Apres une (longue) coupure de deux jours sans match, qui nous aura néanmoins permis de visiter entre autres le quartier et le stade de la Boca, direction Avellaneda. Commune de 400 000 habitants, située et même collée à la ville de Buenos Aires, elle compte deux clubs de renom faisant partie des 5 grands argentins, le Racing et Independiente. C’est le Rojo qui aura nos faveurs cette fois, avant de filer au Monumental de River Plate.
Vous avez pu suivre notre plongée dans le stade bleu et blanc la semaine dernière, et il faut à peine 200 mètres pour passer du côté du frère ennemi, l’Independiente. Élu deuxieme meilleur club sud-américain du 20eme siècle, « El Rey de copas » 7 fois vainqueur de la Libertadores (record en cours) est un monument en Argentine et sur le continent. Un monument néanmoins en péril depuis quelques années, qui a même connu les joies de la seconde division en 2013-2014, 4 ans après avoir accroché son dernier titre, la Copa Sudamericana. Au rayon des joueurs de légende, la liste est longue avec Bochini, l’un des meilleurs milieux de terrain argentins de l’histoire, ou plus récemment Gabriel Milito, Cambiasso et bien entendu l’enfant du club qui dispose même d’un portrait géant sur le stade, le Kun Agüero.
Pour cette rencontre nous disposons d’un hôte de choix, un supporter marseillais expatrié à Buenos Aires membre du groupe Brava Massalia, et ami de « Los Pibes de los Bombos » géré par Hernán Palavecino, première ligne de la barra de los Diablos Rojos du tumultueux « Bebote » Alvarez ; sur qui nous reviendrons dans un prochain article. Nos hôtes vont donc nous permettre de nous plonger en plein cœur du groupe de la popular. Accompagnés d’autres amis de la barra locale, reçus pour l’occasion et venus de Caracas (Venezuela), nous allons pouvoir observer et participer à la préparation d’une tribune popular avec tous les tambours, voiles et drapeaux que vous pouvez imaginer. Mais l’Argentine est en train de prendre un virage dans le monde de ses tribunes. Le nouveau gouvernement, en collaboration étroite avec la fédération de football et les polices locales, est en train de durcir le ton notamment avec l’utilisation des engins pyrotechniques. Et il faut dire que les fans d’Independiente ont plutôt fait fort la semaine précédente lors du derby face au Racing (voir vidéo).
De ce fait, après avoir laissé sortir tout le matériel nécessaire à la décoration d’une tribune entière, les hommes du nouveau commissaire de police décideront finalement (et après avoir pris le soin de photographier l’intérieur du local) de tout faire remballer, et ce sera donc un stade Libertadores de America nu de tous ses vêtements rouge et blanc qui verra les hommes du revenant et enfant chéri du club, German Denis, battre le Colon Santa Fe sur le score de 4-1.
Apres le Brésil, où des mesures strictes en termes de sécurité sont désormais en vigueur dans les stades (notamment depuis la construction de nouvelles enceintes après l’attribution de la Coupe du monde 2014), c’est au tour de l’Argentine de voir de nouvelles règles se mettre en place. Autant le projet chez le voisin a réussi à se mettre en place et par la même occasion tuer la ferveur dans les tribunes, autant il en sera beaucoup plus difficile ici pour de multiples raisons (mœurs différentes, stades vétustes, passion autrement plus grande etc.). Et les superbes feux d’artifice vus, entre autres, en province à Rosario en sont les plus beaux exemples.
River-Boca, l’affiche rêvée du fan du foot qui se respecte
Pour tous les amoureux du ballon rond et surtout du monde des tribunes, si il y a bien UN match auquel il faut assister, c’est bien un Superclasico. Et étant donné que nous sommes passionnés, direction donc le Monumental pour le choc entre River Plate et Boca Juniors. Passons sur l’histoire et les légendes des deux clubs, vous êtes déjà au parfum de la grandeur des monstres que sont ces deux institutions. Pour pouvoir assister à cette rencontre, il faut vraiment se bouger et surtout mettre le prix ! Pour notre part, c’est une discussion avec un vendeur de drapeaux devant le stade qui quelques jours avant le match va rencarder le lendemain matin avec un contact et pouvoir lui acheter les précieux sésames. Car pour cette rencontre, il faut premièrement être socio mais en plus aller chercher une carte d’entrée nominative les jours précédents le match. Le prix est finalement en deçà de ce qu’on nous avait annoncé, même s’ill faudra quand même débourser l’équivalent de 150 euros pour pouvoir en être. Autre souci maintenant que nous avons le bijou entre les mains, c’est de savoir s’il s’agit d’un fugazi (faux billet) ou non. En effet comme de partout lors de grands événements, il n’est pas rare de voir des faux se vendre, et même avec toute notre expérience en la matière nous ne sommes pas à l’abri de finalement voir le match dans un bar jouxtant le stade. Il n’en sera rien et prenons donc place en platea supérieure plus de deux heures avant le début de la rencontre afin d’avoir une place où s’asseoir. Il fait un grand soleil, le stade est tout de rouge et de blanc, le rêve.Et le recibimiento ne va pas nous décevoir loin de là !
Avant d’aborder ce Superclasico, River s’était imposé 1-0 sous nos yeux contre Independiente tandis que le Boca de Tevez plongeait dans la crise et changeait d’entraîneur (exit l’ancien joueur Arruabarrena et place à une légende du club, Guillermo Schelotto) et concédait le nul sur sa pelouse contre le Racing 0-0 en Libertadores.
C’est River qui fera le jeu et se procurera les plus belles occasions du match avec notamment une barre transversale et plusieurs duels perdus face au portier, face à un Boca qui ne montrera absolument rien, les spectateurs ne s’y trompant pas dans les dernières minutes en chantant d’une seule voix « Boca sos cagon ».
Côté ambiance, est-ce aussi impressionnant qu’on nous le répète ? Déjà le stade à lui seul l’est, ensuite étant dans une tribune latérale, on n’aura hélas pas le droit à la même folie que dans la popular des magnifiques Borrachos del Tablon. Mais oui, cela reste un spectacle à vivre. De l’entrée des joueurs avec le feu d’artifice alors qu’au même moment un avion vole à basse altitude, en passant par les chansons reprises par le stade entier, nous n’avons pas regretté une seule seconde le déplacement. Même si nous restera la frustration en sortant du stade de ne pas avoir vu les 650000 millionarios rentrer en hystérie générale.
En une semaine rien qu’à Buenos Aires, nous aurons donc assisté à 4 rencontres. Mais plus fou encore, il n’y a pas que Buenos Aires en Argentine. Et à titre d’exemple à 4 heures de route de la capitale, à Rosario la 3eme ville du pays, deux matchs de Central et Newell’s se joueront la semaine prochaine à un jour d’intervalle. Comme l’envie de prendre le bus…