Malgré un score vierge vendredi, en allant chercher Lens très haut dans son camp, Nancy a posé de gros problèmes. L’équipe de Jean-Louis Garcia aurait même pu espérer mieux en étant plus efficace au moment d’attaquer. Mais poursuit son chemin d’outsider avec la satisfaction d’avoir fait le poids face au deuxième du classement de Ligue 2.
Nancy s’adapte au système lensois
Face au 3-4-3 de Philippe Montanier mis en place le 27 août contre Clermont en Coupe de la Ligue, reconduit et invaincu (4 victoires, 3 nuls) depuis, Jean-Louis Garcia a également opté pour une défense à 3 (Lybohy – El Kaoutari – Seka). Devant elle se tenait le double-pivot Akichi – Rocha. Ciss et Karamoko évoluaient sur chaque aile et le duo Bassi – Vagner ailiers dans les half-spaces soutenait Makthar Gueye au front de l’attaque.
Avec ce système utilisé seulement à deux reprises en rencontres officielles (victoire 0-1 à Caen le 13 août et nul 2-2 contre Clermont le 27 septembre) et une fois en match amical (victoire 1-2 à Reims, le 05 septembre), l’ambition de Jean-Louis Garcia était toujours d’empêcher Lens de sortir court et s’installer, tout en pouvant percuter et exploser dès la récupération de balle haute. Et cela a quasiment, parfaitement fonctionné.
Le pressing haut de Nancy
En phase défensive, Nancy s’organisait en 5-2-3. La ligne défensive est haute (5-10m derrière la ligne médiane) et le bloc en « 2-3 » formé par les 2 milieux et les 3 attaquants est à la fois médian et haut. Car pour empêcher Lens de réaliser sa sortie de balle, le pressing de Nancy était presque total : un contre un sur tout le terrain et un harcèlement exclusif du porteur de balle.
Quand le ballon était chez Jean-Louis Leca, Vagner, Gueye et Bassi isolaient Gradit, Diallo et Radovanović à 3 contre 3, alors qu’Akichi et Rocha suivaient à distance Cahuzac et Gillet en se tenant prêt à sortir sur le temps de passe, tout comme les latéraux Karamoko et Ciss sur Haïdara et Traoré. Derrière, Nancy se trouvait sans supériorité numérique à 3 contre 3 avec Lybohy, El Kaoutari, Seka face au trident Mauricio, Sotoca, Banza. Dans ce cas, le gardien lensois n’avait d’autre choix que d’aller chercher l’un de ses trois attaquants par du jeu long.
L’organisation de Nancy face à la sortie de balle de Lens : un bloc médian et chaque joueur prêt à sortir sur son adversaire direct
Toutefois, rapidement Lens va s’en sortir avec les décrochages de Gillet créant la supériorité numérique en défense et cassant la première ligne de pression. Dans cette situation d’un joueur nordiste libre dans l’axe, les milieux nancéiens Akichi et Rocha ne suivaient pas son déplacement et conservaient alors une position médiane. Les pistons Karamoko et Ciss se tenaient toujours prêts à intervenir sur le temps de passe si les pistons Sang et Or étaient servis dans les pieds. Mais face au manque de mouvement du trio Mauricio, Sotoca, Banza et face à un bloc de Nancy très compact, les Lensois ont été incapables de faire ce qu’ils font le mieux : jouer dans les intervalles.
Gillet décroche pour apporter le surnombre en défense. Akichi ne part pas à l’abordage et garde une position médiane. Ainsi, Nancy garde sa structure en cas de passe verticale vers Sotoca qui a lui aussi décroché.
Alors, c’est sur des diagonales qu’ils ont tenté de s’installer dans le camp adverse. Gillet écartait le jeu sur Haïdara ou Traoré. En théorie, ça devrait faire reculer la ligne de défense de l’ASNL, sous la menace d’un débordement ou centre. Mais ici, le problème est qu’avec ses 5 défenseurs, Nancy était prêt à gérer la largeur imposée par Lens : quand le ballon arrivait dans les pieds des pistons de Lens, les Nancéiens gardaient l’ambition de défendre en avançant. Servi au bout d’un circuit de passes en U, le porteur de balle (Haïdara ou Traoré) était immédiatement cadré par le latéral, le relayeur côté ballon qui était resté dans une position médiane venait couvrir le demi-espace et le latéral opposé venait resserrer comme un quatrième défenseur. La seule option restante était de repasser par l’arrière puis de jouer long.
