Au coup d’envoi, Porto et la Roma se trouvent dans une situation similaire : les Portugais sortent d’une défaite face au Benfica (1-2), la Roma face à la Lazio (3-0). Le Classico portugais s’est lui soldé avec une surprenante victoire des “Encarnados” de Lisbonne chez les “Dragoẽs”, non contents de les avoir aussi dépassé au classement. Pour la Roma, le derby n’a fait qu’accentuer les problèmes de l’équipe.
Le résultat du week-end dernier avait abattu toute la ville de Porto. Néanmoins le stade est plein ce soir, Coupe d’Europe oblige. La plupart des supporters arrivent avec le métro, une commodité assez récente et efficace. On le prend à 19 heures du centre-ville et en moins de 20 minutes on est déjà sur place. À la sortie le dispositif policier se dévoile mais tout est calme. Devant le Centre Commerciale Alameda positionné juste en face du stade nous retrouvons un membre de la “Claque” portugaise, André. Avec lui nous pénétrons dans le virage historique des Super Dragoẽs. La rentrée est rapide, juste le temps de passer une petite queue pour contrôler que toutes les bouteilles (en vitre et en plastique) restent dehors. Il y a également l’interdiction de boire de l’alcool dans le stade. Voilà pourquoi plein de gens consomment la Superbock, la bière nationale, à l’extérieur du stade. L’enceinte, dessinée par l’architecte Manuel Salgado, a été inaugurée le 16 novembre 2003 et peut accueillir 51.793 personnes. Ce soir il y en a 49 029. Il pleut depuis l’après-midi, mais heureusement le stade est entièrement couvert, un vrai luxe.
Au moment du mythique hymne de la Ligue des champions, un grand voile avec l’emblème de l’équipe, s’étale sur tout le virage en descendant du haut. Le début du match est un peu crispé, les spectateurs le savent et poussent leur équipe avec enthousiasme et optimisme : força Porto, força Porto … À la 26ème, Manolas, pas un expert de la construction de jeu, se fait arracher le ballon par Moussa Marega qui sert le Brésilien Soares pour l’ouverture du score. Une explosion de joie retentit dans tout le stade : são Super Dragoẽs, vous êtes des Super Dragons.
Quelqu’un sort un drapeau de la Lazio dans le virage portugais et l’agite. Sur le terrain le plus dangereux des “Giallorossi” est l’Argentin Diego Perotti. Fort de sa grande dextérité avec les pieds, il arrête le ballon superbement à la limite de la surface de réparation et change de rythme brusquement. Eder Militão tombe dans le piège et provoque une faute punie d’un penalty. C’est la 37ème minute quand la Rome égalise grâce à son capitaine Daniele De Rossi qui capitalise cette belle opportunité. À ce moment il semble que le stade chante plus fort que jamais, au moins pour soutenir ses joueurs : Esta ânsia de vencer, Não consigo controlar, Largo tudo p’ra te ver, Onde fores jogar. Vou continuar a lutar, Pelo Porto eu vou cantar, Porque Portista eu sou!
La 2ème mi-temps reprend avec un chant lancé du virage de la claque Super Dragoẽs (Bancada Superbock) au virage nord (Bancada Norte) de la claque do Colectivo Ultras 95 lo lololoooo aléeee Portoooo pendant au moins une minute. Pendant ce temps Corona, titulaire surprise à la place de l’international algérien Yacine Brahimi, est intenable sur son côté. D’ailleurs, il le sera jusqu’à sa sortie. Et c’est lui qui dribble le latéral droit de la Roma en offrant la passe décisive sur le second but de Porto. Moussa Marega est tout seul devant la cage et marque le but permettant de prendre l’avantage. À partir de ce moment, jusqu’à la fin, les contacts deviennent plus rugueux avec plusieurs avertissements notés sur le calepin de l’arbitre pour les deux équipes. Le stade se rappelle que quem não salta é lampião (Qui ne saute pas est une lampe), une référence au stade de la Luz (Lumière) des rivaux.
Le score ne bougera pas jusqu’à la fin du temps réglementaire et les deux équipes doivent se départager en prolongation.
La Roma est plutôt passive pendant la première mi-temps, elle laisse l’initiative aux Dragoẽs. Les supporters, eux, n’arrêtent pas de chanter Força Porto alé lololololoo En deuxième mi-temps la souffrance augmente, les températures baissent et dans le stade souffle un vent vraiment très froid dans le dos au moment où Džeko fait un petit ballon piqué pour éviter la sortie de Casillas. Pepe sauve in extremis, sur la ligne.
Et comme toujours dans le foot, occasion manquée, but subi : Florenzi retient par le maillot Andrade et provoque un penalty jugé avec le Var : Alex Telles garde la tête froide et transforme. 3-1 pour Porto qui s’offre une avance méritée. Et comme chaque fois qu’il y a un but, résonne la musique qui s’inspire de Kungs vs Cookin’ on 3 Burners.
Pendant que les drapeaux et les chants animent tout le virage, la Roma fait une dernière désespérée tentative pour marquer, mais en vain. C’est la fête pour les Portugais. On entend encore l’hymne de Porto: Porto é uma nação, eterno campeão, azul e branco e o coração, Porto… Portooo… Il accompagnera notre sortie et probablement qu’il résonnera encore tard dans la nuit.