Ils ont changé de clubs ou ont besoin de se transformer pour évoluer dans un nouveau contexte : zoom sur une petite sélection de joueurs à suivre cette saison en Liga.
Enis Bardhi (Levante)
Si le jeune Macédonien de 24 ans sera à coup sûr une sensation de Liga cette saison, c’est aussi parce que tout l’entrejeu de Levante produira beaucoup de divertissement à l’image d’un parc d’attractions. On retrouvera l’indémodable carrousel José Campaña pour faire tourner le jeu, le château hanté de la paire Nemanja Radoja/Nikola Vukcevic pour effrayer et faire fuir les rivaux de l’axe, la grande roue Gonzalo Melero pour prendre de la hauteur sur le milieu et la bûche Rubén Rochina pour naviguer entre les lignes.
Dans ce jeu où la promesse de spectacle est permanente, la montagne russe Enis Bardhi sera chargée de larguer le ballon à toute allure près des cages adverses. Impressionnant par la qualité de ses prises de balle, il brille dans l’animation de l’équipe de Paco López puisqu’il est aussi aussi un superbe dribbleur, un inventeur de passes en profondeur géniales et sait utiliser sa lourde frappe. Transformé l’an dernier par son implication plus importante dans le travail défensif, le meneur de jeu devra être capable de gérer un tempo plus calme avec ballon pour franchir un cap. Car dans le jeu de transition ultra-vertical de Levante désormais connu de toute la Liga, Bardhi devra apporter de nouvelles solutions sur attaque placée.
Facundo Ferreyra (Espanyol Barcelone)
C’est le type d’attaquant que les clubs espagnols hors top 5 ont accumulé ces dernières saisons. Après Raúl de Tomás au Rayo Vallecano, William José à la Real Sociedad, Iago Aspas au Celta, Sergio León à Osasuna et pour prendre la succession de Gérard Moreno, l’Espanyol Barcelone a trouvé avec Facundo Ferreyra son numéro neuf autosuffisant.
Au sein d’une équipe où la phase de construction pose régulièrement des interrogations et n’est pas forcément mécanique, la présence d’un attaquant mobile comme « Chuky » Ferreyra, doué des deux extrémités du corps pour se fabriquer lui-même des opportunités, était un précieux remède. De 2016 à 2018 dans le Chakhtar Donetsk de Paulo Fonseca, l’Argentin de 28 ans était un phare offensif avant d’être transféré à Benfica dans un contexte instable. Ses trois premières apparitions en Liga présentent un éclairage enthousiasmant. Avec le talent Marc Roca et un Sergi Darder grandi à la source de la création, il décidera des ambitions de l’Espanyol de David Gallego.
João Felix (Atlético Madrid)
À dix-neuf ans, le profil hybride de João Felix s’approche plus du Griezmann version Blaugrana que celui qui a rejoint la capitale en 2014. Et pour cette nouvelle saison, il semble évident que Diego Simeone compte sur João Felix pour assurer la continuité de l’attaque édifiée autour du duo Diego Costa/Antoine Griezmann depuis le début de l’année civile 2018. Car pour le portugais comme le français, même question de liberté : ils aiment dézoner, participer au jeu plus bas et y apporter leur justesse dans la prise de décision pour se montrer aussi efficace l’un que l’autre devant le but.
Durant la pré-saison et le début de la Liga, João Felix s’est parfaitement intégré dans une animation offensive -jusqu’à présent- garnie d’une plus grande prise de risque. Seulement, si cette dernière est vouée à être moins présente, Diego Simeone renouvèlera-t-il avec João Felix l’évolution réussie avec Antoine Griezmann ? Cette saison symbolise le palier 1. Et la prise de poids de l’intelligence de jeu du Portugais sera une merveille à suivre, jusqu’au dernier gramme.
