A l’ombre des grands matchs de la Ligue des Champions que se disputent des formations d’excellence telles que le FC Barcelone, Manchester United, l’AC Milan ou le Bayern Munich, l’Europa League fait son chemin. L’ancêtre de la Coupe de l’UEFA n’a pas grand-chose à envier à son grand frère et son tableau final pourrait faire rêver cette année avec l’Inter Milan, Chelsea, Tottenham ou le Newcastle « made in France ». Cependant, ce cru 2012-2013 est tourné vers l’Est avec pas moins de cinq équipes engagées lors de ces 1/8e de finales dont trois venant de Russie (Anzhi Makhatchkala, Zénit St-Pétérsbourg, Rubin Kazan).
Trois équipes atypiques qui font leurs gammes et qui se situent tous trois hors de la puissance moscovite.
Eclairage sur ces formations qui aspirent à un destin européen.
Eto’o Football Club
Le Anzhi Makhatchkala, emmenée par Samuel Eto’o, dispute son 8ème de final face à Newcastle. La tâche ne sera pas simple pour l’équipe du Daguestan (province russe) qui n’a pas une grande expérience des joutes européennes (unique participation en coupe de l’UEFA : 2000-2001), parti de cet impression, on pourrait dire qu’ils jouent à merveille le rôle d’outsider.
Mais c’est sans compter sur une équipe bâtie par les roubles de son propriétaire Suleyman Kerimov, haut notable de la région et milliardaire grâce à ses acquisitions dans la société pétrolière Nafta-Moskova ou le rachat d’Uralkali (qui appartenait à Dmitry Rybolovlev, actuel propriétaire de l’AS Monaco), qui transformera l’équipe de bas de tableau du championnat russe en une écurie de premier plan capable de défier les grandes équipes d’Europe de l’Est. L’arrivée de Samuel Eto’o en 2011 sera l’apogée de ce recrutement cinq étoiles (Zhirkov, Boussoufa, Jucilei, Roberto Carlos) qui ne cessera pas durant les années suivantes avec les arrivées, entre autres, de Lassana Diarra, Emir Spahic ou Willian (ex-Shakthar).
Le tout géré par le coach batave Guus Hiddink, l’homme aux deux demi-finales de Coupe du Monde (Pays-Bas 1998, Corée du Sud 2002) et Ligue des Champions (PSV en 2005 et Chelsea en 2009). Actuel deuxième du championnat russe (à deux points du CSKA Moscou), les joueurs d’Anzhi ne feront pas de figuration devant leur public, pas tout à fait car l’UEFA a interdit le club de disputer les compétitions européennes « à la maison » pour cause de sécurité, ils délocalisent les matchs soit à Ramenskoïe, soit à Moscou comme ce sera le cas le 7 mars face à Newcastle au Luzhinki. Les statistiques jouent en leur faveur, ils sont invaincus à domicile (sur sol russe en tout cas) en compétitions européennes et ils ont déjà battu une équipe anglaise en phase de poules (Liverpool, 1-0 à Moscou). Que demander de plus pour pimenter cette soirée européenne ?
Le malmené
Pour le Rubin Kazan, autre club non-moscovite dirigée par une main de maître depuis 2001 et la nomination du turkmène Kurban Berdyev, qui sera opposé à l’actuel 11e de la Liga espagnole Levante.
Avec sa nouvelle recrue du mercato hivernale, Yann M’Vila, le Rubin compte sur l’Europa League pour relancer sa saison après une première phase de championnat qui n’est pas à la hauteur du club (7e du championnat à 12 points du leader). Avec un effectif de qualité, composé de M’Vila, Ansaldi, César Navas ou de Gökhan Töre, la formation de Kazan va tenter un bon résultat voire l’exploit en Espagne en attendant le match retour en Russie.
Le Rubin pourra compter sur son buteur Salomon Rondon, le Vénézuélien, avec 4 réalisations en Europa League à son actif. Il rencontrera sur son chemin un ancien de la maison, en la personne d’Obafemi Martins, actuel avant-centre de Levante et auteur de deux buts en deux matchs en Europa League. Le chemin sera long pour Kazan…
Braquage à l’italienne
La troisième formation russe engagée est le Zénith St-Petersburg. Troisième du championnat à 5 points du CSKA, leader. L’équipe conduite par le technicien italien Luciano Spalletti est des trois formations engagées, celle qui a le plus de chance d’accéder au tour suivant. Avec un jeu bien huilé et des joueurs de grande classe, l’équipe fait partie des troubles fêtes potentiels à la victoire finale capable de rivaliser avec les grosses écuries (Inter, Chelsea, Tottenham). Après des débuts difficiles (à cause du dépaysement et de l’enlèvement de sa sœur en novembre dernier), Hulk, le brésilien venu de Porto commence à justifier ses 40 millions d’euros investis et marque des buts en championnat ou en Europa League (2 buts en 2 matchs).
Même son de cloche pour Axel Witsel, débauché lui du Benfica Lisbonne, qui apporte du sang neuf à l’entrejeu du Zénith et auteur lui de deux buts et un passe décisive en 14 matchs officiels. Le Zénith pourra compter aussi sur Danny, l’homme en forme de l’équipe et une défense composée essentiellement d’internationaux (Criscito, Lombarets, Bruno Alves, Anyukov). Face au FC Bâle, sensation des matchs européens, le choc s’annonce rude et le match aller au St. Jakobspark ne sera pas de tout repos. Mais les hommes de Spalletti partent favoris, eux qui sont arrivés 3e de leur groupe en Ligue des Champions.
Avec autant de représentants que l’Angleterre en Europa League, la Russie s’affirme comme une grande puissance footballistique et montre que le football en Europe de l’Est existe bel et bien. Le cinq majeur européen (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne, France) a de bonnes raisons de craindre cette montée en puissance.