Le premier rendez-vous footballistique dans un périple sud-américain, ça marque. Surtout après trois semaines que à profiter des plages et autres charmes du Brésil, la ferveur d’un stade vient vite à manquer. En l’occurrence, le manque va vite être comblé avec cette affiche pour le compte de la quatrième journée du championnat de l’Etat de Rio de Janeiro. Un premier classico : Vasco de Gama-Flamengo. Resituons-nous dans le contexte, en ce dimanche ensoleillé et très chaud, quelques jours après la fin de l’interminable carnaval et à la veille de la rentrée scolaire.
Le championnat régional a repris ses droits depuis trois journées. Dans la poule A, le Vasco de l’ancien Monégasque et Parisien Nenê caracole en tête avec autant de victoires que de matchs disputés, tandis que Flamengo, le plus populaire des clubs cariocas, a dû partager les points lors de la première journée. Mais depuis quelques jours, la polémique se situe surtout dans les tribunes, avec la décision de jouer cette rencontre au stade São Januario, la propriété du Vasco, pour la première fois depuis 11 ans. Le président flamenguiste doute en effet des capacités d’accueil et surtout de sécurité pour ses supporters dans ce stade « à l’ancienne », en plein milieu du quartier São Januario. Et pour les personnes qui connaissent le lieu et son atmosphère, il est vrai que cette rencontre à tout d’un traquenard pour le club rouge et noir. Nous ne sommes pas dans un morro (une favela), mais le quartier est populaire et on est loin des plages d’Ipanema. Le stade est vétuste, bref, tout ce que l’on aime pour un match.
L’hospitalité locale se fait ressentir jusque sur des inscriptions aux murs avec des messages pour le moins explicites à l’attention des hôtes du jour. Une heure avant le match, les alentours du stade sont animés par les regroupements de vascainos et les chansons de funk carioca qui résonnent un peu partout. La présence policière est très forte, et pour cause : le préfet a classé cette rencontre comme à haut risques. Et on peut faire confiance à la police militaire brésilienne pour réprimander le moindre écart de conduite d’une torcida locale qui n’a pas l’air composée d’enfants de chœur…
Bloc tout de rouge vêtu
Une fois acclimaté au contexte, et à 20 minutes du début de la rencontre, il est temps de rentrer dans la popular, avec un billet acheté la veille à 80 reais (20 euros), le prix à payer si on n’est pas socio du club ou étudiant, pour qui le prix est divisé par deux. En rentrant dans le virage, les attentes sont confirmées : le stade est à 90% rempli. Le parcage flamenguiste, composé d’à peu près 500 personnes, est bien compact et tout de rouge vêtu. Une distance de sécurité et une présence policière les séparent du reste de la torcida locale. Le soleil tape fort, les hommes sont torse nu pour la plupart et les chants ne cessent de retentir pendant cet avant-match où les hommes coachés par le champion du monde 94 Jorginho s’échauffent juste devant la popular.
Une des particularités de ce stade São Januario est que les bancs de touche ne se situent pas le long de la ligne de touche comme à peu près partout dans le monde, mais derrière les buts. Dans le kop, très peu de maillots d’autres équipes que Vasco, à part un du PSG ou du Real ici ou là. Rien à voir avec les travées françaises, remplies de liquettes de Chelsea ou autres Milan. À noter, une amitié entre les Guerreiros (torcida de Vasco) et l’Universidad de Chile, avec la présence de deux Chiliens, matos de la U de la tête aux pieds, et aussi un beau graff à l’extérieur du stade.
17 h 30. L’arbitre peut enfin donner le coup d’envoi de ce premier choc de la saison pendant une première période, plutôt équilibrée malgré peu d’occasions franches, et un gros raté des deux côtés. Côté flamenguiste, le vétéran et éphémère Rennais Emerson Sheik rate tout ce qu’il entreprend. Mancuello, l’ancienne idole d’Independiente, est transparent, tandis que ce diable de Nenê n’a rien perdu de sa patte gauche avec toutes les offensives noires et blanches qui partent de lui. Juste avant la mi-temps, les fans flamenguistes, certainement frustrés du spectacle proposé, décident de se faire remarquer en lançant un gros pétard, presque une bombe agricole, en direction de la tribune adverse, ce qui va avoir le don d’exciter la jeunesse locale et également la police militaire, qui distribue les coups de matraque et les sprays de gaz lacrymogène à cœur-joie.
C’est là-dessus que les deux équipes se séparent avant de revenir pour un deuxième entracte à sens unique, un véritable attaque-défense où les locaux imposent leur rythme. Les occasions viendront surtout des coups de pied arrêtés tirés encore et toujours par Nenê. L’ancien Parisien nous régalera même d’un magnifique coup franc finissant sa course sur la barre transversale. Malgré tout, on semble se diriger tout droit vers un 0-0, lorsque après un coup franc mal dégagé par la défense de Flamengo, le nouvel entrant Rafael Vaz récupère le ballon et fusille Paulo Victor a 10 mètres de ses buts. Dire que la popular explose est un euphémisme, et c’est une véritable hystérie collective qui s’empare des torcedores. Quel bordel, et quelle fête ! Les chants sont puissants, à forte influence argentine, rythmés, et surtout, repris par tout le monde. Que ça nous change des chants français, composés au mieux de quatre ou cinq mots !
@BastienPoupat @Beto__1899 pic.twitter.com/nu4YKAGjDL
— Malik (@MalikLibertador) 15 Février 2016
L’après-match n’est qu’embrassades et chants interminables, tandis que Nenê, le chouchou, viendra filmer tout ça de plus près avec son téléphone. L’immense joie de cette rencontre contraste avec d’autres matchs cariocas, moins joyeux, dans des stades vides. La torcida vascaina semble être à part dans le monde des supporters cariocas, avec une forte identité liée au quartier de São Januario. Et ce stade magnifique et atypique.
Merci de nous faire partager un peu d’ondes positives de ton séjour !
A PLUS.. Au prochain match peut-être !
Nico.
De rien amigo avec plaisir