Joan Jordán (FC Séville)
Avec Julen Lopetegui, Séville repart sur un troisième projet en seulement un an. Après Pablo Machín et Joaquin Caparros, l’arrivée de l’ex-entraîneur du Real Madrid n’offre pourtant pas de réelles garanties concernant la viabilité du processus. Pour l’Espagnol, Séville reste avant tout un énième test. Et une fois de plus, il va pouvoir tester ses principes avec un effectif de qualité. Le recrutement de Joan Jordán, polyvalent milieu d’Eibar permet à Lopetegui de compléter un collectif capable de s’adapter à sa philosophie, héritière de l’école du jeu de position.
Dans le Eibar de José Luis Mendilibar, le catalan de 25 ans a montré plusieurs expressions. Tantôt bas dans le double-pivot pour réaliser la sortie de balle et diriger le jeu vers les côtés. Tantôt haut en soutien de l’attaquant pour jouer les duels aériens et ajouter une qualité de passe lustrée dans les derniers mètres du terrain. Un apport qui offre de nouvelles solutions et va permettre de passer encore plus facilement d’un système à l’autre. Sur phase défensive aussi, son gros volume de jeu lié à l’un des meilleurs pressings d’Europe doit ajouter une pièce primordiale pour le contre-pressing dans le camp adverse. De quoi en faire rapidement le moteur de la mécanique du Séville de Lopetegui.
Martin Ødegaard (Real Sociedad)
Il y a beaucoup à dire sur la manière dont la presse et les simulations altèrent les perspectives des observateurs de football. Mais cette fois, le jeu est en voie de triompher. À 20 ans, Martin Ødegaard sera l’un des diamants de la Real Sociedad aux côtés des perles Oyarzabal, Isak, Merino et Zubeldia. Prêté deux saisons par le Real Madrid, le Norvégien montre ces derniers temps – au Vitesse Arnhem, à la Sociedad et en sélection – qu’il est un virtuose : il sait jouer et faire jouer.
Surtout, loin des highlights de ses rendements individuels, il est un élément extrêmement collectif. De par sa mobilité et l’intelligence de ses mouvements pour être trouvé facilement entre les lignes, sa vision de jeu et sa qualité technique pour organiser les actions, ses capacités de dribbles et déséquilibres balle au pied pour sortir la balle depuis une position basse et lancer des transitions. Titularisé en tant que relayeur dans le milieu à trois du 4-3-3 d’Imanol Alguacil depuis le début de saison, il est le joueur qui décide de la direction et la vitesse du jeu. Une nouvelle naissance créative du profil de milieu de terrain qui réussit en Liga.
Fatras
À cette période de l’année, la nouvelle saison démarre et s’accompagne de petites histoires. Embarqué dans le projet de l’Inter, Diego Godin a ouvert la voie à José Maria Giménez pour devenir le patron de la défense de l’Atlético Madrid. Mais le début de saison, c’est aussi la naissance de quelques intrigues.
L’attaque Martí-León-Morales peut-elle emmener Levante à l’affut des places européennes ? Le trio Toko Ekambi-Moreno-Chukwueze peut-il faire renaître Villarreal et lui rendre un rang digne de son statut ? Le jeune Takefusa Kubo va-t-il aider Mallorca à se maintenir plus facilement ? Rubi parviendra-t-il à donner de l’équilibre au Betis ? Est-ce que le Getafe de José Bordalás va confirmer son succès de l’an passé, aidé par la perpétuelle et énorme évolution de Marc Cucurella ? L’Athletic Bilbao et la Real Sociedad vont-ils maintenir le niveau de jeu montré depuis les arrivées de Garitano et d’Alguacil ? Comment les cabossés Real Madrid et Barça vont s’affirmer dans cette Liga où de plus en plus d’équipes grandissent ? Et tant d’autres encore…
Pour ma part, je trouve que João Félix est celui qui a su faire preuve de régularité cette saison. En effet, je suis la Liga toutes les semaines sur ce site : https://www.clicnscores.fr/ et je dois dire qu’il arrive souvent à faire la différence. Certes, il est encore inconstant, mais il semble faire partie des joueurs qui ont un talent hors norme et qui peuvent à tout moment faire basculer un match sur une action de génie.