Impossible de ne pas profiter du périple en Argentine pour rencontrer une tête bien connue de la Ligue 1. Passé par le FC Nantes pendant six saisons puis par le Toulouse FC avant de terminer avec moins de réussite à Lille en 2012, qui ne se souvient pas de Mauro Cetto ? Aujourd’hui défenseur central à San Lorenzo, club si cher au Pape François, l’occasion pour La Grinta de revenir sur ses années écoulées en France, du championnat argentin. Mais pas que.
Mauro, après s’être sauvé de justesse en juin 2012, San Lorenzo retrouve le haut du tableau avec en prime une demi-finale de Coupe d’Argentine et une qualification en Copa Sudamericana (ndlr : l’équivalent de l’Europa League)…
Mauro Cetto : C’est vrai qu’il y a encore un an, le club était dans une situation difficile par rapport au maintien. San Lorenzo s’en est sorti et lors du dernier Torneo Final 2013 (ndlr : championnat de clôture), nous avons fait un très bon tournoi en terminant 4 ème au classement. Et comme tu l’as souligné, avec une qualification en Copa Sudamericana à la clé. Après, en ce qui concerne notre parcours en Coupe d’Argentine aujourd’hui, nous sommes en demi-finale et c’est clairement l’objectif du club de remporter cette compétition. Sachant que si nous y parvenons, on pourra disputer la Copa Libertadores (ndlr : équivalent de la Ligue des champions).
Et vous n’avez que deux matchs à remporter, retrouver la Copa Libertadores pour le club serait quelque chose d’énorme…
MC : Oui tout à fait. Je vais même te dire que si nous avons la chance d’y aller, ce sera pour la gagner. C’est un trophée qui manque au club de San Lorenzo et à tous nos supporteurs. Mais avant tout, il faut déjà s’y qualifier par le biais de la Coupe d’Argentine. Encore une fois, nous sommes en demi-finale et il nous reste deux matchs à remporter avant de penser à cette compétition.
Toujours à propos de San Lorenzo, est-ce que le retour au quartier du Boedo en 2016 te semble envisageable comme l’espère le président du club, Matthias Lammens ? Et que représente pour toi ce combat mené par le club et ses supporteurs ?
MC : C’est un combat magnifique qui va rester gravé pendant de longues années pour les gens du club et nos supporteurs. Retourner là où San Lorenzo a été crée serait quelque chose de formidable et l’on en a tous l’envie, joueurs, dirigeants et supporteurs ! Tout le monde est en train de contribuer à sa façon, aujourd’hui tu peux voir nos supporteurs acheter mètre carré par mètre carré. Le futur stade, c’est vraiment très important pour nous tous et l’on veut vraiment que le retour au Boedo se fasse. Je le souhaite aussi car c’est quelque chose qui tient à coeur aux supporteurs. Pour 2016, certes c’est l’objectif, mais l’année 2016 va arriver très vite. C’est dans un peu plus de deux ans et cela va être difficile je pense. Même si ça ne se fait pas pile en 2016, le plus important c’est que le projet continue d’avancer et que tout le monde contribue à ce projet chacun de son côté, encore et toujours.
Certains pensent que le niveau du championnat argentin a baissé ces dernières années. Toi qui connais bien la Ligue 1, où situe le niveau du championnat d’Argentine par rapport à chez nous en France ?
MC : C’est vrai que je connais bien la Ligue 1 pour y avoir passé pratiquement onze ans. Mais je peux t’affirmer que même après tout ce temps à l’étranger quand tu reviens en Argentine, c’est aussi très compliqué. C’est un championnat difficile, où l’on ne lâche rien, où il faut tout donner pour remporter un match. Je t’assure que c’est un championnat très dur où chaque victoire est une bataille. Alors oui, dès fois il y a un excès d’engagement et ça peut gâcher l’image du match mais malgré cela je pense qu’il y a un très bon niveau. Beaucoup de très bons joueurs partent et explosent en Europe. Le niveau est acceptable et je te garantis que quand on revient ici, ce n’est pas pour passer des vacances.
Pourquoi être revenu à San Lorenzo et pas dans ton club formateur, Rosario Central?
