Melina De Piano est une Argentine diplômée en journalisme et fanatique de San Lorenzo. Elle allie sa passion pour son club et celle du chant en reprenant les plus grands classiques des supporters les plus créatifs du monde. Mais ce dont elle ne se doutait pas, c’est de voir ses vidéos tourner en boucle sur le web dans le monde entier. Rencontre.
Melina, premièrement, comment es-tu tombée amoureuse de San Lorenzo ?
Melina De Piano : Je ne me rappelle jamais très bien de quand j’en suis tombée amoureuse, je crois que je suis née en aimant San Lorenzo. Mon père m’a fait devenir supportrice du Ciclón dès le berceau et clairement, au fil des années, mon fanatisme a grandi.
Tu disais que ton père t’as emmené dès toute petite au stade, depuis quand es-tu socio de San Lorenzo ?
Il a commencé à m’emmener plus ou moins à l’âge de huit ans. Quand avec ma soeur, on insistait déjà. Et je crois que c’était en 2009 que je suis devenue socio, parce qu’ils ont commencé à le demander pour entrer dans la populaire.
En France, les gens te connaissent pour les vidéos que tu as réalisées en reprenant les chants de San Lorenzo. Comment est venue l’idée de les faire ?
Sincèrement en tout cas, je ne comprends pas comment c’est arrivé en France mais c’est l’une des choses merveilleuses qu’il m’est pu m’arriver. L’idée est survenue de nulle part. J’ai toujours voulu reprendre les chants du Ciclón, mais à ma manière. Et même si les gars de la Escuela del Tablon (les fameux supporters de San Lorenzo qui créent tous ces chants originaux, ndlr) ont inventé Despacito version San Lorenzo, ça m’est passé par la tête de la chanter et de m’enregistrer. Jamais je ne pensais qu’il y aurait autant de répercussions, c’est fantastique.
Tu ne t’attendais vraiment pas à autant de succès ?
Je jure que non ! Avant ces vidéos, je faisais des « covers » de diverses chansons, de la même manière que je l’ai faite avec Despacito et il n’y avait jamais eu autant de répercussion. Ce qu’il s’est passé avec cette vidéo est inexplicable ! Ils m’ont parlé de Belgique, d’Italie, d’Espagne, un Cuervo (corbeau, surnom des supporters de San Lorenzo, ndlr) m’a écrit depuis l’Afrique où il était en vacances et ils en ont parlé aussi là-bas ! En Afrique ! Et évidement le plus gratifiant était que Luis Fonsi (le chanteur de la version originale de Despacito, ndlr), mon idole depuis petite, m’a donné un like sur Twitter.
Est-ce que tu as fait quelques représentations pour le club ? Les dirigeants t-ont-ils contacté ?
Pour le moment, je n’ai fait aucune représentation pour le club. Oui, le vice-président Marcelo Tinelli m’a retweeté comme tout ce que je fais sur San Lorenzo. Mais pour le moment, je ne chante qu’au stade (rires) !
On sait que les supporters de San Lorenzo sont les plus créatifs du monde, quel effet ça te fait de voir que leurs chants sont repris en France, en Italie… ?
Oui, El Diez (surnom de Maradona, ndlr) l’a dit lui-même ! Nous sommes les supporters les plus créatifs. Petite, je me souviens que ça me faisait mal de voir que des supporters visiteurs reprenaient nos airs en changeant les paroles. Maintenant, je le savoure ! Cela m’enchante de voir que les supporters du monde entier reprennent nos chants.
« Mon rêve serait de chanter à l’inauguration du nouveau stade »
Le chant populaire « Mi buen amigo » a été entendu pour la première fois à San Lorenzo. Tout comme le « vengo del barrio de Buedo » qui a inspiré le « Brasil decime que se siente« . Justement comment expliques-tu cette créativité quand on voit que certains airs n’ont aucun rapport avec la musique argentine (Bad moon rising, par exemple) ?
C’est très drôle parce qu’ils ont déjà fait des reprises avec des airs incroyables ! Mais en vérité, cela me remplit de fierté. J’aime voir l’esprit et la passion que nous avons, les supporters cuervos, et comment nous nous engageons à tous les apprendre à la lettre pour encourager notre cher club et les joueurs. Et quoi de mieux que de voir comment toutes les autres équipes reprennent aussi nos chants ? Sincèrement, la créativité qu’ils ont est impressionnante ! En étant chanteuse, je mets des heures et des jours pour composer, eux ils sortent un chant par semaine !
Ces dernières années ont été riches en émotions pour les supporters de San Lorenzo entre la Copa Libertadores et le retour au Boedo. Comment l’as-tu vécu personnellement ?
Ces dernières années par rapport à San Lorenzo ont été une bascule d’émotion à une autre ! J’ai apprécié, pleuré, je suis resté sans voix mille fois, jusqu’à même m’évanouir au stade ! C’est très important pour un supporter de San Lorenzo, le retour au Boedo. C’est même le « titre » le plus important et qui nous a le plus coûté. On a besoin de retourner dans notre maison, récupérer ce qu’on nous a pris et célébrer les buts avenue La Plata. Chaque fois que mon père me raconte des histoires du Viejo Gasometro, cela m’émeut et je meurs d’envie de retourner sur « nos terres ». La meilleure soirée de ma vie fut celle de la victoire en Copa Libertadores. C’était inexplicable le stress que j’avais, il faisait un froid intense, et je transpirais quand même à cause de ce que je ressentais. Mais sans aucun doute, c’est quelque chose d’inoubliable, de le partager avec ma famille, de s’embrasser au moment du but, et de remercier Dieu de m’avoir permis de vivre l’un des moments les plus importants de mon club. Et si tu me demandes comment je vis en tant que supportrice de San Lorenzo en général ? Avec intensité ! Je vois plus ou moins en bleu et rouge !
Dernière question Melina, on te verra chanter pour le retour au Boedo ?
Évidement ! J’ai fait une vidéo d’un chant que les supporters ont aussi chanté concernant le retour. Mais sincèrement, mon rêve serait de chanter à l’inauguration du stade avenue La Plata. Je rêve en grand, de San Lorenzo !
Propos recueillis par Bastien Poupat en Amérique du Sud