Au Brésil, les matchs commencent à 22 heures pour satisfaire l’audience de Rede Globo, la grande chaîne de télé brésilienne. Bien trop tard pour bon nombre de supporters. Le collectif Football, Média et Démocratie a lancé un mouvement intitulé « Match à 22h, non ! » (en version originale « Jogo 10 da noite, não ! ») qui cartonne.
Le 9 septembre, à 22 heures, le collectif Football, média et démocratie a lancé sa campagne contre l’horaire classique des matchs de foot au Brésil. Très vite, les réseaux sociaux ont relayé l’information. Nous avons discuté avec Thiago Cassis, journaliste et coordinateur du collectif à l’origine de la campagne : « Beaucoup de supporters ont commencé à partager l’info sur les réseaux sociaux d’une façon qui nous a un peu surpris ». Sûr, ils ont mis en évidence une problématique majeure du foot brésilien.
Le Bom Senso Futebol Clube, ce collectif de joueurs qui œuvre pour un football meilleur pour tous, n’a pas encore répondu aux sollicitations du collectif. Par contre, les torcidas organizadas (les associations de supporters brésiliennes) ont relayé massivement le message.
Il faut dire que leur graphisme est efficace et bien pensé : design d’inspiration libertaire, décliné aux couleurs des différentes équipes du Brésil. Sur la page Facebook de la campagne, de nombreuses photos sont envoyées par les supporters qui se sont appropriés le message, se photographiant sur les bancs de la gare, dans l’attente vaine d’un train ou d’un métro.
La campagne atteint même les stades. Les supporters du Santos ont distribué des flyers, leurs homologues de l’Inter de Porto Alegre en ont fait une banderole déployée en tribunes. Ceux du Cruzeiros ont carrément tourné une vidéo soutenant le mouvement.
Globo contre le football populaire
Globo diffuse le foot après la novela de 21 heures, qui réunit la majorité de la population brésilienne. Pas question, donc, de toucher à cette institution. Globo est reine et conforte ses parts d’audience. Pendant ce temps-là, les supporters galèrent.
Car si cette revendication peut paraître accessoire, cet horaire est bel et bien une contrainte de taille pour tous les Brésiliens. Déjà, parce qu’un match qui commence à 22 heures finit un peu avant minuit, donc un peu tard pour le grand public à la maison. Ensuite, parce que les supporters qui vont au stade rentrent à pas d’heure… Les transports publics s’arrêtant à minuit dans les villes brésiliennes, les torcedores sont boulés. Dans leur vidéo, les supporters du Cruzeiros affirment rentrer aux alentours de 3 heures du matin dans leur village de l’intérieur de l’État. Et c’est un match à domicile… D’autres expliquent se lever à 6 heures du matin pour aller bosser. Pas étonnant que les stades soient à moitié vides au Brésil.
« Le collectif a d’autres thèmes d’action, comme l’élitisation actuelle du football brésilien. Mais nous pensons que la revendication du match à 22 heures doit être débattue avant tout. Parmi tous les sujets importants qui défendent le football vraiment populaire, la question de l’horaire est la plus symbolique car elle incarne l’opposition de Globo au football populaire. » Une bonne initiative de ce collectif présent sur Facebook qui surfe sur la vague.