Mis à mal par un Barça ultra dominateur en première mi-temps, les hommes de Pellegrini ont tenu jusqu’au penalty concédé par Demichelis, et sanctionné d’un rouge. Si le Barça a tenu le ballon dans ses standards habituels, c’est bien une action en deux passes qui a débloqué la situation. Plus dangereux à 10 à qu’à 11, les Citizens peuvent regretter leur approche ultra-défensive, face à un Barça qui a encore une bonne marge de progression dans ce domaine.
Privé de Kun Aguero, Manuel Pellegrini surprend par son approche très prudente. À auche, il aligne ses deux latéraux disponibles et plaçant Kolarov au milieu devant Clichy dans un 4-4-1-1 ultra défensif. En face, Martino aligne son équipe type, à l’exception de Neymar. Dans ce qu’il convient d’appeler un 4-1-4-1, Cesc et Iniesta s’échangent les postes d’intérieur et milieu gauche, alors que le reste est classique.
City très bas, le Barça trouve la largeur
Dès l’entame, le Barça prend le contrôle des opérations avec sa méthode la plus classique, étirant le bloc de City en posant de longues séquences sur la largeur. Au bout d’un quart d’heure, le 4-4-1-1 de City est complètement acculé dans ses 30 derniers mètres. Les ballons récupérés sont rendus trop vite et la transition est impossible. À l’image de Sanchez, le Barça manque d’efficacité dans le petit périmètre et ne trouve pas de fenêtre de tir, mais déjà, il prend déjà la mesure d’un City qui défend (trop) bas, et court beaucoup trop.
Incapables de gêner la première relance Catalane, les Skyblues les attendent dans leurs trente derniers mètres. Ce qui devait être un double rideau se transforme souvent en 6-3-1, Silva étant plus milieu qu’attaquant et Kolarov et Navas devenant à leur tour les latéraux d’une défense à 6. Silva incarne bien la prudence contre-productive de Pellegrini. L’ancien Valencien n’aura jamais été gênant pour la relance du Barça. En voulant intégrer son joueur à un bloc défensif très bas, l’entraineur chilien l’a rendu inutile.
Dans le cœur du jeu, Fernandinho fait le poids en 1 contre 1, mais les ballons sont immédiatement rendus. L’équilibre de City est précaire. Le bloc est flasque et, souvent, des défenseurs doivent sortir pour colmater les brèches d’un premier rideau en accordéon déjà déchiré par la largeur du Barça. La main dans la surface de Clichy sur un centre de Dani Alves est le produit – et aurait pu être la récompense – de cette largeur trouvée par Barcelone.
Le Barça nouveau, de Tata Martino
Ce match était intéressant car il était un bon exposé des forces et des faiblesses du Barça de Martino. Donc un portrait plutôt fidèle.
La force principale : un bon amalgame du style ajacido-catalan tout en largeur et de cette verticalité nouvelle, au service de l’occupation. C’est là que ce trouve la valeur ajoutée de Martino. C’est l’orientation beaucoup plus verticale de la relance catalane qui a permis au Barça d’occuper, et donc d’asphyxier ce City-là.
A l’image de ce qu’ils avaient proposé au Calderon il y a un mois, Pique et Mascherano ont été les rampes de lancements efficaces de ce plan nouveau cette année. Récupérant naturellement plus bas, les longues passes au sol de l’ancien Mancunien étaient précieuses pour accéder au camp adverse et ne pas se retrouver bloqué dans une possession stérile, comme ce fut le cas, par exemple, à San Siro l’an dernier face à Milan (0-2). Il faut le reconnaître, Pellegrini, en posant ce plan petit bras les a bien aidé dans cette tâche.
Messi
Défense plus basse, relance nouvelle et mais également transition beaucoup plus rapide dans ce Barça-là. Iniesta avait trouvé Alexis en une passe, à la 38e, avant que celui-ci ne soit repris. Messi sera servi en profondeur par le milieu espagnol dans les mêmes circonstances sur l’action du penalty. Entre la récupération (en reculant) et la faute fatale de Demichelis, seulement deux passes, et l’objectif évident d’arriver le plus rapidement possible dans la zone de vérité.
Désormais, Messi s’incorpore moins à l’élaboration de l’attaque placée. Il a surtout collaboré avec le cœur du jeu après le rouge, quand le Barça a fait tourner. Le milieu étant désormais plus fourni, et enrichi de Fabregas, la pulga n’est plus indispensable pour transformer les triangles en losanges. Il peut jouer plus 9, plus haut, comme il l’a fait sur le penalty.
