le PSG joue à sa main, et quand il accélère, l’OM vacille dans les mêmes circonstances qu’avant l’ouverture du score. Cavani remplace Lavezzi et s’incorpore à la gauche intérieure d’un intéressant trident offensif en compagnie d’Ibra et Lucas. Peut-être celui de la fin de saison, peut-être celui qui mettra fin au débat sur son positionnement. Le PSG tue définitivement le match face à un OM naturellement de moins en moins compact. Le coup de grâce est porté sur une attaque placée de gauche à droite, qui commence à gauche chez Cavani, et se finit sur sa tête, après une spectaculaire triangulation entre Verratti, Lucas et Van der Wiel.
Conclusion : Paris grâce à son repli
Anigo dira après le match qu’il n’a pas vu un monde d’écart entre le PSG et Marseille. C’est à la fois vrai et faux. L’OM est beaucoup moins fort que Paris individuellement. Pourtant, sa défense, relativement exposée par le comportement de son milieu de terrain, s’est plutôt bien comportée dans le duel, à l’image de Morel. C’est plus dans l’alignement qu’elle a failli. Une faiblesse inhérente au plan d’Anigo. Contrairement à ce qu’il confiera également après le match, le coach olympien peut peut-être nourrir quelques regrets par rapport à cette approche imparfaite, même s’il a le mérite d’avoir essayé quelque chose.
L’an dernier, l’OM avait eu 55% de possession au Parc. Paradoxalement, il a presque été mangé à la même sauce cette année. Les Parisiens ont beaucoup tenu le ballon, mais l’écart en possession s’est plus creusé pendant les phases de gestion que pendant celles de construction.
Au delà de leur supériorité individuelle, et en dépit du discours habituel de l’entraineur du PSG, c’est l’efficacité de leur repli défensif, voire même de leur défense basse, qui a permis aux hommes de Blanc de neutraliser facilement les attaques de l’OM.
Avant de le mettre fatalement en danger grâce à ce pragmatisme – assez nouveau – dans la relance, dans la continuité de ce qu’on a vu à Leverkusen.