La première instance nationale du supportérisme s’est tenue au ministère des Sports à Paris ce mercredi. Si la séance plénière a eu lieu dans l’après-midi, c’est la réunion de travail en matinée qui a été la plus productive.
Les représentants des ministères des Sports et de l’Intérieur, FFF, LFP, ainsi que des associations nationales de supporters (Conseil National des Supporters de Football, Association Nationale des Supporters, Fédération des Supporters Handicapés, en compagnie d’associations de supporters d’autres sports) et le sociologue spécialisé Nicolas Hourcade ont pu établir trois axes de priorité.
« On a défini un calendrier contraignant puisque dès juin on doit avoir des éléments de réponse sur l’agrément (obligatoire pour une association désireuse de siéger à l’instance nationale du supportérisme, ndlr). À quoi ça sert, quels avantages, comment inciter les associations à demander l’agrément (des questions déjà soulevées lors des assises du supporterisme l’an dernier, ndlr) « , note ce dernier.
Le secrétaire d’État aux Sports Thierry Braillard précise : « C’est un groupe de travail qui va se charger de trouver les avantages de cet agrément, et il y en a pour les groupes de supporters. Notamment vis-à-vis des clubs ainsi que des instances nationales. Pour être un référent qui est consulté, systématiquement, c’est extrêmement important. »
Le rôle et la formation du SLO
Le deuxième chantier prioritaire désigné concerne le référent supporter (Supporter Liaison Officer ou SLO), notion inscrite dans le Code du sport depuis l’an dernier. « Ce qui nous a été dit, c’est que chaque club de Ligue 1 a déjà un référent. On a demandé à avoir accès à cette liste de référents, pour l’instant on ne l’a pas. La Ligue s’est engagée à nous la donner en toute transparence. Par contre on a découvert dans certains clubs qui avait ce rôle-là, on était très étonnés parce qu’on n’est pas du tout dans l’esprit. Si tu mets en place un référent, l’idée c’est quand même d’en informer les supporters », constate un responsable de l’ANS auprès de La Grinta.
Les associations nationales et la Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme (DNLH) se sont entendus sur la nécessité d’une formation au rôle bénévole de SLO. Reste à en déterminer les conditions. À noter que l’ANS défend aussi l’implantation de SLO dans les compétitions gérées par la FFF (Féminines, amateurs etc.) L’échéance sur ce point est fixée à l’automne. Dernier axe de travail : l’accueil, la sécurité et le remplissage des stades. « Ça touche les clubs de tous les sports. Et on travaille sur la responsabilité des supporters dans la thématique droits-devoirs », explique Hourcade.
Thierry Braillard : « C’est un nouveau regard qui va être porté sur les supporters »
Thierry Braillard, interrogé par la presse sur la question des fumigènes, l’assure : « Tout peut être débattu. Si on fait une instance, ce n’est pas en limitant les débats. Ce n’est pas intéressant. Maintenant, très rapidement, […] Il y a des personnes qui ont déjà perdu une main avec un fumigène ou d’autres choses, et c’est quand même un risque encouru qui trouble l’ordre public et qui fait qu’aujourd’hui c’est interdit dans les stades […] Mais tout peut être discuté au sein de cette instance. Par exemple, vous savez que notre pays est en État d’urgence, et souvent les supporters ne comprennent pas pourquoi on va interdire des déplacements. […] Il y a toujours une raison. Et il n’y a pas une volonté anti-supporters […] Le dialogue peut parfois manquer, c’est pour ça que cette instance est extrêmement intéressante. Elle permettra d’évoquer tous les sujets, notamment ceux-ci. Je crois que c’est un nouveau regard qui va être porté sur les supporters avec cette instance. «
« J’ai été membre d’un comité de supportérisme entre 2011 et 2013 qui avaient les mêmes attributions et qui n’a servi à rien. Là l’enjeu, c’est que ça serve à quelque chose… Il y a une vraie volonté politique », se réjouit pour sa part le sociologue Nicolas Hourcade. À voir si les élections tant à la FFF (à la fin du mois) qu’à la présidence de la République ne remettent pas cette volonté en cause d’ici la prochaine réunion du 20 juin.