Le 14 avril l’Estádio do Bessa recevait le Nacional de Madère. Le deuxième club de Porto est engagé dans une lutte pour rester en première division. Une victoire le rapprocherait de son objectif.
Pour la 29ème journée de Liga Nos, ce match revêt d’une importance fondamentale : le Boavista occupe la 14ème place avec 29 points tandis que le Nacional de Madère est 16ème avec 27 points et premier relégable. Les deux concurrents au maintien sont uniquement séparés par Tondela. Voilà l’une des raisons pour lesquelles le stade se remplit. Au moins 80% des places sont occupées. Il s’agit aussi d’un des clubs les plus populaires du Portugal en dehors des trois géants que constituent Porto, Benfica et le Sporting Lisbonne.
Bruno, un jeune ultra des Panteras Negras, nous attend à l’entrée d’une rue croisant l’Avenida Boavista, une grande avenue qui se prolonge jusqu’à la plage de Matosinhos, la plage de Porto. Bruno est né dans la Rua Boavista, une rue située à l’autre bout de la Rotunda Boavista, à même pas 2 kilomètres du stade. Sa passion pour ce club a été transmise par sa famille. Il arrive avec le maillot historique de 2001, année du premier – et jusqu’à ce jour dernier – titre national du Boavista.
En ce dimanche de printemps ensoleillé, tout autour du stade l’air est pesant, l’atmosphère tendue, au vu de l’importance du match. On remarque immédiatement une colonne remontée par une panthère noire, le symbole du club. Les maillots à carreaux blanc et noir sont nombreux. Lorsqu’on se rapproche de la Bancada Nascente, le virage historique des ultras, Bruno serre son écharpe, où l’on peut voir les équipes de la poule de la Ligue de champions 2001-2002. Il me montre les blasons de Liverpool, du Borussia Dortmund et du Dinamo Kiev avec celui du Boavista.
Une fois arrivés en tribune, la ferveur du virage nous envahit : « Allez, allez, allez Boavista eh, allez, allez, allez Boavista eh (un ton plus bas), allez, allez, allez, BO-AVISTA-STA eeeh. » Peu après le début du match un coup-franc des locaux enflamme le stade grâce à Fabio Espinho, numéro 10 et capitaine, qui ouvre le score. Il reprend un centre de l’arrière gauche et avec le pied droit gonfle le filet. Le poète du Boavista, bien que gaucher, nous offre ce chocolat avec son pied faible.
Et les supporteurs célèbrent à leur façon: “Sinto mesmo o nosso amor por esta camisola, força mágico Boavista, não te deixaremos mais”. Soit : « Je sens vraiment notre amour pour ce maillot, allez magique Boavista, on ne t’abandonneras jamais. » La réaction du Nacional est faible, le Boavista ne sera pas inquiété jusqu’à la fin de la première mi-temps.
Et la deuxième reprend sur le même tempo : les locaux attaquent avec détermination, soutenus par les chants des supporters qui ne s’arrêtent jamais. “Allez, allez, Boavista, allez, n’importe où tu seras, moi aussi j’y serais, n’importe où tu iras, moi aussi j’irais. Avec le Boavista dans le coeur, le tour du monde tu peux me croire je le ferais. »
Un coup de tête et une demi-bicyclette du jeune international gambien Yusupha régale le public du Boavista. Toutefois le score ne bouge pas, même si le Nacional de Madère ne se donne pas pour vaincu. Le soulagement des Noir et Blanc après le triple coup de sifflet sera grand.
Pour autant, la lutte pour le maintien continue.