Sur cette action et comme la majorité des fois durant la rencontre, Haïdara est trouvé côté gauche. Cadré par Karamoko et avec Akichi prêt à jaillir sur Sotoca tout en couvrant le demi-espace, il rejouera derrière vers ses centraux. Pendant ce temps, Ciss (piston gauche) resserre dans l’axe.
Une nouvelle fois, Haïdara est servi côté gauche. N’ayant pas suivi le décrochage de Gillet, Akichi est dans une position médiane et couvre le demi-espace, coupant toutes lignes de passes vers l’intérieur. Problème : dans cette situation, gaucher exclusif, Massadio Haïdara n’aide pas le jeu vertical de Lens et se place dans des conditions difficiles en repiquant dans l’axe.
Avec cette station médiane des milieux, le bloc conservait toujours un minimum de structure pour protéger la défense en cas de renversement de jeu ou jeu long. Plutôt que de partir à la chasse de Gillet dans le camp de Lens, Akichi et Rocha restaient totalement orientés zone privant d’espace entre les lignes, orientant la relance vers l’extérieur et mettant la pression sur le piston pour récupérer le ballon.
En positionnant ainsi son équipe, Jean-Louis Garcia laissait d’emblée sa défense à 3 contre 3 face à Mauricio, Sotoca et Benza. Mais en créant cette égalité numérique si loin du but de Valette, Lens ne pouvait pas tirer grand-chose en sollicitant directement son trio offensif. Car dans les situations où Akichi et Rocha n’étaient plus en position d’intervenir sur l’un des joueurs du trio Lensois servi dos au but, les centraux Lybohy, El Kaoutari et Seka faisaient largement le poids dans l’impact et intervenaient sur les tentatives de contrôle.
Nancy paye l’activité de son trio offensif
Quasiment, seulement. Car si le plan a bien fonctionné d’un point de vue défensif, Nancy ne s’est pas forcément montré très tranchant au moment de la récupération. Le trio Gueye, Vagner, Bassi et les pistons Karamoko et Ciss ont manqué de justesse technique, rendant inefficaces de multiples situations de transition très hautes. Ou en butant sur un grand Jean-Louis Leca. L’intensité déployée dans les courses pourrait expliquer ces insuffisances dans la dernière passe et le tir si ce n’était déjà pas une lacune de l’effectif nancéien depuis le début de saison. Payant mais pas récompensé, le pressing haut déployé par Nancy reste un enseignement majeur de cette partie.
Jean-Louis Garcia l’a souligné à l’issue de la rencontre (0-0) en conférence de presse : « Ce qui domine, c’est la fierté d’avoir vu mon équipe faire un tel match face à un tel adversaire. Je ne voulais pas avoir des regrets de ne pas avoir fait le match que l’on souhaitait faire. De ce côté-là, je suis comblé. Nous avons fait un match incroyable d’intensité, de pression haute, dans l’animation offensive. On s’est créé beaucoup d’occasions. On est tombé sur un gardien exceptionnel, en état de grâce. Nous avons manqué de précision, parfois. On sait que l’on doit s’améliorer dans la finition. Malgré encore un match nul… c’est un nul qui a de la gueule. On a secoué cet adversaire, et on méritait sûrement mieux. On a été solide jusqu’au bout pour ne pas permettre aux Lensois, sur un malentendu, de gagner le match. Ce qui vient après, ce sont des regrets, de la frustration. Mais cela nous conforte sur notre idée. On a encore modifié notre système. Malgré le fait d’avoir joué à 3 axiaux, on a défendu plus haut que d’habitude. Mais l’efficacité, en football, est la chose la plus importante. Il faut que l’on soit capable, avec moins d’occasions, de gagner des matchs. Si on continue avec cette mentalité, cet état d’esprit, ces valeurs, on peut être un outsider crédible. »