Cartons rouges à gogo, une mi-temps de 70 minutes et insultes entre dirigeants et supporters adverses, ce lundi 18 janvier fut une grande journée d’ascenso argentin. En fin d’après-midi au stade de Ferro Carril Oeste, en plein centre de Buenos Aires, se jouait la première demi-finale de Primera B Metropolitana entre Tristán Suárez et Comunicaciones. Toujours sur terrain neutre et sans public, « Jota Jota » et San Telmo s’affrontaient ensuite à 21 h 10 à Sarandí.
Almirante Brown déjà promu après avoir gagné les tournois d’ouverture et de transition, quatre équipes restaient en course pour composter le deuxième ticket de montée en B Nacional. Dans le quartier de Caballito, au stade de Ferro, l’équipe de la lointaine banlieue sud, Tristan Suarez, affrontait Comunicaciones, club du quartier proche d’Agronomia. Les deux clubs, auteurs d’une bonne saison régulière ont écarté respectivement Argentino de Quilmes et Acassuso en quarts de finale.
Tristán Suárez 1-0 Club Comunicaciones
Comme c’est le cas depuis le début de la pandémie, les autorités de la ville de Buenos Aires sont beaucoup plus strictes que leurs homologues de province à l’entrée des stades. Si l’intention de faire respecter les règles est louable, le résultat est contre-productif. Les cinquante journalistes accrédités se retrouvent agglutinés à l’entrée du stade sur quelques mètres carrés. Alors que l’ouverture des portes avait été annoncée pour 15 h 30, c’est seulement à 16 h 25, 45 minutes avant le coup d’envoi que le feu vert est donné. Nous prenons place dans la charmante platea de bois du stade Arquitecto Echeverri, le plus vieux d’Argentine et où joue habituellement le club de Ferro Carril Oeste, actuel pensionnaire de deuxième division. Le stade se trouve en rénovation et peut temporairement accueillir 12 000 personnes entre sa très vaste platea et la petite tribune populaire Est.
La première mi-temps sera typique d’un match de cette catégorie. Même si Tristán Suárez est donné légèrement favori pour avoir fait un meilleur tournoi de transition et battu cette même équipe de Comunicaciones deux semaines auparavant, les niveaux sont homogènes, et la chaleur empêche d’assister à un match de haute intensité. C’est à la 63eme minute que le match prendra une autre dimension avec le but de l’homme du match Nicolas Barrientos sur une superbe frappe soudaine et croisée. Dix minutes plus tard une bagarre générale éclate lorsque Melillo, qui veut dégager en touche, frappe la balle sur son adversaire Izco. Ce dernier réagit avec une belle baffe et est directement exclu, de même pour Melillo qui reçoit un deuxième jaune. Il y a désormais beaucoup plus d’espaces dans ces 15 dernières minutes et malgré tous les longs ballons balancés dans la surface par Comunicaciones, on sera plus proche du 2-0 que d’une égalisation. C’est sur un énième contre qu’un deuxième joueur du Cartero sera exclu pour un tacle par derrière sur Arreguín qui partait tout seul au but. Tristán Suárez, un des seuls clubs argentins n’ayant jamais été relégués, s’offre une victoire étriquée mais logique, et tentera de monter en deuxième division pour la première fois de son histoire après 25 ans de présence ininterrompue en troisième division.
ASD Justo José de Urquiza 0-4 San Telmo
Pas le temps de voir les célébrations des joueurs de Tristán Suárez que La Grinta devait se rendre à Sarandí, dans la banlieue Sud-Est de Buenos Aires, théâtre de la deuxième demi-finale. Après avoir obtenu le bracelet d’accréditation par le sympathique responsable presse de J.J Urquiza, c’est sur les coups de 20 heures que l’on s’installe dans la platea du stade Julio Grondona. Ce stade porte le nom de l’ancien (et controversé) président de l’AFA et fondateur du club d’Arsenal de Sarandí, vainqueur de la Copa Sudamericana 2007, d’un championnat argentin en 2012 et la coupe d’Argentine en 2013. Le stade d’Arsenal est sans doute le plus utilisé en Argentine pour les rencontres se disputant sur terrain neutre, notamment en Coupe d’Argentine. C’est au demeurant ici que San Telmo a battu Villa San Carlos en quarts de finale (4-2). La presse neutre dont La Grinta se place dans une zone centrale de la platea, qui permet de séparer dirigeants et presse pro San Telmo à gauche de la tribune, et homologues de J.J Urquiza à droite.
Le match joué de nuit sera bien plus débridé que la première demi-finale. Le début de partie est équilibré mais dès la 12ème minute, le Candombero ouvre le score par Lopez. Le fait majeur du match interviendra trois minutes plus tard avec la grave blessure du gardien de San Telmo suite à un choc genou-tête. L’ambulance devra transporter le joueur à l’hôpital Fiorito d’Avellaneda et l’arbitre se voit obligé, comme le veut le règlement, d’interrompre le match jusqu’à ce qu’une autre ambulance revienne. C’est après 25 minutes d’interruption que le match reprendra. On n’arrête pas le chrono en Argentine et c’est à la… 58ème minute de la première mi-temps que l’ex Argentinos Juniors Esteban Rueda double la mise sur un service de Ramirez dans le dos de la défense. Un dirigeant, ou supporter de San Telmo perdu au milieu de la platea laisse alors exploser sa joie en dévalant les escaliers. Pas du goût d’une supportrice adverse se trouvant sur son chemin qui, langage fleuri à la clé, demande à la police de l’évacuer, en vain. L’excellent Ramirez, auteur des deux premières passes décisives ajoutera cinq minutes plus tard un but à sa panoplie d’une somptueuse frappe aux 25 mètres pour tuer tout suspense avant la mi-temps. La deuxième période sera une formalité pour l’équipe de la Isla Maciel, et Lopez signera un doublé pour sceller le score face à un J.J méconnaissable.
— Fabien (@fabienascenso) January 21, 2021
Le Celeste de Caseros gâche en effet en un seul match une très bonne saison qui l’a vu finir dauphin du favori Almirante Brown. San Telmo, miraculé de la zone repêchage, s’était qualifié pour les play-offs en gagnant sur la pelouse de Talleres de Remedios, malgré un score défavorable de deux buts à la 60eme minute. Le Candombero, déjà finaliste malheureux la saison précédente face à All Boys, aura une nouvelle chance dans sa quête de B Nacional. Ce sera lundi 25 janvier dans un superbe décor : l’AFA a décidé de faire jouer la finale dans la magnifique enceinte d’Independiente, le stade Libertadores de America. Le seul regret sera encore une fois l’absence du public.