Certes, l’alignement de City est désastreux sur le but mais c’est surtout la transition rapide du Barça qui produit le déséquilibre. City est dominé depuis le début du match, mais se fait prendre en contre. Sur la contre-attaque d’une contre-attaque.
Ce paradoxe et symbolique de l’ambiguïté tactique du Barça de Martino.
En contre partie, les Catalans ont tout de même traversé des moments de turbulences derrière.
L’approche défensive du Barça
On le sait, sous Martino, le Barça défend moins haut. Les failles défensives constatées face à Valence (2-3) en attestent : les préceptes du coach bielsista ne sont pas sûrement pas encore totalement assimilés dans ce Barça en transition.
Villa n’est plus là et Pedro a plus de concurrence. Désormais, ce sont les milieux qui sortent sur le porteur du ballon. En phase défensive, ce mouvement transforme le 4-1-4-1 et un 4-4-2 à plat, voire un étrange 4-3-2-1. À chaque fois que Xavi, Iniesta, Cesc, ou même Alexis ont fait ce mouvement, soit il y a eu danger, soit les Catalans ont été poussés à la faute. Quand Alexis est sorti de ce qu’il convient désormais d’appeler sa zone, le danger est arrivé côté gauche. Quand Xavi ou Fabregas ont fait la même chose, le ballon a pu progresser et le décalage fut créé, du moins le vent a soufflé sur la cage de Valdès.
Ce fut le cas à la 19e minute : Cesc sort sur Kompany, le belge trouve Silva, Busquets est trop loin pour intervenir et Negredo trouve la profondeur sans être hors-jeu, s’intercalant dans cette charnière qui recule. Pour autant, le mouvement défensif des centraux catalans est efficace : la bestia s’enferme et ne peut cadrer, emmené sur son pied droit par ce repli.
Le plan a globalement fonctionné et la victoire est là. Les longues séquences de City, notamment juste avant et après la mi-temps, sont plus le fruit de ce pressing désormais moins haut, que le marqueur d’une domination. Paradoxalement, c’est après le rouge que le Barça va le plus vaciller.
City dangereux après le rouge
Après l’exclusion de Demichelis, Pellegrini fait entrer Lescott et Nasri, pour organiser son équipe en 4-4-1, plaçant le Français à gauche alors que Clichy retrouve son poste. En surnombre, les Catalans mettent le pied sur le ballon et ralentissent le rythme de leur circulation.
Mais preuve que le Barça n’est pas encore parfaitement au point défensivement, City va se créer plusieurs situations, profitant des contradictions défensives de ce Barça, et de sa zone imparfaite. D’abord Nasri, puis Silva d’une superbe volée auront l’occasion d’égaliser. En pratiquant un football plus spontané et en étant pressant plus haut, City aura été plus dangereux à 10 qu’à 11.
Silva est le joueur symbole des regrets que peuvent nourrir les Anglais. Anonyme avant le rouge, il aura été le meilleur joueur de City après, créant plusieurs occasions en jouant en profondeur.
S’il vacille un peu, le Barça laisse passer l’orage et peut jouir d’une grande liberté pour préparer ses attaques, face à 10 Citizens exténués. Les Catalans font durer les mouvements collectifs et City craque à la 80e, mais Pique se voit refuser un but pour un hors inexistant. Alves portera l’estocade à la dernière minute après un long mouvement de droite à gauche, puis de gauche à droite, servi par Neymar, entré à droite pour Alexis.
L’échec de Pellegrini / La patte de Martino
Ce match est un vrai échec pour Pellegrini. L’ingénieur a bâti une équipe ultra prudente et assez déséquilibrée car trop basse sur le terrain et pas assez bien organisée. Battu deux fois par Chelsea et chez lui par le Bayern, le City de Pellegrini aura touché ses limites défensives contre les gros, à défaut de toujours échouer, et malgré une grande productivité offensive.
Le Barça a usé de sa verticalité nouvelle pour étouffer City et Iniesta a réalisé la « passe qui tue » pour faire basculer la match. Martino mérite du crédit pour ce succès. C’est son Barça et celui de personne d’autre que l’on a vu hier à l’Etihad. Toujours possesseur, parfois plus direct, le club catalan a su s’en sortir grâce à ses nouvelles armes. Pour autant, l’évolution est encore à peaufiner et les occasions concédées après le rouge sont la preuve que défensivement, ce Barça a encore une certaine marge de progression.