MC : Quand j’ai pris la décision de rentrer en Argentine en janvier 2013, Rosario Central était en Primera B Nacional avec une équipe déjà en place puisque la deuxième division se joue en un seul championnat contrairement à la première division (ndlr : championnats d’ouverture et de clôture) et ne recherchait pas de défenseur central. L’équipe marchait très bien, la preuve elle est remontée en première division cette année. J’ai donc choisi San Lorenzo, un club que j’apprécie aussi depuis tout petit et qui avait un très bon projet sportif qui m’a séduit.
La saison dernière a été marquée par de nombreuses scènes de violence dans les gradins en Argentine, cette mesure de fermer toutes les tribunes visiteurs est-elle la bonne solution pour éradiquer ce fléau selon toi ?
MC : Pour moi, ça reste quand même quelque chose de très dommageable et j’espère que ce ne sera pas une finalité. En Argentine il y a des clubs qui peuvent déplacer jusqu’a 5000-6000 supporteurs à l’extérieur, cela donne une très bonne ambiance dans les stades et c’est une des choses qui rend le championnat argentin très sympathique. Encore une fois, c’est vraiment dommage d’en arriver à ce point mais j’espère de tout coeur que cette mesure permettra d’éradiquer la violence et que l’on pourra retrouver nos stades avec des supporteurs visiteurs. Car les supporteurs, c’est aussi eux qui font la beauté du football.
« Revoir le FC Nantes en Ligue 1 m’a fait énormément plaisir »
Surtout à San Lorenzo, vos fans font partie des meilleurs du monde. Pas trop difficile de passer de la tranquillité de la Ligue 1 à la ferveur et à la pression qu’il y a ici en Argentine ?
MC : Non au contraire, cela me fait très plaisir ! Ici c’est clair qu’il y a de très grosses ambiances, les supporteurs chantent 90 minutes et on sent un soutien constant. Personnellement c’est l’une des raisons pour laquelle je suis rentré en Argentine, pour revivre un peu tout ça. Même si en Europe on peut voir de très beaux stades et de très belles ambiances aussi. Mais ici c’est différent et pour un joueur, c’est particulier de jouer devant des stades pleins avec des ambiances magnifiques. C’est très important.
Ton ancien club le FC Nantes a retrouvé l’élite du football français. Aujourd’hui, suis-tu encore la Ligue 1 ?
MC : Oui, bien sûr. Et je peux te dire que cela m’a fait énormément plaisir de retrouver Nantes en Ligue 1 et j’espère de tout coeur qu’ils vont se maintenir à ce niveau. J’ai passé pratiquement six ans au FC Nantes, c’est l’endroit où je suis resté le plus longtemps en Europe. Il y a encore beaucoup de personnes avec qui je suis resté en contact à Nantes et c’est un club que j’aime beaucoup. Donc de le voir à sa place, en Ligue 1, me comble de bonheur.
Que penses-tu de ces nouveaux investisseurs qui viennent aujourd’hui en France ? Est-ce que c’est positif ou bien est-ce que c’est un risque de voir un championnat à l’espagnole avec deux clubs qui se disputent le titre et les autres qui ramassent les miettes ?
MC : Je pense que c’est une bonne chose pour le championnat de France. Car aujourd’hui il y a quelque chose à faire au niveau européen pour un club français. Je pense à Paris notamment, alors peut-être que ce ne sera pas pour cette année. Monaco n’y est pas encore car le projet est plus récent que celui du PSG mais savoir que le football français peut ramener la Ligue des champions à la maison, c’est une bonne chose et encore une fois cela ne peut faire que du bien à la Ligue 1. La seule chose que je reproche, c’est que ces nouveaux investisseurs achètent à l’étranger et non en France. Ils achèteraient en France, économiquement le championnat se porterait beaucoup mieux.
Dernière question Mauro, en regardant un peu en arrière quel est ton plus beau souvenir en Ligue 1 ?
MC : La saison 2008-2009 avec le Toulouse FC. On arrache la quatrième place devant Paris et Lille pour se qualifier en Europa League alors qu’en début de saison on partait avec l’objectif de se maintenir. C’est un souvenir extraordinaire. Ce fut une saison magnifique avec de supers matchs, une superbe aventure humaine car le groupe vivait très bien ensemble. Incontestablement mon plus beau souvenir en Ligue 1.
Propos recueillis par Bastien Poupat en Argentine