Après un beau week-end de football de l’autre côté des Alpes, quoi de mieux pour terminer celui-ci en apothéose avec le derby de Rome? La Roma n’a plus le choix avant cette rencontre il faut gagner cela s’avère impératif si elle veut encore croire à l’Europe. La Lazio quant à elle pointe à 3 points devant son ennemi de toujours et en cas de victoire pourrait le distancer définitivement. Même sans enjeu ce match demeure particulier alors quand le sportif s’en mêle, là ça devient explosif… Et ce fut encore une fois le cas. La Grinta était au stadio Olimpico hier soir. On Tour !
Les supporteurs des deux camps sont au moins unanimes sur un point. Pour dire qu’ aucun autre match ne ressemble à ce derby de Rome. On peut déjà l’apercevoir, quelques heures avant, que ce match déchaîne toutes les passions dans la capitale italienne. En effet, sur les coups de 18 heures, des incidents éclatent sur le Ponte Milvio aux alentours du stade entre ultras des deux camps. La police est très vite dépassée et c’est la panique dans la ville éternelle. Les autorités se posent même la question de maintenir ou non la rencontre et le maire de la ville lance un appel au calme qui finit par arriver après de longs affrontements. Bilan : six blessés par armes blanches et plusieurs autres blessés légers. Vous vouliez un match chaud bouillant? Et bien le voilà!
En route pour la Tribuna Tevere. A l’échauffement des deux équipes, le climat est électrique ! Cette tribune donne une vue optimale sur les deux curve et sur le terrain. Le bal des banderoles commence alors et c’est la Curva Nord de la Lazio qui lance les hostilités « Noi diffidati voi tesserati » (Nous interdits de stade, vous détenteurs de la tessera del tifoso) la Curva Sud répond immédiatement par « Noi 20 anni di Totti, voi 20 anni de tutti » (Nous 20 ans de Totti, vous 20 ans de tout). Les joueurs rentrent sur la pelouse pour l’échauffement, les deux curve montrent toute leur puissance avec des chants assourdissants! L’hymne de l’AS Roma retentit et est repris par tout le stade. Du côté de la Curva Sud, on choisit de mettre un bon bordel avec drapeaux, torches, pots de fumées, bombes agricoles pour un rendu absolument magnifique*. Les ultras laziali préfèrent eux de faire un tifo ciel et blanc aux couleurs du club avec un voile pour un résultat tout aussi efficace. Derniers petits échanges d’hostilités et le match commence.
Le prophète Hernanes envoie le premier missile
Le début de match est comme à l’accoutumé. Très rude, on se renvoie coup pour coup sur le terrain avec une longue phase d’observation entre les deux équipes. Sauf que Hernanes s’impatiente et nous le fait savoir, aux 30 mètres il feinte tout d’abord une première frappe du droit avant d’envoyer un sac du gauche dans la lucarne d’un Stekelenburg qui ne peut que constater les dégâts. Grosse ambiance dans la Curva Nord alors que les Giallorossi restent bouche bée devant cette merveille. 1-0. La Lazio prend l’avantage sur le terrain et dans les tribunes. Les ultras laziali jubilent et se font entendre de fort belle manière dans un stade pour une fois pas acquis à leur cause. La Roma n’arrive pas à réagir face à une défense « visiteuse » très bien en place. Le match perd en intensité. Même les supporteurs de la Roma peinent à retrouver de la voix devant un spectacle décevant. Pour le moment. On approche la fin du premier acte, Totti tente en vain une frappe lointaine qui symbolise l’impuissance de la « Louve ». L’arbitre siffle la mi-temps.
« Il capitano » est éternel
Début de la seconde période et cinq minutes de jeu plus tard, penalty pour la Lazio. Le prophète Hernanes s’élance dans l’optique de s’offrir un doublé mais frappe à côté ! Explosion de joie dans le stadio Olimpico. Cela a le dont de réveiller les ultras giallorossi qui redoublent d’encouragements. Ils se verront récompenser dix minutes plus tard quand l’arbitre indique de nouveau le point de penalty mais cette fois-ci, celui de la Lazio. « Il Capitano » s’élance et ne rate pas, lui. Un partout dans une rencontre qui devient complètement folle. La Curva Sud pousse pendant que son homologue de la Nord ne lâche rien. Celle-ci profite même de l’occasion pour à nouveau tacler Michel Platini, le président de l’UEFA à cause du huis clos en Europa League face au Fenerbahçe en affichant « Platini lurido infame giu’ le mani dalla Lazio » (Platini sale infâme, bas les pattes de la Lazio ! ). Les « locaux » prennent enfin le match par le bon bout et manquent de peu de prendre l’avantage après une double parade miraculeuse de Marchetti face à Totti puis Florenzi. La Lazio n’est plus dedans et récolte même un carton rouge par l’intermédiaire de Biava à la 70 ème minute. Pas grave leurs supporteurs s’occupent de combler les absences de leur équipe sur le terrain en arborant une nouvelle banderole qui fait bondir le stade « Ripassa la storia, Roma tifa Lazio per tradizione » (Relisez l’histoire, Rome supporte la Lazio par tradition ). La fin du match approche et les Giallorossi ont une dernière occasion de remporter les trois points. Sur un corner, Lamela est tout seul a quelques centimètres du but vide mais place sa tête au dessus ! Incroyable! La Curva Sud clôture alors ce bal de jolies phrases par « Eri nazi…oggi Onazi » (Ils étaient nazi, aujourd’hui Onazi le joueur noir de la Lazio). pendant ce temps-là, les Laziali tiennent et arrachent ce point du match nul, avec certes des regrets vue la physionomie du match. Mais la fierté d’avoir tenu vingt minutes à 10 contre 11 et d’avoir laissé à distance l’ennemi de toujours. Après en avoir pris pleins les yeux et pleins les oreilles, les supporteurs des deux camps ont entièrement raison de qualifier ce match de particulier mais comme il en existe beaucoup dans ce superbe championnat qu’est le calcio…
*Vidéo de l’hymne de la Roma à l’entrée des joueurs