Après à peine six ans d’existence, l’Internationale Soissonnaise est devenue une référence du foot responsable. Par son action sociale et éducative, ce club picard montre le visage ambitieux et rafraîchissant qu’on voudrait voir partout dans le football français.
Soissons, 30 000 habitants. Cette petite ville de Picardie, coincée entre Paris et Reims, représente l’archétype de la France périurbaine, à la traîne et socialement délaissée, qui vote Le Pen. Les rues sont désertes à partir de 20 heures le samedi soir, et le chômage y dépasse 20%. Pourtant, c’est là qu’est né, il y a six ans, l’un des projets sociaux et sportifs les plus ambitieux de l’Hexagone : l’Internationale Soissonnaise.
À l’origine, une bande de potes. Nous sommes en 2009, ils s’appellent Lyès Aït-Khelifa et Julien Hernandez. Ils n’ont pas 25 ans et décident de fonder leur club, destiné dès le début à être cosmopolite et multiculturel. Leur cible : les jeunes désœuvrés et défavorisés des cités de la ville. La vocation du club, dès l’origine, c’est de faire du social à travers le foot.
Ascension fulgurante
Sur sa page Facebook, l’Internationale Soissonnaise se montre proche de « ses » jeunes comme de ses idéaux. Entre deux snaps des ados qui portent ses couleurs, le club partage des citations de Nelson Mandela. Et ce mélange entre le foot et les idéaux de fraternité se retrouve parfaitement dans la manière dont le club forme ses jeunes pousses. Depuis plusieurs années, l’Internationale propose du soutien scolaire à ses jeunes joueurs. Mais ça ne semblait pas suffire à des collégiens dont certains étaient déjà en échec scolaire depuis longtemps. Alors, au lieu d’abandonner le projet, le club picard a redoublé d’efforts en ouvrant, pour la première fois cette saison, une académie de jeunes. « On s’est demandés : à leur âge, qu’est-ce qu’on aurait aimé avoir ? », justifiait Lyès Aït-Khelifa, président du club, dans le journal L’Union. Résultat : les U13, U11, U9 et U7 du club auront droit, en plus d’entraînements réguliers, à du soutien scolaire, et à des visites, tantôt de musées, tantôt d’installations de clubs pro. Tout ça encadré par des éducateurs professionnels.
Et force est de constater que l’ascension du club a été à la hauteur de ses ambitions. Sportivement, les résultats parlent d’eux-mêmes : cinq montées en six ans. Cette saison, le club joue pour la première fois au niveau régional et non plus départemental, en Promotion Interdistricts.
En avant vers la reconnaissance
Quant à la renommée du club, elle a depuis longtemps dépassé les frontières de sa petite ville. En 2014, l’ancien capitaine de l’équipe, Laurent Garcia, part travailler comme prof d’EPS à Mayotte. Devant la pauvreté du collège où il enseigne, il décide de monter un partenariat avec son ancien club soissonnais. Lequel lance une collecte de matériel sportif, et commande même des maillots aux couleurs du partenariat.
Pourtant, si l’Inter s’engage dans ce projet humanitaire, sa croissance très rapide lui a causé des problèmes de trésorerie. En froid avec la mairie qui traîne des pieds pour le subventionner, le club lance un crowdfunding sur Kisskissbankbank. Le club présente son projet de « montée joyeuse » à l’Internet français, avec pour objectif de lever la bagatelle de 8 000 euros en deux mois. Grâce à un partenariat avec le mouvement Tatane de Vikash Dhorasoo, le club se fait un petit nom du côté du football alternatif et réussit son pari : la somme est collectée, le club survit.
Et ça continue : pour l’ensemble de son œuvre, le club reçoit le label « Sport Responsable », dans la catégorie « Insertion et Reconversion », des mains de… Zidane en personne. Un label que seuls neuf clubs de foot en France – dont l’OGC Nice et le Toulouse FC – se sont vu décerner. Et est cité en exemple par le journaliste Harry Roselmack et l’ancien leader écolo Daniel Cohn-Bendit.
Espérons que cette notoriété donnera envie à d’autres citoyens, partout en France, de fonder leur Internationale…
L’Inter Soissons s’est effectivement très vite fait une place dans le paysage axonais.
C’est quand même dommage qu’un club avec autant de projets et de motivations puissent être en péril, et j’espère pour eux que prochainement leurs différends avec la mairie s’effacent. Et que les subventions soient correctement distribuer avec le FC. (autre club de la ville)
Cette année ce sont nos réserves qui s’affrontent, et c’est toujours sympa de les jouer.