Entre lundi 29 février et dimanche 6 mars, il nous aura été possible d’assister à 4 matchs de football, voire 5 si Huracan avait reçu Montevideo en Copa Libertadores au lieu de jouer à l’extérieur. Vous l’aurez compris, Buenos Aires est LA ville du football dans le monde. En Argentine,entre le championnat et les Coupes, des matchs se déroulent – sans exagération – tous les jours en ce moment. C’en est presque trop, même pour des passionnés.
Forte de ses 15 millions d’habitants et 200 km² de superficie, le district de la capitale argentine ne compte pas moins de 20 clubs en première et deuxième division (dont 9 en centre-ville) ! Pour imager, c’est un peu comme si l’Île-de-France, en plus du PSG, était représentée par le Red Star, Créteil, le PFC et 5 autres clubs de Paris intra-muros en Ligue 1 avec des moyennes de plus de 15 000 spectateurs… Combiné à cette pleine période de Copa Libertadores, nous sommes donc servis en possibilité de matchs ! Ici, le football est quotidien et ne s’arrête jamais.
Commençons donc cette première semaine ensoleillée de mars par un River-Independiente, opposant deux équipes au compteur de victoire bloqué à zéro. Direction donc l’Estadio Antonio Vespucio Liberti, dit le Monumental. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il porte bien son nom. Situé au nord de la ville, ce monstre de béton a été construit en 1936 et peut accueillir 65 000 spectateurs. Il est possible de visiter (hors jour de match) pour 150 pesos (10 euros) le musée (avec également un tour à l’intérieur du stade et au bord de la pelouse), et lorsqu’on est socio de pratiquer le tennis, la gymnastique, et encore bien d’autres activités sportives, le club étant comme souvent en Amérique du Sud, omnisports. Notons également la possibilité de s’inscrire à la faculté de River Plate et d’apprendre les métiers du sport (notamment le marketing).
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River et le cliché du « Millonario »
Pour ce lundi soir, grâce à un contact sur place et moyennant 400 dollars (25 euros), nous pourrons assister à la partie en tribune popular, mais dans la plus « tranquille » des deux. C’est donc assis (sur des sièges qui étaient déjà là pour voir l’Argentine remporter le Mondial 1978) que nous sommes témoins d’un match qui ne restera pas dans les annales. Non, si on vient en Argentine ce n’est vraiment pas pour le spectacle proposé sur le terrain mais plutôt celui dans les tribunes. Nous sommes un lundi, mais ce sont près de 50000 spectateurs qui rempliront les travées du stade. Quant on sait qu’en moyenne entre 40 et 50 000 sont fidèles à la Bombonera de Boca, 20 et 30 000 à San Lorenzo, 10 et 15 000 à Velez, 30 et 40 000 au Racing et à Independiente, sans parler des clubs comme Lanus, Arsenal, Huracan, Banfield, ou Nueva Chicago qui sont toujours au-delà des 10 000 par match… On se demanderait presque si tous les habitants de Buenos Aires ne vont pas au stade ! Et au vu de la situation économique du pays, où le salaire moyen est bien en-dessous des 1000 euros, on réalise vraiment combien l’Argentin aime son club et que cela représente beaucoup de sacrifices pour lui et sa famille.
Le public de River, lui, est certes connu pour être composé de la classe moyenne et aisée, mais ce n’est pas pour autant que des personnes beaucoup plus modestes vêtues ne portent pas le fameux maillot à la rayure rouge. Disons que la partie nord de la ville, la plus aisée, est à 100% River, mais le public de River, lui, est loin d’être composé à 100% de gens aisés. C’est l’un des clichés du duel Boca-River qui n’est pas totalement vrai, un peu à l’instar de Flamengo- Fluminense à Rio, où l’on oppose les riches aux pauvres. Cela était vrai lors des premières décennies après la création des clubs, mais depuis les temps et la sociologie ont changé.
La barra locale des « Borrachos del tablon » fait même partie du top argentin en termes de puissance vocale ou visuelle. Sur le terrain le seul but de cette partie pauvre sera marqué par River Plate dans les dix dernières minutes, sur un centre venu du côté de l’excellent Vangioni et suite à une énième bourde de la tête de turc des supporters d’Independiente, « El Ruso » Rodriguez, capitaine et portier de l’équipe.
San Lorenzo, le mythe des vidéos virales
Mercredi, direction le Nuevo Gasometro pour la 2eme journée de la Copa Libertadores opposant le vainqueur de l’exercice 2013, San Lorenzo, au club mexicain de Toluca. Vous connaissez certainement l’histoire de la délocalisation du stade local. Il faut donc se rendre à plusieurs pâtés de maison de Boedo, le quartier historique de l’équipe locale, pour assister au match. En plus de l’éloignement de leur quartier historique, les fans de San Lorenzo doivent également composer avec le fait de passer par l’un des barrios les plus vétustes et malfamés de la ville. Le stade est d’un autre âge, les fondations des plus minimalistes mais comme le disait notre hôte du jour, aucun incident n’est à déplorer malgré les fréquents séismes des fervents hinchas bleu et rouge. Il faut dire en effet que chez les plus fins spécialistes des tribunes sud-américaines, les fans de San Lorenzo font partie des meilleurs du pays surtout pour leur inventivité dans les chants souvent repris de partout dans le monde.
Pour un non-socio, il faut également débourser 25 euros pour assister à la rencontre en tribune latérale, comme souvent en Argentine la popular étant réservée uniquement aux socios du club. Lors de la première journée, San Lorenzo s’était incliné à Quito (Équateur) 2-0, et se doit donc de battre une équipe mexicaine, chose jamais aisée. Le stade est rempli, les débats sur le terrain sont de bonne facture et le Paraguayen Ortigoza de par son style atypique et son toucher de balle à la Lucho Gonzalez nous régale à chaque ballon. C’est bien lui qui ouvre le score sur penalty, avant que les Mexicains n’égalisent sur la remise en jeu !
Et malgré quelques belles occasions des deux côtés (aussi grâce à l’excellent gardien de San Lorenzo, Torrico), le score en restera là, ce qui ne fait pas l’affaire des Cuervos qui se déplacent au Gremio la semaine suivante.
Dans la capitale argentine, lorsqu’il n’y a pas de match, il y a toujours la possibilité de rester brancher avec le foot, dans le métro par exemple avec la station sur la ligne D, totalement dédiée à Léo Messi. Il est souvent dit que le meilleur joueur du monde n’est pas beaucoup aimé dans son pays, mais après avoir échangé avec plusieurs personnes et vu de nombreux maillots floqués à son nom, ce n’est visiblement pas le cas. Il n’aura jamais l’aura de Maradona mais il est bel et bien la fierté nationale. Un peu comme les tribunes du pays renommées dans le monde entier.