En Italie, on ne plaisante pas avec la corruption. Sienne, l’Atalanta, la Sampdoria et le Torino ont déjà payé cette saison (et la Juve indirectement avec la suspension de Conte). C’est aujourd’hui au tour de Naples d’être sanctionné, brisant ainsi les espoirs de sacre de toute une ville.
Le coup est difficile à encaisser. Les sanctions dévoilées déjà la semaine dernière par la presse sont officiellement confirmées. Le capitaine, Paolo Cannavaro et Gianluca Grava écopent de six mois de suspension pour non-dénonciation de tentative présumée de corruption de Sampdoria-Napoli (1-0) du 16 mai 2010. C’est tout de même moins que ce que le procureur fédéral Stefano Palazzi avait requis (neuf mois). En plus de ça, les Azzurri récoltent une amende de 70 000 euros et surtout un retrait de deux points au classement. Combiné avec la défaite conte Bologne (2-3) dimanche, Naples se retrouve à dix points de la Juve et dégringole à la 5e place. Autrement dit, les Partenopei disent déjà quasiment adieu à la bataille pour le Scudetto. La nouvelle est d’autant plus rude qu’ils étaient considérés, à juste titre, comme les outsiders les plus crédibles jusqu’à ces dernières semaines.
Des sanctions (trop ?) lourdes
Bon, on récapitule. Dans cette affaire de Calcioscommesse concernant le Napoli, la tentative de corruption pour ce match à Gênes vient de Matteo Gianello, ancien 3e gardien de l’équipe. Celui-ci a été suspendu pour trois ans et trois mois. Alors pourquoi les deux défenseurs sont mêlés à cette histoire ? D’après le jugement : « La Commission a acquis la conviction que les joueurs Cannavaro et Grava, contactés par Gianello, tout en refusant l’infraction, ont omis d’informer les procureurs fédéraux.» En clair, les joueurs ont refusé l’arrangement mais n’ont rien dit, ce qui est condamnable. Et pourquoi le Napoli est pénalisé de deux points, au juste ? « Afin d’assurer l’uniformité de jugement et une situation de concurrence égales entre les équipes du même championnat ». La justice s’appuie sur les cas précédents du Torino et de la Sampdoria qui ont eu initialement le même nombre de points retirés (avant de réduire à un seul point après « patteggiamento », une sorte de collaboration).
L’avocat du club, Mattia Grassani, soulève toutefois un argument important : « Comme l’a constaté la Commission de discipline, il n’y a pas de responsabilité ou de faute sur la supervision et d’échec du contrôle exercé par le club. » L’institution est reconnue innocente mais sanctionnée quand même. Gianello, était en fin de contrat lors de cette saison 2009-2010 et n’a pas joué une seule minute. Il n’est d’ailleurs pas établi que Cannavaro et Grava avaient une quelconque relation avec l’ex-gardien, souvent tenu à l’écart du groupe, contrairement à ce qu’affirme la Commission qui se base sur des déclarations de l’accusé. Bien entendu, toutes ces décisions peuvent faire l’objet d’un appel. Grassani a laissé entendre que les Napolitains allaient faire une demande de dédommagements.
Quelles conséquences pour le Napoli?
Tout d’abord, l’équipe est donc reléguée à dix points des Turinois. L’annonce intervient en pleine saison, moralement c’est encore plus dur à digérer. Il faudrait un petit miracle pour revoir Naples tout en haut du classement à la fin de la saison. Une issue d’autant plus improbable que l’équipe est amputée de deux défenseurs, dont son capitaine. La défense à trois de Walter Mazzarri risque d’en prendre un coup. Salvatore Aronica, lui, va quitter la Campanie pour rejoindre Palerme à la trêve. Ajoutez à tout cela, le cas Hugo Campagnaro, autre défenseur en partance et annoncé avec insistance du côté de l’Inter. De fait, le président De Laurentiis sera obligé de recruter lors du prochain mercato. La révélation portugaise de Sienne, Luis Neto, a tapé dans l’œil des recruteurs. Néanmoins la véritable piste concrète mène à… Lisandro Lopez. Le défenseur du club d’Arsenal en Argentine, pas le Lyonnais ! C’est son président qui a lâché l’information, Naples ayant déjà entamé les discussions. Le problème avec la filière sud-américaine, c’est qu’il faut souvent au joueur un temps d’adaptation. Au-delà de ces évidences, demeurent quelques interrogations pour la suite du championnat.
Il est possible que la défaite contre Bologne résulte d’une préparation de match compliquée avec les sentences étalées dans la presse au cours de la semaine. Quel impact auront ces sanctions sur les hommes de Mazzarri ? Nul ne le sait. En revanche, les Napolitains peuvent sûrement faire une croix sur le tant attendu Scudetto.