Après San Lorenzo – Argentinos Juniors, notre tour des stades argentins continue et c’est à Rosario dans la province de Santa Fe que nous vous emmenons aujourd’hui. Plus précisément chez le champion en titre d’Argentine, les Newell’s Old Boys qui recevaient hier soir pour la troisième journée du Torneo Inicial 2013 (Championnat d’ouverture) Belgrano de Córdoba. Les nouveaux partenaires de David Trezeguet retrouvaient leur public à l’Estadio Marcelo-Bielsa pour la première fois depuis le sacre de la saison passée. Et comme d’habitude dans ce pays, l’ambiance fut à nouveau spectaculaire…
À peine le temps de se remettre de nos émotions de notre premier match argentin à San Lorenzo que le lendemain il faut rallier les 300 kilomètres qui séparent Buenos Aires de Rosario. Quatre heures de bus plus tard, nous voilà dans la ville qui héberge deux clubs de football de l’élite argentine : Rosario Central et les Newell’s Old Boys. Rosario donne vraiment l’impression d’être divisé en deux, des tags, des autocollants à la gloire des deux voisins ennemis fleurissent de partout. Impression confirmée par notre chauffeur de taxi qui nous confie « Ici, le clasico c’est pire qu’un Boca Juniors – River Plate ! L’année dernière avant que Central ne remonte en Primera Division, un match amical était prévu contre les Newell’s à l’intersaison. Seul souci deux jours avant le match, la hinchada (supporteurs) de Central a brûlé la boutique officielle des Newell’s. Bien évidemment, les fans des Newell’s se sont vengés le lendemain de la même manière et le match a été annulé. Un dirigeant de l’AFA (Association de Football Argentine) a même déclaré qu’organiser un Central-Newell’s était plus compliqué que d’organiser un Argentine-Angleterre! ». Le ton est donné, il n’y a pas qu’à Buenos Aires qu’on vit au rythme du football dans ce pays. Il est 14 heures. Le Rosario Central, ce sera pour une autre fois. En route pour voir le champion d’Argentine en titre, les Newell’s Old Boys, qui reçoivent Belgrano de Córdoba. Places en mains et un « choripan » plus tard, nous entrons en « platea » (tribune latérale) une heure et demie avant le match histoire de prendre la température de l’Estadio Marcelo-Bielsa. Le stade est déjà bien rempli et on ressent toute l’impatience de la hinchada locale d’accueillir leurs joueurs en héros après un titre plus une victoire la semaine dernière à la Bombonera 3-2 contre Boca Juniors. Et pour l’occasion, les premiers chants commencent à résonner une heure avant le début de la rencontre ! La barra brava des Newell’s Old Boys fait son apparition un petit quart d’heure avant le coup d’envoi, tambours, drapeaux… C’est un véritable carnaval que nous offre la frange la plus dure des supporteurs de « la Lepra » avant une entrée des joueurs EX-CEP-TION-NEL-LE ! Un grand voile descend sur toute la « popular » (virage) accompagné d’un chant « Dalé Campeon » (Allez champion) d’une puissance incroyable repris par tout le stade avec en prime bombes agricoles et même feu d’artifice ! Un bordel sans nom à donner de nombreux frissons. (Voir vidéo)
Après ce moment intense, vient le traditionnel protocole. Les leprosos en profitent pour adresser leurs premiers vers de poésie envers les visiteurs « Quiero te matar Belgrano » (Je veux te tuer Belgrano) chantent-ils en coeur. Il faut dire que la dernière confrontation entre les deux clubs lors du « Torneo Final 2013 » (Championnat de clôture) fut très tendue avec en prime une bagarre générale à la fin de la rencontre. Cela tombe bien, les ambiances chaudes, on aime ça! Il est 16 heures et l’arbitre donne le signal, le match commence.
Un premier acte à sens unique
Sous l’impulsion de leurs supporteurs, les champions en titre rentrent tambour battant dans le match. Sans Trezeguet laissé sur le banc de touche mais emmenés par Casco et Figueroa, intenables sur le côté gauche en ce début de rencontre. Dès la 7ème minute, ce dernier passe en revue toute la défense adverse et est déséquilibré juste devant la surface de réparation des joueurs de Belgrano qui ont perdu quelques reins et cherchent de l’oxygène. Le vieux briscard Maxi Rodriguez prend le ballon en main, s’élance et trouve le montant d’un Olave complètement battu. Tout le stade a cru à l’ouverture du score et les chants redoublent d’intensité ! Le « Que no salta, no es campeon » (Qui ne saute pas n’est pas champion) résonne dans une enceinte qui nous semble trembler. La pression s’accentue encore plus et les visiteurs sont à deux doigts de craquer, ce qui transcende les supporteurs présents à l’Estadio Marcelo-Bielsa. Toutefois, il manque toujours cette justesse dans le dernier geste. Cette précision, Figueroa encore lui, l’amène à la 44ème minute mais trouve le portier de Belgrano sur son chemin qui, d’une parade exceptionnelle, dévie le ballon en corner. Mi-temps, l’arbitre de la rencontre renvoie tout le monde aux vestiaires sur un score vierge. Frustrant pour les Newell’s qui ont jusque-là, maitrisé parfaitement leur sujet. Sous ce soleil de plomb, il est temps pour les joueurs – et pour nous – d’aller se déshydrater.
Le retour du Roi David
Reprise du deuxième acte et on repart sur les mêmes bases, les Newell’s posent tranquillement leur jeu et Belgrano est regroupé dans sa moitié de terrain. Pendant vingt minutes, c’est de l’attaque-défense mais Belgrano tient bon. Et même quand à la 22ème minute de jeu Olave est battu, c’est son défenseur Pittinari qui le suppléé sur sa ligne. En parallèle, l’ambiance ne baisse pas d’intensité même si « la Lepra » n’y arrive pas. L’ombre du goleador de l’année dernière Ignacio Scocco, parti à l’Internacional de Porto Alegre au Brésil, plane sur tout le stade. 73ème minute. C’est le moment choisi par l’entraineur des Rouge et Noir pour faire rentrer celui qui est arrivé pour tenter de le remplacer qui n’est autre que… David Trezeguet. Oui, le Roi David est de retour après une lésion qui l’a écarté des terrains pendant pratiquement six mois et après avoir été jeté comme un malpropre de River Plate alors qu’il avait aidé le club a retrouver l’élite. À 35 ans, il répond toujours à l’appel. Malheureusement ses 17 minutes de jeu ne suffisent pas à « El Rey » et les siens pour inscrire ce but victorieux. Malgré la frustration, la hinchada des Newell’s Old Boys nous offre un final splendide. (Voir vidéo)
Score final 0-0. Les Newell’s ont donc manqué de réussite face à un Belgrano de Córdoba solide et un peu chanceux. Trezeguet déclarera après le match : « Nous avons vraiment fait une partie intéressante, je suis juste déçu que nous ne l’ayons pas emporté pour nos supporteurs venus en nombre aujourd’hui » avant de conclure sur son cas personnel : « Avec beaucoup de travail je pourrais obtenir beaucoup plus de temps de jeu, il faut aussi que je m’adapte à ma nouvelle équipe et à ce nouveau style de jeu« . Rapidement, David. On pourrait bien avoir besoin d’un attaquant en 2014…
À suivre la semaine prochaine dans la rubrique « On Tour » un alléchant Velez Sarsfield – Lanus dimanche.
Par Bastien Poupat à Rosario